L'exploration automatisée du système solaire à l'aide de sondes spatiales n'a émergé en Chine que depuis quelques années. En effet, la politique spatiale chinoise a préféré donner la priorité au développement de la flotte de satellites, notamment à des fins militaires, ainsi qu'au programme de vols habités.
Ceci peut s'expliquer, d'une part, par le fait que l'envoi de satellites militaires est une nécessité stratégique pour le gouvernement chinois (surveillance des activités militaires des autres pays, notamment ses voisins asiatiques, télécommunications militaires, etc.). D'autre part, les vols habités sont un instrument de propagande très efficace, aussi bien pour exacerber le sentiment patriotique de la population que pour s'affirmer comme puissance de premier plan sur la scène mondiale.
A l'heure actuelle, la Chine a investi principalement dans deux programmes de sondes automatiques, l'un pour l'exploration lunaire, l'autre pour l'exploration de Mars et de ses satellites. Dans les deux cas l'objectif affiché du gouvernement chinois est de préparer l'arrivée de taïkonautes sur ces deux astres.
La première partie du programme lunaire est arrivé à son terme le 1er mars 2009, lorsque la première sonde lunaire chinoise Chang'e 1, du nom d'une fée chinoise, s'est écrasée volontairement sur le sol lunaire. Elle fut lancée le 24 octobre 2007 depuis le Centre de lancement de XiChang, dans le Sichuan, à l'aide d'une fusée Longue-Marche 3.
Chang'e 1, d'une masse de 2 350 kg, était principalement destinée à établir une cartographie 3D de certaines régions de notre satellite naturel à l'aide d'une caméra stéréoscopique. Elle était aussi équipée de divers instruments scientifiques tels qu'un altimètre laser, un détecteur de micro-ondes ou encore un détecteur de particules solaires à hautes énergies, ces instruments pouvant fournir des données très précieuses en vue d'un envoi d'hommes sur le sol lunaire.
Cette mission fut un prélude en vue d'une exploration plus approfondie de notre satellite naturel. Dès l'an prochain la sonde Chang'e 2 sera lancée afin de déterminer de manière précise la zone d'atterrissage d'un rover lunaire en 2012, celui-ci servant à son tour à préparer une mission de retour d'échantillons lunaires pour 2017.
Cette progression rapide du programme chinois, moins de dix ans entre la mise en orbite de la première sonde et un retour d'échantillons, révèle une très grande ambition spatiale, qui pourrait culminer, si tout se passe comme l'a annoncé le gouvernement, à l'envoi d'hommes sur la Lune aux environ de 2020.
L'autre grand programme actuel a pour objectif Mars. En effet, en octobre devrait avoir lieu le lancement de la première sonde martienne chinoise, Yinghuo-1. Celle-ci sera lancée au moyen d'un lanceur russe Zenit et voyagera en compagnie de la sonde russe Fobos-Grount, à laquelle elle sera littéralement attachée durant tout le trajet vers la planète rouge. En effet, Yinghuo-1 se servira de l'énergie de la sonde russe pour atteindre Mars. Ensuite elle sera larguée pour atteindre son orbite et commencer sa mission d'un an. C'est après cette séparation qu'elle pourra enfin déployer ses propres panneaux solaires et devenir ainsi indépendante.
La sonde, d'un poids de 110 kg, aura pour mission d'étudier l'environnement extérieur de Mars, notamment sa magnétosphère et les interactions entre les particules solaires et l'ionosphère martienne. Elle effectuera aussi des expériences d'occultation avec la sonde russe Fobos-Grount.
Cette mission révèle une fois de plus le lien très fort qui uni la Russie et la Chine dans le domaine spatial, puisque cette dernière s'était déjà très largement inspirée des technologies russes pour développer ses vaisseaux habités Shenzhou, ceux-ci étant presque des copies des vaisseaux Soyouz dont les brevets avaient été achetés à la Russie. De même, les scaphandres utilisés pour la première sortie extravéhiculaire chinoise effecutée l'an dernier étaient des copies des scaphandres russes Orlan-M.
Les programmes d'exploration du système solaire ne sont donc visiblement pas une priorité pour le gouvernement chinois, puisque seule l'exploration lunaire est dotée de moyens importants. On peut en effet comparer ces programmes aux premiers programmes soviétiques, qui ont dès le départ cherché à atteindre d'autres planètes, en l'occurrence Vénus. On peut supposer que la Chine cherche à concentrer ses moyens sur son programme lunaire afin de devancer les Américains dans la course pour le retour de l'Homme sur la Lune, laissant l'exploration des autres planètes aux autres puissances spatiales, notamment l'Europe et les États-Unis.