A Kourou, les affaires reprennent pour Arianespace après la longue pause qui marquait ce début d'année 2010, suite au rush de la fin 2009. Du côté de Sinnamary et du chantier Soyouz, les nouvelles sont en revanche nettement moins bonnes.

Ariane 5 à nouveau sur le chemin de l'Espace

Le premier lancement de l'année, le Vol 194 est prévu pour le 24 mars. Le lanceur Ariane 5 ECA a été transféré au Bâtiment d'Assemblage Final il y a plus de deux semaines, et la première charge utile a été livrée en Guyane par un Antonov An-124-100. Il s'agit du satellite Astra-3B, construit par Astrium pour le compte de la SES (qui vient d'annuler un autre contrat avec Arianespace pour passer chez Proton). Il sera accompagné par le satellite militaire allemand COMSATBw-2 lors du lancement prévu pour le 24 mars.

Le vol suivant, V195, mettra en orbite les satellites Arabsat-5A et COMS 1. Le lanceur est déjà en cours d'assemblage dans le Bâtiment d'Intégration Lanceur (BIL), et le décollage devrait avoir lieu le 22 avril. Il sera suivi le 27 mai par le Vol 196, avec les satellites Nilesat-201 et Rascom-QAF 1R.

C'est donc trois tirs en trois mois qu'Arianespace s'apprête à effectuer. Ce rythme très soutenu est une bonne nouvelle, car le calendrier de fin d'année risque fort d'être chamboulé par la présence à Kourou du deuxième vaisseau de ravitaillement ATV de la Station Internationale, Johannes Kepler.

Si tout se passe bien, l'opérateur européen aura donc mis six satellites commerciaux sur orbite d'ici la fin du mois de mai. Rappelons que le lanceur russe Proton, a déjà effectué deux vols en 2010, dont un pour le compte d'International Launch Services, le principal concurrent d'Arianespace.

Nouveau revers pour Soyouz

Mais à quelques kilomètres de l'Ensemble de Lancement Ariane, l'ambiance est beaucoup moins gaie. Le projet « Soyouz en Guyane » est en effet au point mort depuis que la société Mir, qui construit la tour de service du lanceur (MBO), a annoncé qu'elle ne pourrait pas tenir ses délais.

Le président de Mir, Vladimir Gnezdilov, a en effet déclaré à l'agence russe Interfaks que le premier vol ne « sera pas possible avant la fin de l'année ». Le site industriel de la société Mir a été victime il y a quelques mois d'une attaque de pillards, qui heureusement n'ont pas touché à la documentation, mais qui ont engendré des dégâts à l'origine des retards du programme.

Les deux premiers lanceurs Soyouz-ST sont déjà arrivés en Guyane et sont entreposés dans le Bâtiment d'Assemblage et d'Essais (MIK). Leur stockage pendant une durée prolongée aura un coût non négligeable, et il va sans dire que le client du premier vol, l'opérateur britannique Avanti, va devoir adapter son planning.

Le grand projet chiraquien d'implantation en Guyane du lanceur russe mythique a donc du plomb dans l'aile. Après les aléas financiers et tentatives américaines pour l'empêcher de voir le jour, l'incertitude sur la tour de service est un nouveau revers qu'il va falloir surmonter.

Nicolas Pillet

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