La fusion était envisagée depuis trois ans entre British Airways (BA) et Iberia, et c'est maintenant officiel depuis le 8 avril. Les deux compagnies vont donner naissance au troisième acteur européen du transport aérien. Une fusion qui sera définitive d'ici la fin de cette année. Après Air France et KLM en 2004, Lufthansa et Swiss en 2005, c'est au tour des compagnies britannique et espagnole de s'allier. Une consolidation nécessaire alors que l'offensive des low-costs continue. Les grands transporteursne cessent de réévaluer leurs modèles économiques pour faire de nouvelles économies et résister à la concurrence.

Pour le moment, les communiqués restent avares en détails. On sait pourtant que les deux compagnies garderont leurs couleurs et leurs noms. Les opérations continueront d'être menées de manière autonome. L'ensemble devrait cependant être nommé « TopCo » tandis que la holding s'appellera International Consolidated Airlines Group SA, ou «International Airlines Group» en abrégé.

La cotation du troisième transporteur européen est prévue à Londres, où se trouvera son siège, et à Madrid puisque la compagnie sera de droit espagnol. British Airways pèse actuellement 2,76 milliards d'euros et Iberia 2,13 milliards. Le nouvel ensemble vaudrait donc 4,9 milliards. Il dépasserait largement Air France-KLM, qui est valorisé à hauteur de 3,3 milliards, et serait proche de Lufthansa qui pèse un peu plus de 5 milliards. Le prochain ensemble pourra se venter d'un chiffre d'affaires cumulé de 15 milliards d'euros et plus de 52 millions de passagers transportés.

Un partage d'égal à égal pour le futur capital.

La nouvelle compagnie sera détenue à 55 % par les actionnaires de British Airways et à 45 % par ceux d'Iberia. A l'heure actuelle, British Airways détient déjà 13,15 % d'Iberia, et la compagnie espagnole, 9,07 % de la britannique. Cette fusion n'est finalement que le fruit d'une coopération qui s'accroit depuis des années. L'alliance One World accueille les deux compagnies qui n'ont de cesse de développer leurs réseaux communs. Ainsi, les passagers britanniques souhaitant se rendre en Amérique Latine passent déjà régulièrement par Madrid. Forte de son réseau transatlantique performant, British Airways transporte beaucoup de passagers espagnols. Un échange renforcé par d'excellentes relations avec une autre compagnie membre de One World, American Airlines avec laquelle elles ont des accords de coopération sur les vols transatlantiques. La compagnie américaine se porte d'ailleurs bien et enregistre un coefficient de remplissage moyen de 81,7%, en hausse de 2,6 points comparé à la même période de l'an dernier. Un renforcement des opérations entre BA et American serait d'ailleurs à l'étude.

Si la consolidation a été en vogue en Europe alors que l'on se souvient de l'appétit de Lufthansa et de la fusion Air France - KLM, cette nouvelle fusion pourrait relancer la consolidation dans le ciel européen. Si l'alliance BA-Iberia n'est pas révolutionnaire, elle symbolise le renforcement des trois grands pôles que constituent les alliances commerciales : SkyTeam, Star Alliance et One World. Pour les Britanniques et les Espagnols, ils s'agissaient aussi de ne plus se laisser distancer par les deux géants franco-néerlandais et germano-suisse. Un retour au contact que doivent encore autoriser les actionnaires et la Commission Européenne.

Attendre le bon moment pour fusionner.

Cet accord de fusion fait suite à une précédente tentative commencée il y a deux ans. British Airways et le fond d'investissements Texas Pacific Group proposaient un schéma un peu différent puisque les Britanniques devaient acquérir 60% d'une holding commune. Cependant, cette tentative était restée infructueuse en raison de la crise économique, d'affaires internes à BA et à la chute de livre sterling face à l'euro.

Cette fusion va surtout permettre de dégager de précieuses économies pour les deux compagnies. Les synergies potentielles entre British Airways et Iberia sont en effet chiffrées à 400 millions d'euros d'ici à cinq ans. Ceci alors que les deux réseaux vont être de plus en plus complémentaires. A l'image de la fusion Air France - KLM, BA et Iberia vont profiter des forces du réseau de l'autre pour motiver leur croissance. De plus, ils pourront se livrer à une nouvelle stratégie multi-hub entre Londres et Madrid. D'ailleurs, si Air France commente sobrement cette fusion, elle ne fait pas ses affaires. Déjà très efficace sur les routes entre l'Europe et les Etats-Unis, BA et son acolyte vont intensifier leurs liaisons. On se souvient aussi que BA intensifie son activité au départ de Paris toujours vers l'Amérique du Nord. Notamment via sa filiale OpenSkies, elle ouvrira d'ici le 3 mai une nouvelle liaison entre Washigton Dulles et Paris Orly. De plus, le traffic entre Paris et Londres reste dynamique. BA vient même de remplacer certains appareils de la famille A320 par des Boeing 767-300ER. ls passent de 117 dans l'A319, 145 dans l'A320 et 165 dans l'A321 à 243 dans le Boeing 767-300ER et offrent plus de possibilités notamment aux voyageurs d'affaires.

La troisième flotte d'Europe n'est pas très homogène.

La fusion créera une compagnie exploitant plus de 400 appareils et desservant 200 destinations. Si les réseaux sont complémentaires, les flottes de British Airways et d'Iberia diffèrent. Sur les réseaux courts et moyen-courrier, les deux compagnies ont toute deux fait le choix Airbus. Pas de problème à ce niveau là donc puisque ce sont des A318, A319, A320 et A321 qui garnissent les hangars britanniques et espagnols. Par contre, les flottes long-courrier sont sensiblement différentes. Iberia exploite des A340 tandis que BA utilise des Boeing 747, 777, 787, 767, 757 et douze A380. Pour ce qui est de l'homogénéité de la flotte, la route risque d'être encore longue.

Michael Colaone.

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