Alors que les états-majors français et plus largement européens sont encore parfois à se demander à quoi sert un drone, les industriels eux commencent à ronger leur frein.
Nous suivons régulièrement les péripéties du projet de drones surement le plus ambitieux du moment avec le Talarion d’EADS. Nous attendons avec impatience que le nEUROn se concrétise enfin.
Mais au-delà de ces projets réellement révolutionnaire pour une Europe qui compte une bonne dizaine d’années de retard sur la concurrence, une solution plus pragmatique fait parler d’elle, le drone Patroller, fabriqué par Sagem.
La petite société israélienne INNOCON, fondée en 2001, est aujourd'hui l'un des fabricants les plus dynamique du secteur. Elle est spécialisée dans le développement et la fabrication de drones qu'elle fournit par exemple au ministère israélien de la Défense, le SIBAT.Elle est connue pour ses MiniFalcon.
Elle teste actuellement son dernier né : un drone à décollage vertical proche d'un VTOL et dédié à un usage privé.
L'entreprise cible notamment le monde du transport maritime. Cette indutrie a récemment été victime de nombreux cas de piraterie, notamment dans le détroit d'Aden au large de la Somalie.
Si nous avons pris l’habitude d’utiliser la dénomination anglo-saxonne qualifiant les appareils de telle ou telle génération, le Rafale français se trouve un peu entre deux de ces dernières.
Le chasseur de Dassault Aviation fait partie de cette génération « quatre et demie » ou quatrième génération +. Ces avions, conçus sur la base de la quatrième génération, sont plus pointus que leurs acolytes, mais ne remplissent qu’une partie du cahier des charges d’un avion de 5ème génération.
Mais dans le cas du Rafale, pour combien de temps encore ?
A peine la cinquième génération commencée et la suivante pointe déjà le bout de son nez. L'Air Combat Command de l'US Air Force en est l’exemple type puisqu’il a récemment ouvert un « bureau de la sixième génération ». Sa mission est simple : penser à ce que devrait être l'aviation de combat dans les années 2040-2050.
Si l’épine dorsale de la prochaine génération d’avions de combat devrait être constituée de drones, la route est encore longue avant de voir ces engins dominer les cieux.
C’est d’ailleurs pour cela qu’un constructeur comme Boeing présente son projet F/A-XX sous deux angles : celui du drone et celui de l’avion piloté. Pensé pour remplacer les F/A-18E/F Super Hornet américains, ce programme, encore non confirmé, a donné naissance à son premier démonstrateur inhabité, le Phantom Ray.
A l’heure où chacun tâtonne en Europe pour définir une politique d’utilisation des drones adéquate, force est de constater que certains avancent plus vite que d’autres. Malgré une situation économique et politique compliquée, le Royaume Uni tire au mieux parti de ses différentes alliances pour développer une composante sans pilote performante.
Alors que l’Europe souhaite trouver son indépendance au niveau des drones, l’exemple anglais mérite que l’on s’y attarde. Souvent taxée d’atlantisme primaire, Londres développe deux des plus grands programmes de drone sur le vieux continent, le MANTIS et le WATCHKEEPER. Deux programmes menés en coopération avec d’autres nations mais toujours sous supervision anglaise.
Qui pense drone, pense Predator. Mais qui pense drone peut aussi penser au Global Hawk. Si nous ne parlerons pas aujourd’hui de l’extraordinaire capacité des Etats-Unis à imposer leurs standards, nous allons réfléchir sur ce type d’engins. Les drones HALE sont des drones Haute Altitude Longue Endurance dont la taille atteint celle de petits avions de lignes de type A320. Annoncés comme les remplaçants non-habités des fameux U2, AWACS, JSTARS ou autres Erieye, ces drones géants proposent de nombreux avantages à leur utilisation.
Déjà déployés sur des théâtres d’opérations extérieurs et déjà exportés dans des pays étrangers par leurs concepteurs, les drones HALE deviennent à la fois un symbole de puissance comme un gage de supériorité au combat. Mais nous verrons que pour l’instant ces programmes sont jeunes malgré de beaux jours devant eux.
Depuis quelques semaines nous publions sur ce blog une série d'articles traitant de l'état de l'industrie européenne en matière de drones (UAV). Force est de constater que peu de moyens sont actuellement mis en œuvre sur le Vieux Continent afin de développer les technologies nécessaires à l'émergence d'une industrie compétitive face aux principaux acteurs mondiaux que sont les Américains et les Israéliens. Ainsi, même si certains industriels européens tentent de prendre des initiatives en développant sur fonds propres des systèmes à l'instar du Mantis de BAE Systems ou du Talarion d'EADS, ceux-ci peinent à trouver des financements étatiques pourtant nécessaire à la poursuite de tels programmes forts coûteux aussi bien financièrement qu'en terme de main d'œuvre. En conséquence, l'Europe se trouve dans une situation d'attentisme, achetant ses drones au gré des besoins parmi les systèmes déjà existants tels que le Predator ou le Heron.
D’abord annoncé comme la révolution du premier drone européen, le Talarion est plus que jamais sous la menace de l’abandon. Autrement nommé Advanced UAV (A-UAV), le Talarion est un drone de grande envergure (28 mètres d’envergure pour 7 tonnes.) biréacteur sensé rentrer en service dans les forces françaises, espagnoles et allemandes d’ici 2015. Au-delà du besoin opérationnel des armées ou des services de sécurité civile, le Talarion représente l’avenir des programmes de drones autonomes en Europe. Si le vieux continent a raté le train pour faire la course dans le peloton de tête mondial, EADS et d’autres industriels comme Dassault Aviation doivent aujourd’hui clairement identifier l’avenir de la composante drone pour tenter de rattraper leur retard sur les Américains ou les Israéliens.