Aeroplans - Bayraktar © BaykarSuite aux déboires rencontrés par les forces turques avec leurs drones d'origine israélienne Heron, le pouvoir politique a récement décidé de prendre les devants en annonçant le remplacement de ces derniers par des UAVs produits localement par la société Baykar.

Bien qu'il soit fort probable que cette annonce n'ait qu'une portée politique aux vues des nettes différences entre les Heron, pesant plus d'une tonne et catégorisés comme MALE et les Baykatars, mini UAV lançable à la main, cet événement montre la volonté d'Ankara de s'affranchir de sa dépendance envers des systèmes étrangers.

Alors que la Turquie cherche à s'affirmer sur la scène internationale, elle entend se donner les moyens de disposer d'un complexe militaro-industriel aussi bien puissant qu'indépendant.

 

 

 

 

En effet, toute puissance digne de ce nom se doit de posséder de telles capacités au risque de dépendre d'autres pays dans un domaine aussi stratégique que la défense, et donc d'être soumis des chantages sur certains dossiers internationaux.

Aeroplans - Projet de drone tactique © BaykarLe chemin à suivre afin d'atteindre cet objectif passe tout naturellement par la coopération avec les plus grands industriels mondiaux possédant un savoir-faire technologique très poussé. C'est dans ce but que les principaux contrats passés par les pays émergents contiennent des clauses de transferts de technologies importants, contrepartie indispensable à l'obtention de tels contrats se chiffrant généralement à plusieurs milliards de dollars.

C'est ainsi que le Brésil s'est tourné vers la France afin de développer son industrie de l'armement, signant de multiples accords portant sur la fourniture d'hélicoptères EC-725, de sous-marins Scorpène et bientôt, du moins l'espère-t-on, d'avions de combat Rafale. Le tout est assorti d'une garantie de transferts technologiques quasi-totaux ainsi que de la nécessité de la production d'une part importante de la commande sur place par un industriel local.

L'Inde a suivi le même chemin en s'appuyant quant à elle sur la Russie, qui lui a fourni par le passé des avions Su-30MKI, des sous-marins et même dans un avenir plus ou moins proche l'ex porte-aéronefs soviétique Amiral Gorchkov.

Cependant New Delhi est actuellement à un niveau plus avancé que Aeroplans - F-16 turcsBrasilia puisque les industriels indiens sont désormais capables de mener à bien, toujours en coopération avec les Russes il est vrai, des projets extrêmement complexes tels que celui du missile hypersonique Brahmos ou des missiles balistiques de la classe Agni. Ces deux marchés nous sont bien connus en France car nos grands groupes nationaux y concourent régulièrement. Cependant, il existe d'autres marchés ayant une visibilité moindre mais non moins importants.

Tel est le cas de la Turquie, qui depuis plusieurs décennies cherche à percer dans le secteur de la défense. C'est suite à l'intervention truque à Chypre en 1968 et à l'embargo américain qui s'en suivit qu'il fut décidé par le gouvernement de l'époque de fonder une industrie militaire. Ainsi, dès les années 80, le groupe TAI (Turkish Aerospace Industries) possédait une ligne d'assemblage de F-16 dans ses usines, devenant par la suite le deuxième producteur mondial de cet appareil, derrière Lockheed Martin. C'est cependant à partir de la décennie suivante qu'un réel effort fut fourni en termes de R&D et de conception, la Turquie ne se contentant plus à partir de ce moment de dupliquer des systèmes existants pour le compte de grands industriels américains.

Aeroplans - A400M lors d'ILA Berlin Airshow 2010 © Airbus SASDe nos jours, le complexe militaro-industriel truc s'appuie sur un ensemble de grands groupes tels que TAI pour l'aviation, Baykar pour les drones, MKEK ou Roketsan pour les munitions ou encore ASELSAN pour l'électronique. Ainsi, dans le domaine de l'aéronautique militaire, bien que la Turquie ne produise pas encore d'appareils pilotés de conception purement nationale, elle participe activement aux phases de conceptions de grands programmes internationaux, parmi lesquels l'A400M d'Airbus Military, le JSF / F-35 de Lockheed Martin ou le T-129, version modifiée de l'hélicoptère d'attaque A-129 d'Augusta Westland. Nous allons donc revenir rapidement sur la contribution truque à ces trois grands programmes.

En ce qui concerne l'A400M, dont la Turquie fait partie des huit clients de lancement, TAI s'est vu attribuer 7,15% de la charge de travail totale en compensation des dix appareils achetés par Ankara. Le groupe nAeroplans - Hélicoptère T-129e se contentera pas de produire sous licence une partie de l'avion puisqu'il est partenaire d'Airbus dans ce programme et est intervenu aussi bien dans les phases de design, de tests et des certifications. TAI aura notamment à sa charge la production de plusieurs parties du fuselage, des ailerons et des aérofreins.

Dans le programme JSF, c'est également TAI qui récolte les bénéfices de la participation turque. En effet, tout comme pour l'A400M, il produira la partie centrale du fuselage du F-35, dont il a participé au design. Grâce à ceci, l'industriel compte acquérir diverses technologies dans plusieurs domaines, notamment dans la robotique et les composites.

Enfin, dans le programme ATAK, TAI, avec pour sous-traitant le groupe ASELSAN, produira l'hélicoptère de combat T-129 devant être mis en service en 2012, en coopération avec Augusta Westland. Par rapport à la version originale, l'appareil sera plus lourd et disposera d'une motorisation plus puissante tirée de celle développée pour le défunt programme d'hélicoptère furtif américain Aeroplans - Drone  Bayraktar © BaykarComanche. La partie turque développera notamment le système de mission, l'avionique, le système d'arme, la suite d'autoprotection et le viseur de casque. La Turquie disposera des pleins droits de propriété intellectuels de l'appareil qui sera produit à 100% dans le pays et Ankara pourra l'exporter à sa guise sans aucune restriction.

En ce qui concerne les chantiers de modernisation, outre la mise à niveau des systèmes d'armes en service dans le pays, tels que les C-130, T-38 ou CN-235, les industriels trucs s'occupe également de celle des F-16 jordaniens et pakistanais, du fait de leur expérience reconnue sur cette famille d'appareils.

Si les industriels turcs ne sont pas encore capables de produire un appareil piloté purement indigène, il n'en est pas de même pour les drones ou autres systèmes d'armes. Ainsi, comme nous en parlions précédemment, la société Baykar s'est lancée dans la conception d'UAVs de petite et moyenne tailles afin de répondre aux besoins de l'armée nationale. Deux systèmes ont déjà pris leur envol tout deux classés comme mini UAVs : le Bayraktar, disposant d'une endurance d'une heure et pouvant être mis en œuvre de manière très simple, ainsi que le Malazgirt, mini Helicoptère venté par l'industriel comme étant le première drone hélicoptère opérationnel au monde. Un drone MALE serait également en développement par les groupes TAI et ASELSAN, un prototype ayant pris son envol en avril 2010.

Le secteur des munitions n'est pas en reste avec par exemple la roquette guidée par laser CIRIT mise au point par Roketsan. Développée pour être mise en œuvre par le T-129 de TAI, la munition devrait entrer en service en 2010 selon l'industriel. Les roquettes guidées représentent un marché potentielement important puisque qu'elles peuvent être utilisées contre des cibles de faible valeur, là où un missile se révèlerait être trop coûteux. Peu de munitions de ce type sont actuellement au point et les premiers arrivés sur ce marché disposeront d'un avantage indéniable.

 

Comme nous l'avons vu, la Turquie est de plus en plus présente dans le secteur de la défense. Même si pour l'instant ses productions se cantonnent principalement au marché national, ses groupes acquièrent une précieuse expérience au travers des programmes tels que l'A400M ou le JSF. Si actuellement seuls 25% des équipements de l'armée sont d'origine locale, Ankara ambitionne d'atteindre les 50% d'ici quelques années. Bien que de nombreux efforts restent à faire, il semblerait qu'en disposant d'une volonté politique et militaire forte, la Turquie soit sur la bonne voie pour entrer dans le monde restreint des grands producteurs d'armement mondiaux.

Enfin, pour terminer sur une petite touche d'optimisme pour l'industrie européenne, il semblerait que les militaires trucs soient intéressés par un projet de grand drone européen, possiblement le Talarion, afin de s'affranchir de leur dépendance envers leurs fournisseurs américains et israéliens. Des financements qui seraient évidemment bienvenus en ces temps de crise et qui pourrait permettre de mettre définitivement ce projet en marche.

Cet article est la suite de : Les Heron turcs, symboles des tensions croissantes entre Israël et la Turquie.

 

Aeroplans - Equipement au sol pour drone Bayraktar © Baykar

Aeroplans - Gamme de drones chez Baykar © Baykar



Aeroplans - Drone hélicoptère © Baykar