Nous avions déjà largement évoqué les nombreux succès que la filiale italienne de Thales Alenia Space rencontre dans le secteur des vols habités, avec notamment le développement de plusieurs modules de la Station Spatiale Internationale (ISS) et d'une partie du futur vaisseau habité américain.
Mais la branche française du groupe, basée principalement à Cannes, n'est pas non plus en reste. Elle vient en effet de supplanter EADS Astrium dans la compétition pour le méga-contrat des satellites Meteosat de Troisième Génération (MTG), évalué à plus de 1,4Md€.
Il concerne le développement et la construction de six satellites MTG, quatre en version MTG-I et deux en version MTG-S. La constellation ainsi constituée permettra de fournir à l'organisation météorologique européenne EUMETSAT des données météos toujours plus précises.
Lors du Conseil Ministériel de l'ESA de novembre 2008, la France et l'Allemagne avaient fixé leur participation à 34% chacune. Le contrat étant constitué de quatre lots indépendants (la maîtrise d'œuvre, la plate-forme commune, l'imageur et le sondeur), chacun des deux pays devait en recevoir deux, ce qui devait garantir un juste retour géographique.
Mais l'offre allemande d'Astrium ne portait que sur deux de ces quatre lots. Ainsi, la filiale d'EADS était sure de les obtenir, étant donné que l'Allemagne était « obligée » de se voir attribuer deux lots. Et personne ne s'étonnera que les deux lots choisis par Astrium étaient justement les plus intéressants (maîtrise d'œuvre et sondeur).
L'ESA devait donner sa réponse en décembre 2009, mais elle a voulu plus d'informations sur les propositions techniques des deux candidats, et la décision a été reportée à mars 2010. Elle n'est pas facile à prendre, notamment parce qu'aucun des candidats n'a de réelle expérience dans ce qu'on lui demande. Les MTG seront des satellites géostationnaires stabilisés trois axes, et ni la filiale allemande d'Astrium, ni la filiale française de Thales n'a déjà construit de tels appareils.
Mais en 2009, Thales a su faire la différence en s'alliant à OHB-Systems, une entreprise qui possède le double avantage d'être allemande et d'avoir l'expérience technique nécessaire. La proposition commune garantit alors un juste retour géographique de chaque côté du Rhin.
Et la semaine dernière, l'ESA a annoncé sans surprise qu'elle sélectionnait l'offre Thales-OHB... C'est un coup dur pour Astrium, qui s'est déjà vu rafler le contrat de la première tranche des satellites Galileo.
En outre, cette affaire met en lumière le succès toujours plus important d'OHB, une petite société allemande qui s'est lancée dans le spatial dans les années 1980, et qui développe aujourd'hui des satellites et des sondes interplanétaires pour l'ESA, tout comme pour les Forces armées allemandes.
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