L'Europe souffre à accoucher de son système de géolocalisation par satellites Galileo. La presse se fait relais des distensions même au sein de l'Europe. Pour notre part, nous nous sommes déjà fait l'écho de l'influence américaine sur le développement du système européen. Une influence qui se veut surtout rétrograde et c'est bien la preuve que Galileo représente un enjeu stratégique majeur pour notre continent. Outre les difficultés liées aux Etats-Unis et à l'Europe elle-même, la concurrence étrangère s'est déjà bien mise en route et ceci en faisant fi de ces influences. Nous allons voir que les Russes et les Chinois ont aujourd'hui fait un long chemin pour rattraper l'Europe et les Etats-Unis. Petit état des lieux des forces en présence.
Le système russe, baptisé GLONASS, avait une précision maximale de 20 m, disponible pour tous les utilisateurs. Il a été lancé sous l'Union soviétique, mais suite à d'énormes problèmes de financement il n'est pas encore complet. Toutefois, le Président Poutine en a fait une priorité
nationale, et ce ne sont pas moins de six satellites par an qui sont lancés depuis. Des efforts relancés en grande partie par les militaires puisque l'armée voudrait bien être en mesure de guider notamment ses missiles et déplacer ses troupes avec un système comparable au GPS. Un système que les Américains se réservent le droit de bloquer à tout moment. A noter également que la Russie a décidé de faire participer l'Inde dans ce projet pour toute la partie civile. La coopération Inde/Russie se fait de plus en plus importante et pourrait bien avantager les exportations russes sur ce marché gigantesque notamment pour le renouvellement de sa flotte d'avions de chasse.
L'un des grands avantages opérationnels du GLONASS réside dans la masse de ses satellites. Pesant moins de deux tonnes, ils peuvent être mis en orbite par grappes de trois avec des lanceurs Proton. Ce n'est pas le cas pour la constellation GPS qui doit fournir des fusées Delta II pour chaque lancement individuel de nouveaux satellites. Grâce à cet avantage technique, les Russes procèdent au remplacement des satellites actuellement en vol de manière à acquérir un système permettant une précision d'un mètre. Il peut ainsi localiser un objet à la surface de la mer et de la Terre et répondre à la fameuse demande de l'ancien président Poutine qui souhaitait pouvoir retrouver son chien via GLONASS. Une requête quelque peu décontractée mais efficace puisque la constellation est aujourd'hui de plus en plus performante.
Aujourd'hui GLONASS renait donc de ses cendres avec la mise à niveau d'un programme militaire datant des années 1980 et participe aux succès de plus en plus nombreux des Russes dans leur politique de relance de l'industrie aérospatiale. Le système de l'ex-armée de l'Union soviétique n'était pourtant pas dans un bel état. En 2001 alors que le programme de remise à niveau allait rentrer dans sa phase active, GLONASS ne comprenait plus que 6 satellites sur 24. Des satellites dont l'espérance de vie n'était pas supérieure à 3 ans. Aujourd'hui, cette espérance de vie a été plus que doublée pour économiser sur les frais de lancement de nouveaux satellites et le nombre de satellites opérationnels sera en 2009 de nouveau égal à 24. GLONASS devrait être complètement opérationnel dans le monde entier en 2010. Le système a la prétention d'être moins cher et même d'une meilleure efficacité que le GPS. Les opportunités commerciales qui devraient être à portée d'ici cette année devraient être nombreuses d'autant plus que le projet GALILEO continue de s'enliser. A noter que GLONASS et GALILEO devraient être compatibles (GALILEO le sera aussi avec GPS) mais les Russes se réservent encore pour une éventuelle compatibilité avec les Américains. Une réaction fort intéressante puisqu'elle montre notamment que la Russie est plus attachée à son indépendance technologique que l'Europe face aux Etats-Unis. Ou alors serait-ce une question de résistance à l'influence américaine ?
On ne sait pas encore si M. Poutine utilise GLONASS pour retrouver son labrador, la célèbre Koni. En tout cas, le système est en phase de test !
A suivre, notre prochain article consacré aux systèmes de localisation par satellites : Le GPS chinois s'appelle BEIDOU.
Retrouvez aussi notre article précédent : Quand l'Amérique partit en guerre contre GALILEO.
Ou notre feuilleton sur le bras armée de la Russie : l'avaition de combat.
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