A l’image du marché de l’aérien mondial, le mariage entre la compagnie espagnole et la compagnie britannique est soumis à des turbulences de plus en plus nombreuses. Iberia passe aujourd’hui à l’offensive avec une déclaration qui, même si elle ne remet pas en cause une fusion avec British Airways, stimulera peut-être les Anglais. Le directeur financier d’Iberia, Enrique Dupuy, évoque alors la possibilité pour sa compagnie de fusionner avec Air France – KLM ou Lufthansa.
En février dernier, les dés semblaient quasiment jetés pour la fusion hispano-anglaise. Le premier actionnaire de la compagnie, la caisse d’épargne Caja Madrid, déclarait ainsi qu’un accord était proche. On apprenait même que seuls 60% d’Iberia passeraient alors dans les mains britanniques. L’affaire suivait son cours et seule la répartition précise du capital (rendue déjà difficile par la chute du cours de l’action BA à Londres), l’adresse du siège et le partage des responsabilités étaient encore en discussion.
Seulement, dès le mois d’avril l’horizon d’Iberia et de son homologue anglais s’assombrissait. Pour cause de crise dans le secteur au niveau mondial, Iberia sera dans l’obligation en mai de repousser sa fusion. La compagnie doit alors se concentrer sur ses difficultés grandissantes et son plan de redressement. Dans les deux camps ces complications vont certainement remettre à plat tout le projet de fusion.
Iberia reste cependant au contact avec une compagnie anglaise qui semble vouloir jouer la montre. Une telle fusion pour les Espagnols représenterait des économies et une protection financière supplémentaire alors que le plan d’urgence de la compagnie prend de plus en plus d’ampleur. Toujours concentré sur ses affaires, le président d’Iberia Fernando Conte déclare régulièrement que les négociations continuent. Mais a priori, la compagnie ibérique voudrait bien accélérer les choses puisque, toujours via son président, le transporteur annonce qu’une fusion avec Air France – KLM ou Lufthansa n’est pas exclue et est même jugée tout à fait adéquate. Si les options avaient été longuement étudiées à l’époque, elles occupent à nouveau le devant de la scène.
Notons tout de même qu’aucun contact ne semble avoir été pris avec les groupes franco-néerlandais et allemand. Cette manœuvre nous fait alors penser à une petite attaque informationnelle de la part d’Iberia. Même si les Espagnols restaient sur leur position initiale, une telle provocation va faire réagir les Anglais. Ceci ne serait-ce qu’en raison de la compétition grandissante entre les trois grands transporteurs européens sus nommés. La bataille du ciel européen passe aussi par l’Espagne et toutes ses destinations vers l’Amérique latine.
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