Le manque d’ambitions spatiales des universités françaises
Le 23 septembre, un lanceur indien de classe PSLV a décollé de la base Satish Dhawan de Sriharikota pour mettre en orbite le satellite indigène Oceansat-2 de plus de 900kg. A bord de la fusée se trouvaient également trois picosatellites de conception européenne, et un quatrième de conception turque.
Le premier, UWE-2, a été développé par les étudiants de l'Université de Würzburg, en Allemagne. Il fait suite à UWE-1 qui avait été lancé par la Russie en 2005. De même, BeeSat est né dans les laboratoires de l'Université Technique de Berlin.
De son côté, SwissCube a été conçu et fabriqué par les élève-ingénieurs de l'Ecole Polytechnique Fédérale de Lausanne, l'une des universités suisses les plus réputées. Il est devenu à cette occasion le tout premier satellite de la Confédération !
L'université technique d'Istanbul a elle aussi apporté sa pierre à cette mission, en plaçant sur orbite son picosatellite ITÜ-pSat-1.
Par le passé, de nombreuses autres entités universitaires européennes avaient réalisé des petits satellites étudiants. Le projet le plus spectaculaire a sans doute été la petite capsule YES-2 qui, en 2007, devait tester une méthode révolutionnaire de rentrée atmosphérique. L'expérience n'a pas abouti, mais l'ambition était impressionnante !
La Chine confirme toujours plus ses ambitions pour l’espace et devient un acteur de la guerre des étoiles.
Outil de propagande et d’influence, la maîtrise des technologies spatiales est devenue une vitrine de la montée en puissance de la Chine. Avec déjà trois vols habités et des missions de plus en plus ambitieuses, les Chinois annoncent qu’il faudra compter sur eux pour conquérir l’Espace.
Avec l’ouverture d’une quatrième base spatiale, Pékin se donne les moyens de ses ambitions et fait de plus en plus frémir une concurrence occidentale qui se croit toujours intouchable. Or, si le fossé technologique existe bel et bien et que les projets chinois s'appuient pour le moment surtout sur la technologie russe, l’ambition chinoise de devenir un des acteurs clés de la conquête spatiale est déjà une réalité.
Immense succès japonais, petit raté chinois.
Le Japon a procédé la semaine dernière au lancement de sa toute nouvelle fusée, la H-IIB. Pour ce vol inaugural, la charge utile était constituée du vaisseau HTV-1, destiné à ravitailler la Station Spatiale Internationale, qui effectuait lui aussi son baptême de l'Espace.
La H-IIB est développée par Mitsubishi Heavy Industries (MHI), et lancée depuis la base de Tanegashima. Elle prend la succession de la H-IIA, et porte tous les espoirs japonais de commercialisation du transport spatial.
En effet, le pays du Soleil Levant n'a jamais rencontré un grand succès dans ce domaine. Le premier lanceur réellement opérationnel était le H-II, qui n'offrait pas de performances suffisamment intéressantes pour concurrencer Ariane.
La version H-IIA a ensuite commencé sa carrière en 2001, et n'a jusque là connu qu'un échec. Un partenariat avait même été signé avec Arianespace et Sea Launch, permettant à chacun des trois opérateurs de remplacer un autre si il est incapable d'honorer un contrat dans les temps, et si le client le souhaite.
Mais l'accord n'a jamais profité à Mitsubishi, car le H-IIA n'a jamais été produit en nombre suffisamment important pour assurer une réduction des coûts autorisant une entrée sur le marché. Avec le H-IIB, le Japon espère inverser cette tendance, et parvenir enfin à remporter quelques contrats face aux deux géants Arianespace et ILS.
Retour sur Herschel et Planck (vidéos)
Ce week-end nous revenons en vidéo sur deux des plus importantes missions de l'ESA menées cette année : Herschel et Planck.
Deux satellites et une nouvelle case à équipements en orbite !
Le lanceur Ariane 5 ECA a décollé hier soir à l'heure prévue, 00h09 (heure de Paris) du Centre Spatial Guyanais de Kourou ! Après une mission sans incident d'environ trente-quatre minutes, les satellites JCSat-12 et Optus D3 ont été injectés avec succès sur leur orbite de transfert géostationnaire.
Les clients, Sky Perfect JSAT Corporation et Optus, étaient ravis. Jean-Yves Le Gall s'est quant à lui félicité de ce trente-deuxième succès consécutif du lanceur européen.
JCSat-12 et Optus D3 pèsent respectivement 4t et 2,5t, et la performance demandée au lanceur L548 était de 7 622kg. Le précédent lancement remonte au 1er juillet dernier, avec le satellite TerreStar-1, et le prochain est prévu pour le 29 septembre, avec les satellites Amazonas-2 et SatcomBW-2A.
Notons également que le lanceur qui a décollé hier soir était équipé d'une case à équipements modifiée. La case à équipement est le bloc situé au-dessus de l'étage ESC-A qui abrite les ordinateurs de bord, c'est le véritable « cerveau » du lanceur.
Dans le nouveau design, les fibres de carbone qui constituent le cylindre et le cône ne sont pas construites de la même façon que précédemment.
Le CSG est prêt pour le Vol 190
Au Centre Spatial Guyanais de Kourou, les équipes du CNES, d'Astrium et d'Arianespace peaufinent la préparation du lanceur L548, la quarante-sixième Ariane 5 depuis 1996.
Le lancement est prévu dans la nuit de vendredi à samedi, à 00h09 heure de Paris.
La charge utile sera constituée du gros satellite japonais JCSat-12, construit par Lockheed Martin, et du petit Optus D3 australien, construit par Orbital.
Le précédent JCSat avait été lancé en 2007 par une fusée russe Proton-M qui s'était écrasée en plein Kazakhstan. Visiblement, l'opérateur japonais a préféré changer de fournisseur de lancement après cette douloureuse expérience. A l'inverse, le précédent Optus D était parti pour l'Espace en 2006 à bord d'une Ariane 5ECA, c'était le Vol 173.
Dans le BAF, les deux satellites et la structure SYLDA ont été installés sur le lanceur, qui sera emmené en Zone de Lancement n°3 jeudi matin. Nous vous invitons à suivre le lancement en direct sur le site d'Arianespace.
Si Ariane et Proton jouaient avec les mêmes règles…
C'est bien connu, en matière de transport spatial, les Européens sont les meilleurs. Ariane 5 est le lanceur le plus performant du monde, et il écrase la concurrence des autres nations. Sauf qu'en disant cela, on omet un fait pourtant bien réel : Ariane et Proton, sa principale concurrente, ne sont pas jugées selon les mêmes critères !
Examinons le bilan provisoire de l'année 2009. Ariane 5 a effectué trois vols, tous réussis, qui ont permis de mettre en orbite deux satellites institutionnels, Herschel et Planck, ainsi que trois satellites commerciaux, TerreStar 1, Hot Bird 10 et NSS-9.
De son côté, le concurrent ILS a réalisé quatre missions, elles aussi toutes couronnées de succès. Ce sont quatre satellites commerciaux qui ont été mis en orbite géostationnaire : W2A, ProtoStar 2, Sirius FM-5 et AsiaSat 5.
A première vue, en ce milieu d'année, les bilans sont donc sensiblement égaux, tant en terme de nombre de vols effectués qu'en terme de satellites à lancer. Mais voilà, on en oublierait presque qu'ILS, contrairement à Arianespace, n'a pas l'exclusivité sur son lanceur !
Outre ses quatre vols commerciaux, Proton a aussi réalisé deux tirs institutionnels pour le compte de l'agence nationale des télécommunications (GPKS) et du Ministère de la Défense. D'ici à la fin de l'année, ce sont encore trois de ces missions d'Etat qui doivent avoir lieu.
Pour Arianespace, des organisations comme l'ESA ou les Ministères de la Défense européens sont des clients comme les autres. L'ATV, les satellites Hélios ou Skynet sont des charges utiles institutionnelles, mais considérées comme commerciales ! Par exemple, dans le cas d'Herschel/Planck, l'ESA a dû payer pour utiliser son propre lanceur, puisqu'il est officiellement géré par Arianespace.
Ariane, un nom à l’image de l’influence française.
A la fin des années 1970, le « lanceur à trois étages de substitution », ou LIIIS, qui était en projet en Europe manquait cruellement d'un nom. Il avait été créé sous l'impulsion de la France, son développement - et son financement - étaient d'origine principalement française, et c'est tout naturellement que, quand le Président Giscard d'Estaing a demandé qu'un nom de baptême soit choisi, on a penché pour un nom à consonance française.
Depuis, le lanceur européen a fait son bonhomme de chemin. Il est devenu le plus performant disponible sur le marché, tant en terme de fiabilité que de masse satellisable. Et une donnée est restée constante depuis les premiers jours : la prépondérance de l'Hexagone dans le programme.
Lancement de Dniepr et réflexion sur un petit lanceur européen
Mercredi dernier, un lanceur russe Dniepr a mis en orbite six petits satellites (12 à 200kg) sur orbite basse. Le vol était assuré par l'opérateur national MKK Kosmotras, et a eu lieu depuis le cosmodrome de Baïkonour.
Les Dniepr sont d'anciens missiles balistiques R-36 (nom de code OTAN : SS-18 Satan) démilitarisés. Leur reconversion en lanceurs spatiaux civils relève d'une utilisation intelligente de stocks existants et devant être de toute façon détruits suite aux accords de désarmements.
Sur les six satellites de cette mission, trois étaient d'origine européenne. Deimos-1 et UK-DMC2 ont été construits par l'Anglais SSTL et rejoindront la constellation DMC de suivi des catastrophes naturelles. NanoSat-1B, quant à lui, est un satellite expérimental espagnol.
Ce n'est de loin pas la première fois qu'une myriade de microsatellites européens vole sur Dniepr, et on peut se demander s'il ne serait pas une bonne idée de disposer d'une capacité de lancement légère autonome.
Actuellement, il est possible de placer des petits satellites en charge additionnelle sur Ariane 5. Ainsi, le Vol 187 du début d'année avait emporté les deux SPIRALE de la DGA. De même, le NanoSat-1B mis en orbite avant-hier a un prédécesseur, NanoSat-01, qui a volé sur une Ariane 5G+ en décembre 2004.
Cygnus, EXPERT, IXV, ou la carrière solo de l’Italie dans les vaisseaux spatiaux
Au cours du dernier mois, la branche italienne du groupe Thales Alenia Space (TAS) a signé pas moins de trois contrats d'une importance capitale pour l'avenir du transport spatial européen.
Le plus spectaculaire est sans doute celui lié au programme américain Cygnus. Il s'agit d'un vaisseau de ravitaillement privé pour la Station Spatiale Internationale, dont la maîtrise d'œuvre a été confiée au groupe américain Orbital Science Corporation. Ce dernier construit la plate-forme (notamment à partir d'éléments de la sonde Dawn et des satellites STAR GEO) et a sous-traité à TAS le développement du module pressurisé (PCM), celui qui abritera la cargaison. Neuf exemplaires sont d'ores et déjà commandés.
Parallèlement à ce juteux contrat, TAS s'est également vu confier par l'ESA la réalisation des véhicules expérimentaux IXV et EXPERT. Le premier est un projet extrêmement ambitieux visant à donner à l'Europe la maîtrise de la rentrée atmosphérique avec des corps portants. Le second, tout aussi important, est un petit véhicule qui sera lancé l'année prochaine sur une trajectoire balistique afin d'étudier des phénomènes liés à la rentrée atmosphérique.
Actuellement, TAS Italie développe déjà les modules logistiques MPLM qui sont placés dans la soute de la navette américaine et qui permettent de transporter du fret vers l'ISS. La filiale italienne est aussi à l'origine du module Columbus, le QG de l'Europe en orbite basse, et elle a construit pour le compte de la NASA deux autres petits modules de l'ISS, Harmony et Tranquility. Elle a également développé la partie pressurisée de l'ATV.
Les opportunités continuent de s’envoler pour GALILEO.
Si l'Europe n'a aucun mal pour imaginer et concevoir des systèmes spatiaux innovants et performants, la mise en œuvre de ces projets continue d'être un obstacle. Et pourtant, les retombées économiques ne manquent pas et un projet comme GALILEO aurait à sa portée bon nombre de contrats commerciaux si seulement il avait été déployé en temps et en heure. Reste que les européens ont toujours du mal à travailler entre eux. Si l'on pouvait croire que ces mêmes retombées économiques furent le problème, il devient évident que la question est ailleurs. Vision commune, répartition des compétences, l'Europe semble avoir encore du mal à se fédérer autour de ces projets qui pourtant représentent l'avenir de son industrie spatiale.
5 ans, c'est le retard qu'affiche aujourd'hui l'ambitieux système de géolocalisation par satellites GNSS GALILEO. Le programme dont les coûts commencent à dangereusement s'envoler au-delà des 10 milliards d'euros sur 20 ans, ne voit toujours pas le bout du tunnel alors que la cour des comptes européenne rend les résultats d'un audit peu flatteur. Aux dires de cette instance de contrôle, le projet GALILEO aurait tout bonnement était « mal préparé » et « mal géré ». Il faut dire que personnes n'a encore été nommé à la tête du programme et pour cause, chaque pays membres essayent de tirer un maximum de profits pour son industrie nationale. Evénement logique, il l'est moins quand il commence à mettre en péril la totalité du programme.
La relève d’Ariane 5 est en marche.
Le futur du lanceur lourd européen nous aura fait, et nous fera encore, vibrer plus d'une fois. Le projet que l'on pourrait vulgairement dénommé « Ariane 6 » aura été pour les simples observateurs que nous sommes plus malmené que jamais alors même que le président de la République, M. Nicolas Sarkozy, vient finalement de lancer les préparatifs pour cette prochaine génération de lanceur.
Attente interminable, un rapport présenté au Premier Ministre, M. François Fillon, qu'il est difficile de déchiffrer et des articles de presse alarmants, l'avenir de la fusée Ariane ne semblait pas toujours emprunter les chemins que nous aurions voulus. Aujourd'hui, nous vous proposons de revenir sur ce couac bien à la française.
Un avenir tourné vers les lancements commerciaux ou institutionnels ?
Un petit pas pour l’ESA, un bond de géant pour l’Europe ?
Le 6 juillet dernier, l'Agence Spatiale Européenne a confié à EADS Astrium un contrat pour lancer une étude intitulée « Activités préparatoires européennes pour le transport et l'exploration habitée ».
Il s'agit d'une étude « Phase A » pour une évolution du vaisseau ATV baptisée ARV (Advanced Reentry Vehicle). Ce nouveau vaisseau, s'il est construit, permettra de ramener du fret depuis la Station Spatiale Internationale, ce qui constituera une première mondiale.
Mais surtout, ce serait le premier pas de l'Europe vers une capacité autonome de transport d'équipage. Cela fait plus de deux décennies que des projets se multiplient pour pallier ce manque, et Alain Charmeau, le président d'Astrium ST, avait déclaré à l'occasion du dernier salon du Bourget que « nous ne pouvons pas rester en dehors du vol habité pour toujours ».
Sea Launch en redressement judiciaire
La nouvelle était prévisible, mais son annonce a tout de même beaucoup surpris. La société Sea Launch, de droit américain, s'est placée sous la protection du chapitre 11 des lois sur les faillites. En d'autres termes : le fournisseur de services de lancement est en redressement judiciaire.
L'aventure Sea Launch est née au milieu des années 1990. L'initiative en revient à Boeing, qui a vu dans ce projet un bon moyen d'exploiter le savoir faire soviétique en matière de lanceurs. Le géant de Seattle ne disposait alors d'aucun vecteur de lancement commercial, ceci alors même que l'Europe, en situation de quasi-monopole, dominait le marché et que Lockheed Martin se lançait dans l'exploitation du lanceur Proton.