Le Japon a procédé la semaine dernière au lancement de sa toute nouvelle fusée, la H-IIB. Pour ce vol inaugural, la charge utile était constituée du vaisseau HTV-1, destiné à ravitailler la Station Spatiale Internationale, qui effectuait lui aussi son baptême de l'Espace.
La H-IIB est développée par Mitsubishi Heavy Industries (MHI), et lancée depuis la base de Tanegashima. Elle prend la succession de la H-IIA, et porte tous les espoirs japonais de commercialisation du transport spatial.
En effet, le pays du Soleil Levant n'a jamais rencontré un grand succès dans ce domaine. Le premier lanceur réellement opérationnel était le H-II, qui n'offrait pas de performances suffisamment intéressantes pour concurrencer Ariane.
La version H-IIA a ensuite commencé sa carrière en 2001, et n'a jusque là connu qu'un échec. Un partenariat avait même été signé avec Arianespace et Sea Launch, permettant à chacun des trois opérateurs de remplacer un autre si il est incapable d'honorer un contrat dans les temps, et si le client le souhaite.
Mais l'accord n'a jamais profité à Mitsubishi, car le H-IIA n'a jamais été produit en nombre suffisamment important pour assurer une réduction des coûts autorisant une entrée sur le marché. Avec le H-IIB, le Japon espère inverser cette tendance, et parvenir enfin à remporter quelques contrats face aux deux géants Arianespace et ILS.
A environ 2 500km de là, la République Populaire a elle aussi lancé une fusée. La Longue Marche 3B a décollé du centre de Xichang le 31 août dernier, et tout ne s'est pas bien passé. Le troisième étage du lanceur a mal fonctionné, et la charge utile s'est retrouvée sur la mauvaise orbite.
Cette charge utile, nous l'avions déjà abordée sur Aéroplans, car il s'agissait du satellite indonésien Palapa-D1, construit à Cannes par Thales Alenia Space. Le groupe franco-italien avait conçu cette plate-forme Spacebus-4000B3 sans utiliser de composants américains, de manière à contourner les lois américaines Itar sur les exportations de matériel sensible vers les pays dits à risque.
Le satellite a réussi à gagner la bonne orbite par ses propres moyens, mais sa durée de vie a été réduite de cinq ans (elle était de quinze ans au départ). Le propriétaire, la société Indosat, a demandé 68 millions de dollars aux assureurs, soit 33% du montant du contrat, ce qui correspond à la diminution de la durée de vie.
Tous les précédents satellites Palapa avaient été lancés par des fusées américaines, sauf un qui avait prit place sur le Vol 86 d'Ariane 4, en mai 1996. Nous en avons déjà parlé longuement sur ce blog à l'occasion de la production d'Airbus A320 en Chine ou de la quasi-vente de Rafale au Brésil : il semble que certains intérêts européens ignorent la menace commerciale que représentent certains pays émergents pour se concentrer sur des intérêts à court terme.
Dans ce secteur hautement concurrentiel et stratégique des lanceurs, la Chine a toujours démontré un grand savoir-faire. Les Longue Marche n'ont en effet pas connu de véritable échec depuis 1996 : cela représente 75 lancements réussis d'affilée !
Dans un avenir proche, l'industrie chinoise devrait donner naissance à la Longue Marche 5 qui n'aura rien à envier à Ariane 5 ECA. On peut donc se demander si le choix européen de favoriser le développement de la capacité commerciale des lanceurs chinois est bien raisonnable.
NP.