L’effondrement du bloc soviétique a fait reculer l’influence de Moscou au Moyen-Orient. L’ex-URSS, qui pourtant pouvait se vanter d’une position avantageuse dans cette région, y est aujourd’hui plus en retrait.
Cependant, la Russie recommence à gagner en importance avec notamment un rapprochement avec son ancien allié, la Syrie. Un rapprochement qui pourrait lui rouvrir les portes de la région avec en ligne de mire une série de contrats de Défense.
Ce recul de la Russie peut être symbolisé par une campagne en Afghanistan durant laquelle les Russes ont dû abandonner du terrain face une opération magistralement organisée par la CIA. A ce moment là, Moscou à laissé la place à d’autres forces occidentale comme la France, la Grande Bretagne et bien sûr les Etats-Unis.
Cependant, la Russie tente un retour en force dans la région. On pense par exemple avec ses relations sulfureuses avec l’Iran ou à son implication dans le processus de paix.
Rebâtir des relations tombées avec l’ex-URSS.
Les 10 et 11 mai, le Président russe Dmitri Medvedev se rendait pour la première fois en Syrie. Une visite très symbolique alors que le Président Asad s’est lui rendu trois fois à Moscou en 2005, 2006 et 2008. A l’occasion de cette rencontre, les deux Présidents ont confirmé une série d’accords dans les domaines de la Défense, de l’environnement, du tourisme et de la recherche scientifique. Ils ont parlé infrastructures pour l’énergie et relations internationales avec notamment les relations avec le Liban, la situation en Irak et en Iran. Une commission a aussi été créée pour étudier une coopération stratégique plus poussée.
Alors quand dans les années 1970 la Syrie était le principal allié de l’URSS, les relations entre les deux nations se sont sensiblement rafraîchies. Pour cause, la Syrie devait se rapprocher de la cause arabe après la destitution de son allié russe. A la fin de la première guerre du Golfe, le dirigeant syrien Hafez el-Assad a privilégié une politique liant dorénavant le sort de son pays et de son régime aux Etats-Unis. La Syrie participera à l’opération Tempête du Désert en s’alliant à la coalition menée par les Américains. Il a voulu emprunter ce chemin vers Washington et lorsqu’il comprit qu’il devait obligatoirement faire étape à Jérusalem, il a choisi la voie de la réconciliation avec le monde arabe. Quelques années plus tard, les relations avec la Russie ont repris profitant du désir de bâtir un front contre l’Occident dans la région.
Aujourd’hui à la vue de sa situation internationale, la Syrie s’est à nouveau rapprochée de la Russie, qui adopte une autre stratégie que la France par exemple. Alors que la France a tenté de jouer la réconciliation notamment au travers de l’Union pour la Méditerranée qui se révèle aujourd’hui être au point mort, Moscou a adopté une autre stratégie. En effet, les Russes ont cautionné le programme nucléaire syrien, ses activités au Liban, ses relations avec le Hezbollah ou le Hamas et sa coopération avec l’Iran.
Des MiG-29 mais aussi des MiG-31 prendront le chemin de la Syrie.
La coopération est donc repartie du bon pied surtout depuis que l’ancien Président et actuel Premier Ministre russe Vladimir Poutine a annulé 73% de la dette syrienne à l’égard de l’ex-Union soviétique. Du coup, Damas scelle de nouveaux accords d’armements avec son allié russe. Moscou va fournir des MiG-29 et des systèmes de défense aérienne d’ancienne génération. Des véhicules blindés sont annoncés tout comme des missiles courte portée Pantsir.
Mais du matériel parfois plus avancé est aussi concerné par ces tractations : des MiG-31E, des missiles sol-air S-300 et des missiles sol-sol Askandar-2. Ces armes n’ont pas encore été livrés pour satisfaire à l’équilibre fragile de la région. La stratégie russe n’est pas prête de changer d’autant plus que la marine utilise le port de Tartous pour ses manœuvres et quelle aide à rénover.
Revenir en Syrie pour se réaffirmer en temps qu’acteur important au Moyen-Orient.
Le Président Medvedev continue d’affirmer sa vision d’un Moyen-Orient libre de ses choix dans le domaine civil. La Syrie souhaite d’ailleurs se doter d’un réacteur nucléaire à usage civil. Un choix qui soulève différentes réactions mais qui reste appuyé par Moscou. Dans tous les cas, la stratégie russe pourrait s’avérer payante pour restaurer l’influence russe dans la région. Car au-delà des contrats syriens, Moscou se positionne pour devenir un acteur indépendant incontournable du dialogue entre les différents acteurs au Moyen Orient.
A titre d'exemple, le président Medvedev a rencontré à la mi-mars le roi de Jordanie Abdallah II au Kremlin. "De bons rapports se sont instaurés entre nos Etats", a déclaré le président russe au début des négociations, ajoutant que les visites du roi en Russie étaient "régulières".
"Nos pays assument une responsabilité sérieuse dans le règlement des problèmes régionaux", a ajouté M. Medvedev, avant d'insister sur la nécessité de "coordonner la solution des problèmes proche-orientaux". Parmi d'autres thèmes des négociations, le président a fait ressortir "des projets économiques conjoints, la coopération en matière de Défense et la coopération humanitaire".
Le roi de Jordanie s'est de son côté félicité des "rapports privilégiés" entre Amman et Moscou. "Nos rapports ne cessent de s'améliorer, nos acquis sont importants sur le volet économique de notre coopération", a-t-il indiqué. "La Russie joue un rôle de poids dans notre région, notamment dans le règlement du conflit palestino-israélien", a ajouté Abdallah II, avant d'exprimer l'espoir de voir Moscou continuer d'"apporter sa contribution au règlement des problèmes liés à l'implantation de colonies juives, pour rapprocher les peuples palestinien et israélien".
Mais c’est un jeu difficile qu’a choisi la diplomatie russe. En se rapprochant notamment de la Turquie, membre de l’OTAN, elle se place à la fois en temps qu’acteur dans les négociations mais aussi en porte à faux sur certains dossiers comme l’Iran où elle doit composer entre Occident et alliés locaux. La Turquie vient quand à elle de déployer des systèmes anti-aériens le long de sa frontière avec la Syrie. Ceci pour éventuellement contrer toute attaque surprise israélienne ou américaine sur l'Iran ou la Syrie.
Michael Colaone.
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