Avant de revenir sur les drones de taille intermédiaire destinés aux missions ISTAR ou avant de commencer à aborder la question des drones d’attaque, nous allons faire une étape importante sur les drones hypervéloces. Depuis 1963, le Canada, l’Allemagne et la Grande-Bretagne sont des pionniers dans le développement de ce type de drones. Ils ont ainsi développé le CL-89 au sein d’un programme de coopération multinational. La France ralliera le mouvement en 1987 ce qui l’amènera ensuite vers le développement conjoint du CL-289 avec le Canada et l’Allemagne. Mais depuis, malgré quelques projets classés sans suite, les drones hypervéloces tombent petit à petit dans l’oubli.
Cet article est la seconde partie de notre feuilleton intitulé « Guerre des drones et avenir de la supériorité technologique européenne » dont vous pouvez retrouver la première partie ici.
Le Mantis est potentiellement le programme le plus prometteur à court terme en Europe sur cette catégorie de drones « intermédiaires ». Le programme, lancé en 2007 est dirigé par BAE Systems. D’autres entreprises (Rolls-Royce, QinetiQ, GE Aviation, L3 Wescam, Meggitt, Lola, Raven, Corax et l’Indien Kingfisher) et le ministère britannique de la défense se sont joints au projet. Il s’agit de développer un UAS (Unmanned Aircraft Systems) « tout électrique » et turbopropulsé de taille intermédiaire pour la maitrise de l’information sur l’espace de bataille. Là aussi, il s’agit d’un système MALE (Moyenne Altitude Longue Endurance). Au total, il devrait peser dans les neuf tonnes et opérer à une altitude de 55 000 pieds.
Sous couvert de ce titre légèrement pompeux, nous allons faire un point sur les programmes de drones européens et des enjeux qu’ils représentent. Alors qu’un comité interministériel est imminent en France pour tenter de trouver des solutions à la fois pour gérer l’urgence et engager l’avenir, le débat doit tenir une place centrale.
L’Europe peine à s’organiser pour mener des programmes de drones sérieux. Visiblement, l’évolution de la composante n’a pas encore était bien cernée et il faudra malheureusement encore plusieurs années avant que des résultats significatifs sortent au grand jour. Néanmoins, des noms font déjà les gros titres : Talarion, Barracuda, Harfang ou nEUROn. Au-delà de ces programmes en cours nous verrons ce qu’il se prépare dans les bureaux d’études. Nous aborderons également des questions plus stratégiques. Guerre low-cost, techno-guérilla ou encore concurrence étrangère, nous tenterons de lancer ou relancer quelques réflexions pour l’avenir des avions sans pilotes.
Régulièrement, nous entendons parler dans la presse des frappes américaines menées par des drones Predator au Pakistan et, de plus en plus, au Yémen. Ces frappes ont officiellement débuté en 2001, lors de l'invasion américaine de l'Afghanistan, afin d'éliminer les dirigeants d'al-Qaïda présents dans la région frontalière avec le Pakistan.
Néanmoins, on observe une intensification de ces frappes depuis l'intronisation de Barack Obama à la Maison Blanche. En effet, celui-ci a décidé d'étendre le conflit afghan aux zones tribales pakistanaises, où se situeraient les bases arrières d'al-Qaïda et des Talibans, d'où la fameuse expression "Af-Pak ". L'extension du conflit se fait au moyen d'actions clandestines menées par les forces spéciales et la CIA, ainsi que par des frappes aériennes menées par les drones, dirigées également par la CIA depuis des centres de contrôle situés aux États-Unis. Nous allons donc nous pencher sur ces drones, qui prennent une place de plus en plus importante au sein du budget militaire US.
Petit rappel sur le projet A-UAV (Advanced-UAV), maintenant dénommé Talarion. Selon EADS, il s’agit d’un programme européen lancé en 2007 pour le développement d’un drone avancé de type MALE (Moyenne Altitude - Longue Endurance), destiné à répondre aux besoins exprimés par l’Allemagne, l’Espagne et la France en faveur d’un système sans pilote endurant dévolu à leurs futures missions de surveillance et de reconnaissance des théâtres d’opérations.
Véritable outil high-tech, le drone sera innovant par ses capacités de communication et de détection de toute dernière génération. Il sera capable d’orbiter au-dessus du théâtre d’opérations à haute altitude et pendant des périodes prolongées grâce à une voilure à fort allongement.
Si les Européens ont été incapables de se mettre d'accords pour la production d'un avion de chasse commun et ont, au contraire, construit leur propre concurrence, en matière de drones les choses sont un peu différentes. Il existe bien-sûr des nations qui développent leurs propres systèmes, mais on peut observer des projets au sein desquels les Européens mettent en commun leurs compétences et savoir faire dans un esprit de collaboration jusque là assez peu observé. Le projet nEUROn est de ceux-là, puisque réunissant la France, la Suède, l'Italie, l'Espagne, la Grèce et la Suisse pour un UAV du futur.
Si les Américains ont compris depuis longtemps que la bonne réalisation de tels projets passe par la coopération entre les entreprises du secteur, ce n'est pas le cas pour les Européens.
Nous avions déjà abordé le vaste sujet des drones comme outil de puissance dans un article précédent et le sujet mériterait encore plus d'attention. Véritable outil de la guerre de demain, les drones confèrent des avantages tactiques et humains indéniables aux armées qui savent les utiliser. L'UAV (Unmanned Aerial Vehicle) est en effet de plus en plus visible sur les théâtres d'opérations comme dans la vie civile d'ailleurs, et il se pourrait bien que dans le futur l'avion sans pilote devienne une arme de plus en plus redoutable.
Le leadership américain toujours sans égale.
Le constructeur du fameux drone américain MQ-1 Predator, la firme General Atomics vient en effet de dévoiler une nouvelle version de son appareil, le Predator C Avenger. Une nouvelle version qui pourrait être équipée d'un système de vision infra-rouge dans un futur proche et sur lequel l'accent a été mis sur la furtivité et l'armement embarqué. L'Avenger devient alors une arme très efficace pour l'incursion en zone hostile et ce, sans risquer la vie de qui que ce soit. Constamment en évolution, le matériel des armées d'outre Atlantique réaffirme toujours plus une avance qui devient carrément frustrante pour les observateurs d'autres nationalités. On savait déjà que force de moyens financiers et humains les Etats-Unis ont plusieurs années d'avance comparé à nous mais ils ne cessent d'enfoncer le clou. Global Hawk (Northrop Grumman) et Predator, les deux drones les plus connus de la planète sont désormais présents dans nombre de grands films hollywoodiens. Il faut dire que c'est plus sexy qu'un SDTI, le drone tactique actuellement utilisé par l'armée de terre française... Mais attention, la France aide
Un drone ou un UAV (Unmanned Air Vehicle) est un aéronef inhabité, piloté à distance, semi-autonome ou autonome, susceptible d’emporter différentes charges utiles le rendant capable d’effectuer des tâches spécifiques pendant une durée de vol pouvant varier en fonction de ses capacités. L'appellation française du drone est ASV (Avion sans pilote).
Le drone fait son apparition sur les champs de bataille de la planète entière depuis quelques années maintenant. Satisfaisants à des besoins militaires de plus en plus nombreux, les drones sont déployés par les armées qui en ont les moyens sur tous les théâtres d’opérations. Mais au delà de ses missions typiquement liées aux forces armées, les drones sont aussi un formidable outil de propagande.