Aeroplans - Dassault RafaleOn sent qu'un dénouement heureux est proche mais comme toujours, il est difficile d'en savoir plus. Si la discrétion est synonyme d'efficacité pour la vente de notre Rafale national, les observateurs ne peuvent que se fier qu'à leur jugement pour pronostiquer sur le premier acquéreur de l'avion de Dassault Aviation. Les Emirats Arabes Unis ou le Brésil, les candidats les plus sérieux aujourd'hui semblent proches d'un engagement sans pour autant que l'on en ait le cœur net.


Si les Emirats en seraient à discuter le prix des avions grand luxe qu'ils comptent se procurer, les Brésiliens pourraient annoncer lors de la prochaine visite dans le pays du président de la République Française, M. Nicolas Sarkozy, le 7 septembre 2009, la commande de 36 appareils.
La coopération entre les industries de défense française et brésilienne est largement passée à la vitesse supérieure. Déjà l'auteur d'une annonce importante de commandes plus tôt dans l'année, le président Sarkozy pourrait officiellement rendre publique avec son homologue brésilien Luis Inacio Lula da Silva, la vente par Dassault Aviation de 36 Rafale pour l'armée de l'air brésilienne.


Ce pas en avant, s'il est important tant aussi bien du côté français pour la première vente à l'étranger de l'avion et du côté brésilien pour la modernisation de son armée, s'inscrit dans une démarche globale où le Brésil a clairement choisi la France comme partenaire de Défense. Si les liens entre nos deux pays sont historiquement bons, la tâche fut ardue pour un Brésil logiquement sous l'influence américaine. Or aujourd'hui, le pays cherche à s'émanciper de cette chasse gardée des Etats-Unis en Amérique Latine et c'est ainsi que les armées brésiliennes ont choisi de largement s'équiper en matériel français.


Si le pays en a évidement les moyens avec son statut de pays émergent particulièrement dynamique, la vente du Rafale ne se fera pas sans un transfert de technologie massif. En effet, les déclarations officielles sont claires : « nous proposons de développer leur aviation militaire ensemble avec des transferts de technologie ». Le sujet a largement été traité sur ce site et nous n'y reviendrons pas, ces transferts de technologies, s'ils nous permettent de vendre demain notre appareil au Brésil, pourraient bien se retourner contre nous.


Si Embraer ne sait pas encore développer en propre les technologies du Rafale, rien ne dit que demain il ne nous concurrencera pas sur ce marché. Rappelons encore qu'aujourd'hui, nous n'avons pas encore eu vent de la mise en chantier d'un remplaçant pour le Rafale. De plus, si les Européens commencent à prendre conscience de la richesse de leur savoir en le protégeant, une telle exposition au Brésil ne garantira pas la maîtrise de ce dernier. Bizarrement, les Américains protègent coûte que coûte leurs technologies. Pour la vente du F-18 Super Hornet dans ce même pays, les transferts de technologie ne concernaient pas les systèmes sensibles de l'appareil.

Aeroplans - F-18 SHReste que la vente de ces 36 Rafale permettrait enfin aux supporters de l'avion de sabrer le champagne. Si l'avion a été particulièrement controversé grâce à une action d'influence toujours aussi active des Etats-Unis et parfois même des Européens, les marchés exports lui restent bel et bien ouverts. Grâce à la participation de BRT 29 sur notre site que nous remercions au passage, nous avons même pu remarquer que la presse locale apportait de l'eau à notre moulin. Sur le site infodefensa.com, on remarque donc que le Rafale serait en « position privilégiée » pour la vente de ces 36 exemplaires à l'armée de l'air alors que la « dernière et meilleur offre » a été remise par Boeing, Saab et Dassault en juin dernier. Le Rafale est toujours en lice contre le F-18 Super Hornet et le JAS-39 Gripen NG. La déclaration du ministre brésilien de la Défense Nelson Jobim continue d'encourager les observateurs dans la voix d'un dénouement heureux. Il faut dire que les Français mettent clairement les moyens pour séduire les Brésiliens. Pour ne citer qu'eux, déjà 4 sous-marins de classe Scorpène et 50 hélicoptères de transport militaires EC-725 viennent garnir les carnets de commande d'Eurocopter et de DCNS.


Eurocopter qui s'est lui aussi engagé à transférer une partie de ses technologies au Brésil. En effet, d'ici 10 ans le Brésil sera en mesure de concevoir et produire un hélicoptère de A à Z grâce à l'action d'Eurocopter dans ce pays. Toujours dans le but de développer l'industrie de défense Brésilienne, Eurocopter va donc assembler directement ces 50 appareils via sa filiale Helibras (groupe EADS). "Nous allons utiliser ce contrat pour créer des capacités au Brésil ces prochaines années en termes d'ingénierie, de production, de maintenance..." pour aboutir à "la capacité de concevoir des hélicoptères", a dit le PDG d'Eurocopter ».

Aeroplans - Dassault RafaleDans un autre registre, les Français et les Brésilien continuent de coopérer via la Guyane. Si le pont sur l'Oyapock continue d'avancer depuis sa mise en chantier en 1997, la proximité entre la France et le Brésil ne cesse de grandir. Outre une coopération dans l'étude et la préservation de la faune amazonienne, la France compterait accueillir au sein de son Centre Spatial Guyanais (base gérée par la France, même si elle y accueille l'ESA) des ingénieurs brésiliens.


La nouvelle est plutôt attrayante pour le Brésil puisque son industrie spatiale rencontre énormément de difficultés et ce, notamment dans le domaine des lanceurs. Comparée à l'exceptionnel succès d'Ariane 5, il semble logique que les Brésiliens aient envi de venir voir d'un peu plus près ce qu'il se passe à Kourou. Ceci alors que la prochaine génération de lanceurs européens semble enfin sur les rails, contrairement à la prochaine génération de chasseurs français.


Si nous sommes les premiers sceptiques quand aux transferts de technologies liées à ces « contrats » entre le Brésil et la France, nous n'oublions pas que développer l'industrie d'un pays comme le Brésil est une aventure que la France ne doit pas laisser passer. Aussi périlleuse qu'intéressante, cette histoire commune sera surement un atout pour la France dans l'avenir. En permettant à une industrie de défense Brésilienne de se développer, l'image de notre pays se renforcera à travers le monde.


Plus que des promesses, ce sont des actes concrets qui se mettent en place en Amérique du sud et ceci, autant dans l'intérêt de la France que de son partenaire. La stratégie américaine appliquée depuis des années dans le monde entier semble avoir fait des émules. Pourquoi se priver d'une stratégie qui n'a rapporté à son maitre d'œuvre que des succès et des richesses ? Reste que les Américains sont peut-être plus prudents que nous le sommes aujourd'hui, mais peut-être n'est-ce qu'une impression ?


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