Un de plus ! Le quarante-cinquième lanceur Ariane 5 a mis sur orbite mercredi soir le plus gros satellite de télécommunication du monde : TerreStar-1.
Avec pas moins de 6 902kg, ce monstre d'électronique a donné du fil à retordre aux ingénieurs de Loral Space Systems, son constructeur, car l'un des composants qu'il utilise a connu une avarie sur un précédent satellite, ce qui n'était pas pour plaire aux assureurs.
La chronologie de lancement fut elle aussi tout sauf routinière. Avec pas moins de quatre interruptions, dues aussi bien à la météo qu'à la technique, tout le monde a cru que le lanceur L547 resterait cloué au sol.
Le décollage a finalement eu lieu avec plus d'une heure et demie de retard, à 19h52 (heure de Paris). Comme il n'y avait qu'un satellite sur cette mission, les contraintes sur le lanceur étaient moins importantes et la fenêtre de tir beaucoup plus large qu'à l'accoutumée.
Sur un plan commercial, ce vol 189 peut être considéré comme quelque peu étrange. La performance demandée au lanceur était de 7 052kg, soit près de deux tonnes et demi en-deçà de ce qu'une AR5ECA peut fournir.
Dans un précédent article, nous évoquions déjà les limites que ce vol met en lumière sur le système de lancement Ariane.
TerreStar-1 était en effet trop gros pour voler en tir simple sur Proton ou Zenit, et son propriétaire était obligé d'utiliser les services d'Arianespace. Mais il a dû régler tout seul la facture, qui est normalement partagée entre deux clients, ce qui constitue la base de la stratégie européenne.
Or, il est probable que les satellites de cette masse vont devenir de moins en moins exceptionnels, et Ariane, dans sa configuration actuelle, risquerait alors de perdre son atout principal : la capacité de lancement double.
Celle-ci sera restaurée avec l'apparition de la version Ariane 5 ME, théoriquement en 2016, qui pourra placer plus de onze tonnes en orbite de transfert géostationnaire, qui sera donc à même d'effectuer des tirs doubles avec des satellites de la taille de TerreStar.
La grande question est de savoir où en sera la concurrence à ce moment là...