Aeroplans - Second prototype MiG-29KAprès une série de visites officielles que ce soit en Russie ou en Inde, Moscou officialise petit à petit plusieurs contrats dans ce pays tant convoité par les États occidentaux. Plusieurs milliards de dollars ont ainsi été glanés par les industriels russes qui continuent de survoler le marché indien.

La Russie est effectivement le plus grand fournisseur de New Delhi avec une moyenne de 1,5 milliard de dollars gagnés par an. La puissance est suivie par Israël qui gagne un bon milliard de dollars chaque année en Inde. Du coup, les États-Unis et la France tentent de revenir au contact. Si les Américains peuvent compter sur leur forte influence, les Français peinent un peu plus à s’imposer. En attendant, Paris qui espère se hisser sur la troisième place du podium mondial des fournisseurs de matériels de défense aura fort à faire sur le gigantesque marché indien pour contrecarrer les plans russes, actuels troisièmes exportateurs d’armement dans le monde.

 

 

Aeroplans - MiG-29K

 

Une coopération accrue dans l’aéronautique.

Suite à la dernière visite du premier ministre russe Vladimir Poutine en Inde, on apprenait que la commande de 29 avions de chasse MiG-29K était enfin officielle. Ce nouveau contrat pour cette escadrille de chasseurs navaliés est estimé à 1,5 milliard de dollars. Les premières livraisons sont attendues pour la fin 2012, car les lignes de production de MiG ne tournent pas vraiment à plein régime. Cet accord en suit un premier dont les livraisons devraient être terminées en 2010. L’Inde et la Russie avaient conclu en janvier 2004 un accord pour douze MiG-29K Fulcrum et de deux biplaces MiG-29KUB dont les premiers exemplaires rentrent en service opérationnel depuis le début de cette année.

 

Aeroplans - Porte-avions Gorshkov

Ces futurs MiG-29 feront partie de la composante aéronavale du porte-avions amiral Gorshkov aujourd’hui rebaptisé INS Vikramaditya et qui coute finalement si cher à New Delhi. Les Indiens pensaient pourtant avoir flairé la bonne affaire en rachetant le porte-avions russe pour une somme de 750 millions de dollars. Cette somme devait couvrir une remise à jour du navire en vue de son entrée en service l’an dernier. Cependant, Moscou ne sera en mesure de le livrer quand 2012 et surtout, la facture devrait s’élever à 2,35 milliards de dollars. Le porte-avions avait été retiré du service en 1996. Le navire peut atteindre 45 000 tonnes (à comparer aux portes-avions américains de 100 000 tonnes) et avancer à 32 nœuds (maximum) avec une endurance de 13 500 miles nautiques (25 000 km). Ce n’est donc pas dans un futur proche que l’Inde pourra se vanter d’une flotte de projection maritime complète. Heureusement pour les Indiens, la Chine ne peut pas non plus aligner de tels outils de projection et ce, malgré ses efforts. En tout cas, c’est une bien mauvaise nouvelle pour les Indiens, mais qui ne semble pas avoir entamé leur appétit pour le matériel russe.

En effet, les deux pays sont en train de négocier un nouveau contrat portant sur la livraison de 42 Su-30MKI pour l’armée de l’air indienne. Nous ne sommes pas là dans le cadre du MMRCA dont nous parlons régulièrement. Ainsi, suivant la presse locale, un contrat pouvant s’élever à trois milliards de dollars serait en négociation depuis plusieurs mois. Les nouveaux appareils de supériorité aérienne viendraient s’ajouter aux 230 autres avions du même type vendus en Inde pour une enveloppe de 8,5 milliards de dollars. Ces appareils seront encore livrés jusqu’en 2017. Pour l’instant une centaine de Su-30MKI sont stationnés près des frontières chinoise et pakistanaise.

 

Des projets à haute valeur ajoutée pour le futur.Aeroplans - PAK FA

En termes d’aviation militaire, l’Inde et la Russie coopèrent actuellement sur deux gros projets. L’un est le PAK FA dont nous reparlerons un peu plus tard. L’autre est l’avion de transport militaire qui devrait prendre son envol entre 2016 et 2018. « Nous en sommes à l'étape initiale. Le premier appareil pourrait décoller dans six ou huit ans » selon Ashok Nayak, PDG du groupe aéronautique indien HAL. Ceci avant de rajouter que « la création de la coentreprise ira maintenant de bon train ». Le nouvel appareil sera vraisemblablement développé sur la base d’un Iliouchine russe. Le programme est estimé à 600 millions de dollars répartis à parts égales entre les deux pays. L’Inde devrait commander 45 de ces avions et les forces aériennes russes, une centaine. Le nouveau venu viendra lui aussi concurrencer l’A400M européen.

 

Aeroplans - F-22 RaptorMais cette coopération indo-russe n’est pas la seule. Le développement du chasseur de cinquième génération PAK FA est le fruit d’une coopération bilatérale poussée. Surtout, elle concerne l’avenir des forces aériennes de la Russie et par extension de l’Inde. Les deux pays ont en tout cas fait un nouveau pas en avant ce mois-ci en convenant dans les grandes lignes de la contribution de chacune des parties.

Le chasseur, dont le développement a commencé dans les années 1990 dans les bureaux de Sukhoï s’est concrétisé le 29 janvier par le vol d’essai du prototype T-50. Le 12 février, le chasseur a effectué un second vol d’essai sans problème. L’occasion pour les Russes d’annoncer qu’ils suivaient de près les évolutions de son concurrent, le F-22 Raptor et que le T-50 avait de beaux jours devant lui. Il devrait être livré en Russie en 2015 au mieux. Le pays annonce vouloir en produire plus d’un millier dans les prochaines quarante années pour son armée de l’air, mais aussi pour l’exportation. Aeroplans - IRNSSSeulement 200 exemplaires devraient être livrés à l’Inde, mais le marché est prometteur pour les Russes, surtout si le chasseur peut se mesurer au F-22 américain toujours interdit à l’export et dont la production sera arrêtée après la production des exemplaires commandés par l’USAF.

Un accord sur l’utilisation militaire de GLONASS.

Les ambitions indiennes pour l’espace sont impressionnantes. D’ici peu, le pays veut devenir la quatrième puissance spatiale à avoir envoyé un homme dans l’espace. Nous revenions également sur les ambitions lunaires et martiennes de l’ISRO (Agence Spatiale indienne). Pour l’année à venir, le budget de l’agence sera porté à 800 millions d’euros. L’occasion pour l’Inde de réaliser ses projets et notamment de mettre sur les rails son propre système de positionnement par satellites, IRNSS. Ce GALILEO indien sera composé de sept satellites. Trois seront placés en orbite géostationnaire et les quatre autres en orbite géosynchrone. Le premier satellite pourrait être lancé en 2011 et aura une précision de l’ordre de 20 mètres à travers toute l’Inde et jusqu’à 2 000 kilomètres autour de ses frontières.

Comme tous ses programmes, l’ISRO fait la part belle à la coopération internationale. Nul doute que l’accord officialisé le 12 mars sur l’utilisation du signal GLONASS (Global Navigation Satellite System) profitera au futur IRNSS. Les Indiens vont ainsi commercialiser ce système en attendant le leur. Ensuite, le signal pourra être utilisé à des fins militaires. Si ce genre d’accord est courant, une coopération militaire est assez rare. L’Inde sera ainsi le seul pays en dehors de la Russie à pouvoir l’utiliser pour ce type d’activités.

En Russie, c’est la renaissance du système de positionnement par Aeroplans - GLONASS-Msatellites. 22 engins sont actuellement en orbite dont 19 sont opérationnels. Il en faudra 24 pour que le système fonctionne partout dans le monde. Mais les Russes se donnent les moyens de leur ambition. En 2010, neuf nouveaux satellites complèteront la constellation. Fin février, nous vous parlions du lancement de trois de ces satellites de classe GLONASS-M.

Les Russes sont très fiers de leur indépendance. La capsule Soyouz TMA-16, qui s'est posée jeudi dernier au Kazakhstan a été retrouvée grâce à la balise de bord PARM-406M équipée du récepteur Glonass. L'occasion d'une démonstration pour la presse internationnale. Elle a été localisée à 15 m près mettant une fois de plus en avant la technologie russe. Le récepteur avait déjà été testé lors de l'atterrissage de la capsule Soyouz TMA-14 le 11 octobre 2009.

Le système est bien utile aux Russes comme il le sera dans le futurAeroplans - PARM-406M pour les Indiens. Rappelons-nous de la récente polémique sur les bombardiers stratégiques russes de type Tu-160 dont la rumeur voulait qu’ils soient équipés de dispositifs GPS. Pour ces deux pays, c’est un nouveau pas vers leur indépendance tout comme le sera GALILEO en Europe. Mais c’est aussi un bel outil de positionnement politique. Après l’Inde, la Russie implante GLONASS au Kazakhstan ainsi qu'en Ukraine suite à des accords récemment trouvés sur la réalisation du système de navigation. C’est aussi une belle réponse aux autres puissances comme la Chine qui développe actuellement son système BEIDOU ou COMPASS.

 

Aeroplans - Rencontre Inde-RussieMissiles et centrales nucléaires.

Si les deux ne font pas bon ménage, la Russie construira seize réacteurs nucléaires pour l’Inde. Un bon coup pour la compagnie nucléaire publique russe Rosatom. Selon l’entreprise, les deux pays comptent aussi construire des usines de production de combustible nucléaire en Inde et coopérer dans la prospection géologique des gisements d'uranium, y compris sur le territoire des pays tiers. Ce geste est d’autant plus important pour Moscou puisqu’il concerne un secteur éminemment stratégique.

Côté missiles, les deux pays voudront certainement pousser toujours plus leur coopération. Si l'Inde développe son propre missile balistique, l'Agni-V, la Russie possède une confortable avance. Ainsi, le missile balistique intercontinental de troisième génération RSM-54 Aeroplans - Su-30MKI IAFSineva (Skiff SSN-23 selon la classification OTAN) continue d'enchainer les tests. Il équipe officiellement les armées russes depuis 2007. De leur côté, les Indiens ont vu l'échec de leur missile intercepteur ADD échoué le 15 mars dernier. Le missile n'aurait pas pu atteindre sa cible. D'un autre côté, les forces navales indiennes ont testé avec succès un missile anti-bâtiment Brahmos. Cet engin est développé en coopération avec la Russie au sein de Brahmos Airspace Ltd. Le missile Brahmos, capable de porter une charge sur une distance de 300 km au maximum, équipe déjà l'armée de terre et les forces navales indiennes. L'arme subit des mises au point supplémentaires afin de pouvoir être installée à bord de sous-marins et d'avions Su-30.

Des spécialistes pensent que l’Inde devrait rester le premier client de l’industrie aéronautique et de défense russe pour les quinze prochaines années. New Delhi doit entre autres mettre à niveau sa flotte de Su-30MKI, de MiG-29 et surtout de MiG-21 encore en service. De plus, nous avons vu que les programmes de coopération vont bon train et se passent surtout très bien. On est officiellement loin des relations que peuvent entretenir les Européens sur ces questions. Mais au-delà du succès russe dans la région, nous essaierons de voir quelle place peut trouver la France sur un des plus gros marché du moment.

Michael Colaone.

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