En 2009, le consortium européen EADS faisait du Vietnam une de ses priorités en termes de développement. L’occasion pour Louis Gallois de se rendre dans ce pays au fort potentiel et de voir les dirigeants vietnamiens dont le patron de la compagnie nationale, Vietnam Airlines se succéder à Paris.
Ce fut également la première venue d'un chef de gouvernement français puisque François Fillon s’est déplacé pour défendre les intérêts français dans ce pays. Mais derrière ce nouvel engouement dans l’Hexagone, ceux qui marquent le plus de points au Vietnam sont les Russes. Historiquement bien implantée, Moscou est le principal fournisseur d’armements et enchaine les succès commerciaux.
La Russie en position de force.
Selon le directeur adjoint du Service fédéral de coopération militaire et technique russe Alexandre Fomine, l'Inde, la Chine, l'Algérie, le Venezuela et le Vietnam sont actuellement les principaux importateurs d'armements russes. Si nous parlons régulièrement de l’Inde en raison de l’appel d’offres MMRCA actuellement en cours, nous allons aujourd’hui nous intéresser au Vietnam. Un "partenaire stratégique" pour la Russie aux dires du ministre russe de la Défense Anatolie Serdioukov. Et pour cause, M. Fomine n'a pas exclu que le Vietnam puisse arriver en deuxième position dans cette liste de bons clients de la Russie : "Nous considérons le Vietnam comme un partenaire très important et développons notre coopération avec ce pays".
Des attentes justifiables par des faits récents. En effet, le Vietnam s’est porté acquéreur de six sous-marins diesels-électriques en 2009. Un contrat associé à la construction d'infrastructures pour leur exploitation dans l'ancienne base navale russe de Cam Ranh à l’est d’Hô Chi Minh-Ville. Le montant total de la transaction pourrait s’élever à 4 milliards de dollars. De plus, l’avionneur Sukhoï va livrer entre 2011 et 2012 douze avions de chasse Su-30MK2V. Le contrat pourrait cette fois avoisiner le milliard de dollars puisqu’il comprendra aussi des pièces de rechange pour des avions acquis précédemment.
Le Vietnam est un client historique de la Russie. Ceci malgré le conflit avec les États-Unis ou l’effondrement du bloc soviétique, les Vietnamiens se sont toujours approvisionnés à Moscou. Ainsi, le pays s’est doté de systèmes S-300 russes. Dans les années 90, le Vietnam avait aussi fait l’acquisition de douze chasseurs Su-27 qui furent complétés par quatre puis huit Su-30MKK pour un montant de 400 millions de dollars.
D’ici deux ans, le Vietnam disposera donc d’une flotte forte de 36 chasseurs russes opérationnels récents. Des Su-27 et Su-30 qui seront bientôt épaulés par de nouveaux Su-30MKII. Les autorités vietnamiennes se sont d’ores et déjà dites intéressées par l’achat de ce type d’appareils d’ici 2012 pour porter sa flotte à 80 avions modernes en remplacement de ses vieux MiG-21. Les Forces aériennes vietnamiennes disposent à ce jour de 150 Mig-21 et 50 Su-22. Des avions qu’il faudra bientôt remplacer en raison de leur grand âge.
Le président Medvedev est attendu au Vietnam en octobre prochain pour "intensifier la coopération militaire et technique bilatérale".
Enfin, sur le marché des hélicoptères le Vietnam est aussi pressenti comme un marché d’importance. Actuellement, une trentaine de Mi-24 Hind volent aux côtés d’une autre trentaine de Mi-2. Eurocopter aura surement à faire auprès des autorités locales pour imposer son large choix d’appareils. Au-delà, le Vietnam pense aussi au renouvellement de ses capacités radars vieillissantes. Nul doute que les équipementiers français seront sur le coup.
Michael Colaone.
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