Début février, un événement est passé quasiment inaperçu et pourtant il symbolise mieux une Europe de la Défense qui avance que tout autre projet. Cet événement, c’est la signature d’un contrat diligentant Thales Alenia Space pour la fourniture et la mise en orbite d’un satellite militaire et civil baptisé Athena-Fidus.
Satellite géostationnaire de télécommunications très haut débit (plus de 2Gbit/s), il servira indifféremment les personnels français et italiens. Une nouvelle étape pour l’indépendance des deux pays puisqu’ils achetaient jusqu’à présent des capacités SATCOM à l’OTAN. Au-delà de la mise en marche d’un nouveau moyen opérationnel dans la lignée du Livre Blanc de la Défense, ce projet commun montre aussi l’exemple de ce que devrait être la coopération européenne.
A Kourou, les affaires reprennent pour Arianespace après la longue pause qui marquait ce début d'année 2010, suite au rush de la fin 2009. Du côté de Sinnamary et du chantier Soyouz, les nouvelles sont en revanche nettement moins bonnes.
Ariane 5 à nouveau sur le chemin de l'Espace
Le premier lancement de l'année, le Vol 194 est prévu pour le 24 mars. Le lanceur Ariane 5 ECA a été transféré au Bâtiment d'Assemblage Final il y a plus de deux semaines, et la première charge utile a été livrée en Guyane par un Antonov An-124-100. Il s'agit du satellite Astra-3B, construit par Astrium pour le compte de la SES (qui vient d'annuler un autre contrat avec Arianespace pour passer chez Proton). Il sera accompagné par le satellite militaire allemand COMSATBw-2 lors du lancement prévu pour le 24 mars.
Après la France et les États-Unis, Israël va très sérieusement se pencher sur l’avenir des lancements de microsatellites par avion. Membre du club très fermé des puissances spatiales maitrisant à la fois la conception, la construction et le lancement de satellites, Israël pourrait encore élargir le spectre des missions des microsatellites. La semaine dernière, le commandant de l’armée de l’air israélienne, Ido Nehoshtan a ainsi annoncé son intention de développer vraisemblablement au travers de l’entreprise Rafael un nouveau type de satellites militaires pour l’État hébreu. Rafael Advanced Defense Systems travaille déjà sur plusieurs projets de satellites de petite taille (inférieure à 120 kg). Si la miniaturisation de ces moyens de renseignement est nouvelle pour Israël, la mise en service des premiers engins est annoncée pour 2015.
Lundi matin, la navette spatiale américaine Endeavour a décollé de Cap Canaveral, en Floride, à destination de la Station Spatiale Internationale, dont l'assemblage a débuté il y a plus de onze ans.
Une mission sous le signe de l'Europe
Dans la soute de la navette se trouvent deux éléments clés de la station : le Node 3 « Tranquility » et la Cupola. Leur point commun ? Ils ont tous deux été développés par le Vieux Continent, dans le cadre d'un contrat avec la NASA. Tranquility est un nouveau module extrêmement complexe réalisé par Thales Alenia Space en Italie, alors que la Cupola est une structure couverte de hublots qui donnera une grande visibilité aux équipages de l'ISS.
Le contrat d'origine, signé en octobre 1997 entre la NASA et l'ESA, prévoyait que le Node 3 serait grosso modo une copie des Node 1 et 2. Mais au fil du temps, les spécifications sont devenues beaucoup plus exigeantes, et dans sa configuration finale le module est devenu le centre de commandement de la station pour toutes les activités robotiques.
Ça y est. Barack Obama, l'a annoncé mardi matin : les Etats-Unis renoncent officiellement à leur programme d'exploration de la Lune, et donc a fortiori de Mars. Les analystes de Washington ont en effet estimé que cet ambitieux programme, lancé par George W. Bush en 2004, n'était réalisable qu'au prix de rallonges budgétaires et calendaires exorbitantes.
La NASA va terminer la construction de la Station Spatiale Internationale, et s'engage à l'exploiter au moins jusqu'en 2020. Mais le budget 2011 que le Président nobélisé vient d'annoncer « annule le programme Constellation, y compris les lanceurs Ares I et Ares V et le véhicule d'exploration habité Orion », comme l'a reconnu l'administrateur Charles Bolden.
La nouvelle est tombée la semaine dernière : le groupe russe Gazprom a annulé son contrat avec Arianespace pour le lancement de ses deux satellites Yamal-400, qu'il a transférés sur Proton.
Yamal-400 : l'illusion d'une grande victoire européenne
Il y a un an, Gazprom avait créé la surprise en choisissant l'opérateur européen n°1 mondial pour lancer ses deux satellites de nouvelle génération. C'était la première fois que des engins russes allaient être mis en orbite par un lanceur étranger (à l'exception de Bonum-1, en 1998, mais les conditions étaient alors très particulières), et le choix d'Ariane face aux concurrents ILS et Sea Launch avait été pris comme une très grande victoire européenne.
Visionnez quatre autres vidéos en cliquant sur la suite.
Mercredi matin, à 09h25 (heure de Paris), le sous-marin nucléaire lanceur d'engins (SNLE) Le Terrible a procédé à un tir de missile stratégique M-51 depuis la baie d'Audierne, dans le Finistère. Le missile a volé pendant une vingtaine de minutes avant de s'abîmer dans l'océan Atlantique, à environ 2 000km de la Caroline du Nord.
Ce vol d'essai était placé sous la responsabilité de la Direction Générale de l'Armement, mais le Bâtiment d'Essais et de Mesures (BEM) Monge, de la Marine Nationale, était présent sur zone pour observer l'impact. Le missile ne transportait bien sûr aucune charge nucléaire.
Trois vols d'essais du M-51 avaient déjà été réalisés entre 2006 et 2008, tous depuis le Centre d'Essais des Landes, soit depuis un pas de tir, soit depuis une piscine. Cet essai était le premier effectué depuis un SNLE dans des conditions proches de l'utilisation opérationnelle.
Le nouveau missile français, développé sous maîtrise d'œuvre de EADS Astrium, devrait entrer en service opérationnel dès cette année, à bord du Terrible. Il deviendra le sixième missile de la Force Océaniques Stratégique (FOST), après le M-1, le M-2, le M-20, le M-4 et le M-45, ce dernier armant toujours nos SNLE à l'heure actuelle.
La société Arianespace a récemment présenté son bilan pour l'année 2009. Et il faut bien le dire : il est exceptionnel. Sept lancements d'Ariane 5, c'est une première, et bien sûr tous réussis. Cela fait maintenant sept années que le lanceur européen n'a pas connu d'échec, les trente-cinq derniers vols s'étant déroulés sans incident.
Ces sept missions de 2009 ont permis de lancer dix satellites commerciaux et cinq satellites institutionnels (Herschel et Planck pour l'ESA, Hélios 2B et les deux SPIRALE pour la Défense française. A côté de cela, onze des vingt-deux contrats commerciaux signés en 2009 l'ont été par l'opérateur européen.
Mais regardons ce qui se passe du côté de la concurrence. Jusque là, le marché se partageait entre trois grands acteurs : Arianespace, ILS et Sea Launch. Ce dernier a fait faillite cette année, et il semble peu probable qu'il puisse refaire surface (sans mauvais jeu de mot).
En revanche, les Russes et leur lanceur Proton-M paraissent beaucoup plus menaçants. Tout d'abord, comme nous l'avions déjà souligné sur ce blog, les bilans Arianespace/ILS sont faussés par une différence de taille : les missions institutionnelles de Proton ne sont pas du ressort de l'opérateur commercial qu'est ILS, et les deux concurrents ne jouent donc pas avec les mêmes règles.
Le programme de géolocalisation par satellite européen GALILEO verra-t-il enfin le jour ? Aura-t-il autant d’utilité avec le temps qui passe ? Voici deux questions qui vont commencer à germer, même dans les esprits les plus optimistes. De confrontations en confrontations, la future constellation de satellites voit son futur de plus en plus incertain au fil des années.
Même si, récemment, le contrat de construction des quatorze premiers engins spatiaux fut enfin attribué à une entreprise allemande, OHB, les opportunités commerciales s’envolent à grande vitesse et les concurrents occupent de plus en plus de terrain. Si GPS, GLONASS et COMPASS ont du pain sur la planche et vont sûrement s’affronter avec avidité, GALILEO aura toutes les chances de vivre une vie tranquille en arrivant après la bataille.