Après des mois de tractations douloureuses entre EADS et ses clients, l’A400M est en passe d’être sauvé. En effet, un accord de principe aurait été trouvé sur la répartition des surcoûts du programme.
Si pour l’instant on ne parle pas d’accord définitif, c’est que l’accord formel ne pourrait être signé que lors de la réunion des ministres européens de la Défense, les 24 et 25 février prochains. Ceci si on ne préfère pas une annonce plus politique. En tout cas, le plus important programme militaire européen voit enfin la lumière après des turbulences qui auraient pu lui être fatales.
Les États clients font un grand pas en avant.
Ainsi, les deux parties seraient tombées d’accord pour prendre plus de frais en charge pour sauver l’A400M. Au centre des discussions, toujours 5,2Md€ de surcoûts. Les six États clients européens de l'avion de transport militaire plus la Turquie vont dégager 3,5Md€. Il s’agit des 2Md€ liés à la hausse du prix de l'appareil auxquels il va maintenant falloir ajouter 1,5Md€ supplémentaires sous forme d'aides de trésorerie "gagées" sur les ventes de l'avion à l'export. En clair, l’avionneur cèderait aux sept pays clients une partie de la propriété intellectuelle de l'A400M (les brevets, les innovations technologiques, la R&D), soit une partie de la plus value de l'avion.
L'industriel s'engagerait donc à rembourser ses clients sous forme de royalties sur les ventes à l'export de l'appareil. Le potentiel de l’appareil étant estimé entre 400 et 600 avions, les États pourraient même être gagnants dans cet échange. Les experts estiment que cet appareil, qui n'aura pas d'équivalent dans le monde en matière de transport de troupes et de matériels, mais aussi de missions de type humanitaire, a de beaux jours devant lui.
Une solution satisfaisante pour EADS.
De son côté, EADS martèle depuis des mois qu'il ne peut pas prendre en charge la totalité des surcoûts. Jouant les négociations à la dure, l’industriel remporte en quelque sorte la bataille. L’échec de l’A400M aurait effectivement été une catastrophe pour l’avionneur. Outre les 2,4Md€ déjà provisionnés, ce sont 1,7Md€ que le groupe s’engagerait à prendre à sa charge.
Seule ombre au tableau, EADS ne veut logiquement pas que cette décision impacte son bilan qui sera présenté le 9 mars. Ainsi, pour que cette somme n'apparaisse pas comme une dette supplémentaire, la solution visée consiste au contraire à la faire passer au niveau du compte de résultat, sous forme de chiffre d'affaires à venir.
La solution serait alors à appliquer pour chacun des pays clients qui après avoir avancé l’argent à l’avionneur se remboursera ensuite sur le montant des ventes à l’export. Or, si le mécanisme fonctionne en France ou en Allemagne, ce n’est pas le cas en Grande- Bretagne, qui a commandé 25 avions.
En attendant, le titre de bourse gagne plus de 5% ce matin à Paris.
Vers un accord formel et un contrat dans quelques semaines.
Ainsi, un accord formel n’est pas encore totalement engagé et ces questions de forme pourraient encore déraper. Malgré une annonce d’un accord formel, le contrat définitif pourrait en tout cas attendre encore quelques semaines, le temps de passer par les différentes législations nationales.
De plus, en Allemagne, on n’est pas encore convaincu de la viabilité politique de l’accord. Ainsi, même si un dénouement heureux se profile, un contretemps peut encore faire son apparition. À la vue de la complexité des relations politico-commerciales qui lient les acteurs, on peut maintenir nos doigts croisés encore un peu. En tout cas, au ministère de la Défense, on n’imagine pas que cet accord de principe tombe à l’eau.
L'Armée de l'Air française, première sur la liste des livraisons, et dont la flotte de Transall est à bout de souffle, attend avec impatience ces nouveaux appareils. Si tout continue maintenant à s’accélérer, les premières livraisons devraient avoir lieu fin 2013 dans un standard temporaire. À ce moment-là, l’Europe rentrera dans une autre dimension, celle de l’A400M à la conquête du monde.
Michael Colaone.
Nous pouvions découvrir ces informations ce matin dans la grande presse nationale et en particulier dans Le Figaro et LesEchos.