Aeroplans - Su-30MK © SukhoiCes derniers jours, deux évènements d'importance ont eu lieu en Inde, alors que celle-ci cherche à acquérir des capacités aériennes de plus en plus étendues.

Le 26 juin, le comité en charge des questions de la défense auprès du gouvernement a débloqué 2,6 Milliards de dollars de fonds en vue de l'acquisition d'un nouveau lot de 42 chasseurs bombardiers lourds Sukhoï-30MKI d'origine russe, portant le total du nombre d'appareils en commande à 272.

Alors que le contrat initial ne prévoyait la livraison que de cinquante avions dans leur version la plus moderne, le Su-30 est en passe de devenir majoritaire dans l'armée de l'air indienne, qui entend ainsi renouveler sa flotte d'antiques Mig-21.

 

 

 

 

 

Le saut capacitaire pour cette armée est donc énorme puisque les deux appareils sont séparés de deux générations. A l'époque, l'avion de Sukhoï était vu comme une solution intermédiaire dans l'attente du futur contrat géant MMRCA (Medium Multi Role Combat Aircraft).

Aeroplans - Su-30MK © SukhoiIl a cependant su au fil des ans s'imposer du fait de ses formidables capacités au combat (poussée vectorielle, radar à balayage électronique passif, optroniques et armements de pointe, etc.). Il est en effet vu comme le meilleur appareil actuellement produit par l'industrie aéronautique russe et est reconnu comme une menace potentiellement importante pour les appareils occidentaux en raison de sa diffusion de plus en plus importante dans le monde, tout comme l'était le Mig-29 durant les années 80 et 90.

Le lot en passe d'être commandé sera d'ailleurs une « super variante » du Su-30MKI puisqu'il différera des versions précédentes de par sa nouvelle avionique, son radar et également sa capacité à emporter le missile antinavire supersonique BarhMos ainsi que le Nirbhay, missile de croisière à charge nucléaire actuellement en développement. Il est possible que les appareils des lots précédents soient mis au niveau le plus récent, permettant ainsi une homogénéisation du parc indien. Les nouveaux appareils seront produits sous licence russe à Nasik (200km au Nord-Est de Bombay) par l'industriel Hindustan Aeronautics Ltd, qui en avait déjà à sa charge plus d'une centaine, à construire d'ici à 2018.

Aeroplans - Vladimir Poutine rend visite au PAK FACe contrat contribue donc à l'amélioration des capacités de conception et de production de l'industrie indienne, qui cherche à s'émanciper et à acquérir de nouvelles compétences. Cela s'est vu au travers de la coopération entre l'Inde et la Russie pour la conception de l'avion de 5ème génération PAK-FA, ou encore T-50, qui a effectué son premier vol en début d'année. Mais ce désir d'indépendance est révélé par un autre programme, celui-là presque purement national, qui va retenir notre attention dans cet article.

En effet, le 6 juillet, le premier prototype de la version navalisée du Tejas (glorieux en sanskrit), aussi connu sous l'acronyme LCA pour Light Combat Aircraft, a été pour la première fois révélé au public sur le site d'HAL de Bangalore au sud de l'Inde en présence du ministre de la défense. Le premier vol est quant à lui prévu pour la fin de l'année.

Cet appareil a été développé en vue d'équiper le futur porte-aéronefs deAeroplans - HAL LCA Tejas type STOBAR (Short Take-Off / Arrest Recovery) en cours de construction aux chantiers navals de Cochin et devant être lancé en 2015, bien que de nombreux experts jugent cette date fortement optimiste. Il viendra compléter la flotte de Mig-29K acquis auprès de la Russie, qui opérera quant à elle depuis le porte-aéronefs Admiral Gorshkov actuellement en cours de rénovation dans un chantier naval russe.

Le programme d'avion léger LCA est le deuxième à être mené par l'Inde, après le HAL HF-24 Marut durant les années 60, qui espère être en mesure de devenir un constructeur aéronautique de premier plan, capable de rivaliser avec les constructeurs russes et occidentaux, voir chinois. L'appareil, présenté comme multirôle de troisième génération par le constructeur, a connu ses débuts en 1983 lorsque le gouvernement indien décida de se lancer dans la production d'un avion purement national. Il faudra néanmoins attendre le 4 janvier 2001 pour voir le premier prototype prendre son envol, après de nombreux déboires, notamment dus à un embargo temporaire décrété par les Etats-Unis suite aux essais nucléaires de Aeroplans - HAL HF-24 Marut1998, le prototype étant doté des commandes de vol électriques et d'un réacteur d'origine américaine. Cette dépendance envers des éléments étrangers sera cependant corrigée sur les appareils de séries par l'apport d'équipements nationaux.

De nos jours, le programme et les vols d'essais de poursuivent, l'appareil n'étant toujours pas livré aux forces armées. Néanmoins, le 2 juin dernier a vu l'envol du premier prototype représentatif des appareils de série. Au final, il semblerait que doucement mais surement, l'Inde s'achemine vers la production d'un chasseur-bombardier léger aux capacités opérationnelles certes limitées mais néanmoins réelles. Ce programme, même si il fut laborieux, aura donc permis aux ingénieurs indiens d'engranger une multitude de compétences, leur permettant de mener à bien dans le futur des programmes de plus grande ampleur en toute indépendance. Ainsi, avec l'Inde, la Chine, le Brésil et la Turquie, nous assistons donc à l'arrivée progressive de nouveaux acteurs aéronautiques sur le marché mondial.

Aeroplans - HAL TejasDurant cet article nous nous sommes focalisés uniquement sur deux appareils, le Su-30MKI et le Tejas. Si ceux-ci sont destinés à jouer un rôle de primordial dans la stratégie aérienne indienne, ils ne seront pas les seuls. L'Inde se trouve en effet dans situation de quasi guerre froide avec le Pakistan et voit d'un mauvais œil la montée en puissance de la Chine. Elle investit donc massivement dans le domaine de l'armement afin de garder un avantage considérable face à son voisin musulman et de ne pas se laisser distancer par Pékin. Cela passe donc par l'acquisition d'une multitude des matériels, au travers de grands appels d'offres.

Comme nous l'avons rappelé plus tôt, il se joue actuellement un contrat de plusieurs milliards de dollars visant à l'acquisition par l'armée de l'air de 126 appareils de quatrième génération devant venir en complément de ceux actuellement service ou en attente de livraison. De plus, cette armée souhaite également moderniser sa flotte de Mirage 2000H livrés durant les années 80. Dans ces deux compétitions, l'industriel français Dassault mène une lutte difficile en tentant de placer son Rafale pour le programme MMRCA et en faisant valoir son expérience en tant que constructeur du Mirage 2000 pour la modernisation des appareils indiens. Cependant, comme nous allons le voir dans un prochain article, il reste beaucoup à faire à Dassault pour remporter ne serait-ce qu'un seul des appels d'offres.

 

A lire ensuite : Une première élimination attendue sous peu dans le contrat MMRCA indien.