La nouvelle fait suite à la déclaration faite par un académicien chinois Zhang Yunchuan. En effet, la Chine pourrait bien passer à la vitesse supérieure quand à la réalisation en propre d'un avion gros porteur ayant une capacité de 150 sièges passagers. Paré pour 2016, un tel avion serait une menace directe à la fois pour Airbus et Boeing mais aussi une révolution attendue pour l'ensemble du monde de l'aérien. Rien à voir donc avec l'ARJ21 même si c'est lui qui représente la maitrise des appareils civils à réaction par les chinois. Le développement de l'appareil sera placé entre les mains de la Aircraft Corporation of China Ltd. (CACC) inaugurée en grandes pompes par le premier ministre Wen Jiabao début mars.
La nouvelle est cependant à prendre avec précautions comme c'est souvent le cas en Chine. Zhang Yunchuan, est le directeur de la Commission sur la Science, la Technologie et l'Industrie pour la Défense Nationale (COSTIND). Une source officielle donc mais intimement liée aux intérêts nationaux chinois. Hors, et ce n'est pas nouveau le pays a pour habitude de multiplier ce genre d'effets d'annonce. Ceci alors même qu'elle ne tient pas toujours ses ambitions initiales.
Nous sommes donc en droit de penser que cette annonce rentre dans le cadre d'une stratégie globale pour la promotion de l'aéronautique en Chine (Les besoins sont estimés à 1600 avions d'ici à 2020.). Les premières réflexions sur le sujet pourraient amener aux questions suivantes. La Chine ne cherche-t-elle pas à influencer sur la coopération Occident/Chine avec tous les dangers que cela représente pour nous ? Dans un contexte de crise mondiale, la Chine ne cherche-t-elle pas à tirer les prix vers le bas en faisant croire à ses fournisseurs que le temps leur est compté ?
Toujours est-il qu'aujourd'hui toutes les grandes industries aéronautiques mondiales participent à la naissance de cet hypothétique géant. Toujours sous couvert de maitrise de leurs technologies et surtout confiants de leur avance technologique ces constructeurs forment des ingénieurs et fabriquent des avions dans le pays. Une démarche qui peut sembler surprenante d'autant plus que dans le domaine militaire par exemple, les copies chinoises de matériels russe ou français vont bon train. Même si ces copies sont bien moins avancées que leurs modèles, le contrôle des firmes occidentales semble limité. Toujours selon Zhang Yunchuan, « la Chine dispose des bases économiques, technologiques et d'une expérience de production suffisante pour envisager de disposer d'un modèle propre d'avion long-courrier gros-porteur, d'ici à 2020. » Mais alors, d'où vient un tel savoir et ce, en aussi peu de temps ?
Dans tous les cas, référons-nous à la conquête de l'espace par la Chine, une avancée principalement dut à la coopération russe (voir nos articles sur les vols habités ou les sondes spatiales). Si le pays est en effet bien plus déterminé que beaucoup en Europe et ailleurs, il ne peut aujourd'hui pas compter sur ses propres connaissances pour assouvir ses ambitions. Par contre, l'influence ne semble pas être une technique étrangère à la classe dirigeante.
