Au fil du temps nous observons avec plus ou moins de scepticisme les annonces faites par la République islamique d’Iran. Le constat est souvent mitigé entre effet d’annonces et réelles avancées techniques. Une nouvelle fois, le pays présente le prototype de son premier drone à long rayon d'action. Un drone armée et capable de « couper les mains de l'agresseur avant-même qu'il ait décidé de nous agresser ».

C’est un mois chargé en annonce pour l’Iran. Entre le test a priori réussi d’un nouveau missile sol-sol Qiam, d'une portée de 1.500 kilomètres, l’inauguration de deux lignes de production de vedettes rapides «Seraj» et «Zolfagar» ou encore le lancement de la centrale nucléaire de Bouhcher, la république islamique développe son industrie à tout va. Entre souveraineté et conquête des esprits, l’Iran semble avoir plus d’un tour dans son sac.

La présentation du Karrar.

L'Iran a dévoilé dimanche 22 août le prototype de son premier drone à long rayon d'action, le Karrar (assaillant, en persan), présenté comme une réponse aux "agresseurs" de la république islamique. Si ses caractéristiques techniques n’ont pas étaient dévoilées, l’engin n’est pour le moment qu’un prototype. La route est encore longue pour que les ingénieurs iraniens puissent se vanter de posséder un drone de combat opérationnel.

Les seuls éléments techniques dévoilés par la télévision d’état font état d’un engin turbopropulsé ce qui lui permettra d'atteindre une vitesse de 900 km/h et d’emporter différents types de bombes et missiles.

Le développement d’un tel drone n’est pas donné à tout le monde et démontre de la capacité iranienne à enrichir son industrie aéronautique de défense. Le pays rejoint un club très fermé de nations capables de fournir un tel démonstrateur. Un groupe représenté par les Etats-Unis et Israël mais dont fait aussi partie la France.

En attendant, ce drone est le «symbole du progrès de l'industrie de défense de l'Iran», a affirmé le ministre de la Défense, le général Ahmad Vahidi, lors de la cérémonie à laquelle assistait également le président Mahmoud Ahmadinejad. Le Karrar vient s’ajouter à une gamme de drones déjà existante et produite sur le sol iranien.

Un enjeu géostratégique majeur.

Au-delà de la prouesse technique d’un drone dont on ne sait pas, ni si il vole, ni de quoi il sera capable, c’est avant tout un message de souveraineté que lance l’Iran à destination de ses détracteur. En tête, Israël qui s’affiche par ailleurs comme un leader de l’industrie des drones mondiale. Avec un rayon d’action de 1000 kilomètres, selon les médias, l’Etat hébreu est à portée de feu. A ceci prêt que le drone n’est, rappellons-le pas encore opérationnel. A titre d’exemple, le démonstrateur du nEUROn (Petit Duc) porté par la France et Dassault Aviation a volé pour la première fois au cours du troisième trimestre 2004. Et il n’est pas encore opérationnel dans les forces.

« S'il existait un ignorant, un égoïste ou un tyran pour vouloir nous agresser, eh bien (qu'il sache que) notre ministère de la Défense est arrivé au niveau suffisant pour couper les mains de l'agresseur avant-même qu'il ait décidé de nous agresser », a déclaré le président iranien, Mahmoud Ahmadinejad.

« Nous ne voulons agresser personne, l'Iran ne décidera jamais de mener une agression, mais notre révolution ne peut rester les bras croisés face à la tyrannie, nous ne pouvons rester indifférents », a-t-il ajouté.

Officiellement, le Karrar a donc pour vocation de protéger la souveraineté du pays ainsi que son programme nucléaire controversé. La centrale nucléaire de Bouhcher (sud-ouest) a ainsi été inauguré cette même semaine. De conception russe et d'une capacité de 1.000 mégawatts, il s'agit du premier réacteur de production d'électricité nucléaire de l'histoire de l'Iran.

Au-delà du ciel, l’espace reste une priorité nationale.

La conquête spatiale semble vraiment être l’affaire des nations en voie de développement. Pour s’affirmer sur la scène internationale, quoi de mieux que de repousser les limites de la techniques, de la science et de ses frontières dans l’espace ? Comme l’Inde ou la Chine, l’industrie spatiale iranienne met les bouchées doubles pour vivre son rêve en apesanteur.

Ainsi, l’Iran réaffirmait le 24 juillet dernier son ambition d'effectuer son premier vol piloté en 2019. « Au départ, il était prévu d'envoyer un astronaute avant 2024. Mais la semaine dernière, le gouvernement a pris la décision de le faire plus tôt, en 2019 », a affirmé M. Ahmadinejad cité par l'agence iranienne ISNA.

Selon lui, la pression exercée par l'Occident et les nouvelles sanctions décrétées contre Téhéran l'ont poussé à accélérer les préparatifs du vol habité. Toujours est-il que la Chine a déjà réussi la mise en orbite de son premier cosmonaute. Si les ambitions n’ont pas la même échelle, la finalité est identique.

De plus, début juillet, le ministre iranien des Télécommunications Reza Taghipour a déclaré que Téhéran projetait de lancer un nouveau satellite, Rasad-1 (Observateur), au cours de la dernière semaine d'août. Nous sommes toujours dans l’attente d’un tel lancement.

En février 2008, la République islamique a effectué le premier test du lanceur Kavoshgar destiné à placer sur orbite le premier satellite iranien. En novembre de la même année, Téhéran a tiré son deuxième lanceur Kavoshgar avec du matériel scientifique à bord. Quarante minutes après le lancement, le module largable s'est posé en douceur sur la Terre. Selon les médias iraniens, l'appareil a mesuré la pression atmosphérique et la vitesse du vent à différentes altitudes.

Ainsi, entre espace et activité de défense aérienne, l’Iran soulève de plus en plus d’interrogations notamment en Occident. Dans son contexte régional, le pays fait aussi de plus en plus figure de moteur face à des puissances occidentales enlisées dans une crise qui laisse le champ libre à d’autres acteurs, plus dynamiques.

A lire aussi : "Drone : l'Europe hésite... l'Iran avance" ou encore "Iran, 9ème puissance spatiale".