C’est un parcours tumultueux que le lanceur L561 aura dû traverser pour atteindre la Zone de Lancement n°3. Le lancement était initialement prévu pour le 11 août dernier, mais avait été reporté au 9 septembre.
La campagne de lancement s’était déroulée sans incident notable, et le 30 août l’intégration du lanceur dans le BAF était terminée. Malheureusement, dès le lendemain, Arianespace annonce un report à une date ultérieure en raison de « vérifications supplémentaires » à mener sur la turbopompe du moteur HM-7B, celui qui propulse l’étage supérieur ESC-A.
Les travaux prennent plus de temps que prévu, et c’est durent au final près de trois semaines. Le J0 est alors fixé au 20 septembre, et le lanceur est transféré en ZL3 le 19 septembre. La chronologie est arrêtée pour les raisons sociales que l’on a précédemment évoqué sur ce blog, puis elle est reprise vingt-quatre heures plus tard.
Des services pours les particuliers...
Ce lanceur est la 60ème Ariane 5 depuis le vol inaugural de juin 1996, ainsi que la 33ème en version Ariane 5 ECA. La charge utile supérieure pour ce vol est le satellite de télécommunications Arabsat-5C. C’est une plate-forme Eurostar 3000 d’Astrium, d’une masse de 4 619kg.
Il sera positionné à 20°E pour remplacer Arabsat-2B qu’Ariane 4 avait mis en orbite en novembre 1996 (Vol 92). Arabsat-2A et 2B étaient les premières plates-formes Spacebus 3000 de Thales Alenia Space. Sur cette cinquième génération, la société cannoise ne fournit « que » les 38 transpondeurs en bandes C et Ka.
La charge utile inférieure, celle qui est en-dessous de la structure SYLDA 5, est le satellite de télécommunications SES-2, lancé pour le compte de SES WORLD SKIES. La société luxembourgeoise avait signé un contrat avec Orbital pour la fourniture se trois satellites identiques, développés sur la base de plates-formes STAR 2.4.
SES-1 et SES-3 ont tous les deux été lancés par International Launch Services sur des fusées russes Proton-M, respectivement en avril 2010 et juillet 2011. Dans un souci de diversification, SES a confié son troisième oiseau à Arianespace.
… et les militaires américains !
Dans le cadre d’un contrat de 65M$ avec l’US Air Force, SES-2 héberge le système CHIRP (Commercially Hosted Infrared Payload). Développé par la société SAIC, basée à MacLean en Virginie, il s’agit d’un télescope infrarouge expérimental capable d’observer près d’un quart de la surface du globe en un seul coup d’œil. L’une des principales applications pourrait être l’alerte avancée.
C’est le Centre pour l’Espace et les Missiles (SMC) de l’USAF qui est responsable de ce projet. Pour son directeur, Douglas Loverro, l’hébergement du CHIRP par un satellite commercial est une « incroyable synergie d’intérêts différents ».
Le projet CHIRP avait été engagé afin de donner à l’US Air Force une solution alternative en cas d’échec de Lockheed Martin à développer les satellites d’alerte avancée de nouvelle génération SBIRS. Quatre télescopes infrarouges avaient été construits, et celui qui s’apprête à décoller de Kourou est l’un d’eux. Le but est de démontrer qu’il est possible, avec des charges utiles hébergées sur des satellites commerciaux, de faire aussi bien que SBIRS pour une fraction de son prix.