Entre scandale financier et instabilité de ses clients, le JAS-29 Gripen, pourtant triomphant dans sa commercialisation de par le monde, est aujourd'hui en difficulté. Un contre temps pour un appareil qui a toujours un fort potentiel pour beaucoup de nations sur la planète. Avec des qualités de vol de tout premier ordre, un prix attractif et une tactique de vente plutôt efficace, le Gripen dont la maitrise d'œuvre appartient au Suédois Saab devrait parvenir à se tirer de ce mauvais pas dans les plus brefs délais.
Déjà cette année, le principal client de l'avionneur suédois, à savoir la Suède, n'a pas eu d'autre choix que de revoir à la baisse son nombre de commandes pour son armée de l'air. Coup dur pour un appareil principalement produit par ce pays, mais rien de dramatique. En effet, l'avion s'exporte pour l'instant plutôt bien puisque l'Afrique du Sud prend actuellement livraison de ses 26 exemplaires et, la Hongrie et la République tchèque louent 12 monoplaces et 2 biplaces depuis 2005. Un chiffre pour l'instant suffisant pour maintenir la cadence des unités de production de Saab mais pas pour l'éternité.
Pour assurer pleinement le succès commercial de l'avion, la Suède doit encore trouver des clients hors de ses frontières. Il participe actuellement aux principaux appels d'offres, et ce au même titre que ses frères ennemis, l'Eurofighter et le Rafale. Il fait d'ailleurs partie des finalistes pour le contrat brésilien même si le Rafale pourrait bien rafler la mise. Si c'est un bon avion, le Gripen pâtit tout de même de certains défauts : son rayon d'action et son mono réacteur en tête.
Outre la défection de la couronne suédoise, le Gripen doit faire face à une affaire judiciaire impliquant son partenaire Britannique, BAe Systems. Une affaire durant laquelle la justice suédoise aura cherché à démontrer de la culpabilité de Saab puisque des éléments indiqueraient que le constructeur est impliqué dans le versement d'importantes sommes d'argent dissimulées pour ses clients dont nous parlions précédemment. Le procureur a néanmoins classé l'affaire faute de preuves, mais l'affaire continue de faire des remous dans le pays comme ailleurs.
En effet, durant l'enquête le parquet a put constater le manque de moyens mis à disposition pour récolter des preuves. Reste qu'après l'audition d'une trentaine de responsables des sociétés, aucun élément ne peut prouver que Saab ou Gripen International (la société de commercialisation du JAS-39) n'aient participé à ces versements et donc qu'eux et BAe soient passés outre la loi suédoise. Reste que tout ceci est une mauvaise publicité (si tant est qu'elle ait une réelle répercussion sur les clients potentiels) pour l'avion à un moment où il n'en a pas besoin.
La Thaïlande vient s'ajouter aux problèmes de l'appareil. Si le pays a tout comme ses voisins une histoire complexe, un passé qui fut souvent agité, depuis 2006 le pays aura subit deux coups d'états dont le dernier aura lieu l'année dernière. Cette instabilité politique ne favorise logiquement pas la stabilité des dépenses militaires alors même qu'il a signé avec l'avionneur suédois pour la fourniture de 12 exemplaires originellement livrables à partir de 2010. Or, le budget de la Royal Thaï Army vient justement d'être allégé pour passer de 171 milliards de bahts pour l'exercice 2008 à 151 milliards pour 2009. Cette baisse soudaine dans le budget de son client intervient au mauvais moment pour le Gripen qui pourrait voir ses commandes perturbées. Les 30 chasseurs-bombardiers F-5 Tiger en service en Thaïlande pourraient alors voir leur retrait repoussé à une période qui reste encore indéterminée.
Si tous ces éléments sont problématiques, le premier chasseur multi-rôles fabriqué en Suède reste un appareil performant, bénéficiant des savoir-faires européens et américains, et l'Afrique du sud affirme en être tout à fait satisfaite.