Aeroplans - Dassault RafaleAlors que Dassault semble en bonne position pour remporter le beau contrat de renouvellement des appareils de la Força Aérea Brasileira (FAB), ses derniers concurrents que sont le Suédois Saab et l'Américain Boeing viennent de déplacer ce qui pourrait bien être leurs derniers pions dans ce jeu d'échec jusque là bien mené par les Français. Plus qu'une compétition commerciale, le jeu du lobbying sera plus que jamais déterminant.


Le contrat pour 36 avions de chasse au Brésil est particulièrement important pour l'industrie aéronautique de Défense française puisque ce serait le premier succès du Rafale à l'export. Puisque l'annonce pourrait subvenir en septembre lors de la prochaine rencontre entre le Président de la République, M. Nicolas Sarkozy, et le Président Lula, la vente du Rafale au Brésil serait officialisée avant celle aux Emirats arabes unis. Si ces deux contrats sont loin d'être conclus, certains éléments placent le grand public et les supporters de l'avion français dans une situation de pseudo confiance. Mais une fois de plus, la concurrence est rude et ne manque pas de ressources.


Le revirement américain et la recherche de pouvoir suédoise.

Aeroplans - JAS-39 Gripen
Face au F-18 de Boeing, le Rafale fait un peu figure de petit poucet face à une armada américaine toujours aussi puissante. Or, depuis quelques années le Congrès et les représentants politiques des Etats-Unis refusent de partager bon nombre de leurs technologies et ce, surtout dans la Défense. Si l'on comprend le désire de sauvegarde du savoir faire américain, puisque nous avons-nous-même critiqué l'aventure parfois perçue comme hasardeuse des Français, les équipes de Boeing ont du mal à se positionner sur un marché où les transferts de technologies sont cruciaux.

Dassault, de son côté, a clairement fait savoir qu'une partie des composants du Rafale seront fabriqués au Brésil et que son avionneur national, Embraer sera associé à sa réalisation. Mais cela était sans compter la formidable réactivité américaine puisque la secrétaire d'Etat Hillary Clinton vient d'adresser une lettre à son homologue Celso Amorim, pour lui signifier son engagement solennel à honorer les transferts de technologie requis par le gouvernement brésilien. Coup de théâtre donc, les Américains de veulent pas baisser les bras sur un marché au fort potentiel. Il faut dire que le contexte n'est pas des plus favorables, et un beau contrat donnerait un peu d'air aux Etats-Unis.


Aeroplans - Boeing F/A-18Malgré tout, la décision des Américains pourrait toujours être inefficace compte tenu de leur politique dans la région. Si l'Amérique du sud est toujours considérée comme le pré carré des Etats-Unis, des puissances émergentes comme le Brésil veulent s'affranchir de cette domination. De plus, l'ingérence américaine dans des pays comme le Venezuela ayant porté atteinte à la vente d'avions Embraer sous prétexte qu'ils embarquaient des composants fabriqués aux Etats-Unis ne sera pas un atout majeur dans cette négociation. Reste que la tentative d'intimidation est bien faite, notamment de la part de la Defense Cooperation Security Agency est de sa liste de courses au Congrès incluant 18 F/A-18 E et F pour le Brésil.


De leur côté, les Français continuent de jouer la carte du partenaire constructif. Outre des accords de Défense importants, l'incursion d'Eurocopter et d'éventuels échanges de savoir dans le domaine spatial, la France fait miroiter une offre importante pour le Brésil, celle de se doter d'une réelle industrie aéronautique de Défense.


De leur côté les Suédois manquent un peu d'influence dans cette partie du monde. Pourtant ils aimeraient bien vendre quelques Gripen alors que la Défense nationale a diminué le nombre de commandes initialement prévues. Ceci sans reparler des turbulences que l'avionneur doit encore traverser en Thaïlande. Si le JAS-39 reste un bon appareil, il faut également rappeler qu'il ne serait pas tout à fait adapté au territoire brésilien.


La guerre des lobbyistes sera sanglante.

Aeroplans - Lula Sarkozy
L'élément le plus nouveau vient néanmoins de ce qui pourrait être considéré comme l'issue probable de cette compétition. En effet, l'affaire prend maintenant plus de temps pour la FAB et la décision pourrait être purement et simplement être prise pour des raisons politiques. Si l'on enlève aujourd'hui la dimension transferts de technologies, il ne reste quasiment plus que l'influence politique compte tenu des offres finales des compétiteurs.


De notre avis, c'est une bataille de lobbying sanglante qui se profile alors puisque le Président Lula et son ministre brésilien de la Défense, Nelson Jobim, pourtant favorables au Rafale pourraient avoir à convoquer le Conseil national de Défense - qui réunit les présidents des deux chambres du Congrès, outre plusieurs ministres et commandants de l'armée - pour choisir le vainqueur de ce contrat d'au moins 1,6 milliard d'euros.


Or rien ne garantie pour les spectateurs que nous sommes que ces membres de la commission ne soient pas sous la houlette des Américains ou des Suédois. Si l'on ne connait pas les relations qu'entretiennent ces membres aves les autorités des pays concernés, ces dernières seront déterminantes si l'on en arrive là.


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