Le 20 mai dernier, l'Agence Spatiale Européenne a présenté à la presse ses six nouveaux astronautes, sélectionnés parmi près de 10 000 candidats à travers toute l'Europe.
Le heureux élus, qui n'ont été informé de leur sélection que 48h plus tôt, sont Thomas Pesquet (France), Alexander Gerst (Allemagne), Samantha Cristoforetti, Luca Parmitano (Italie), Andreas Mogensen (Danemark) et Timothy Peake (Grande-Bretagne).
Lors de l'annonce, le directeur général de l'ESA, Jean-Jacques Dordain, a martelé à la presse qu'aucun critère politique n'était entré en jeu, et que si ce sont ces six personnes qui ont été choisies, c'est simplement parce qu'il s'agissait des six meilleures.
On ne peut alors s'empêcher d'avoir le sentiment d'être pris pour des imbéciles. Comment les critères politiques auraient-ils pu être mis de côté ?
8 143 candidats ont franchi la première étape de la sélection, et on voudrait nous faire croire que les recruteurs se sont contentés d'en éliminer 8 137 sans tenir compte de leur nationalité, et que, miraculeusement, les six restants représentaient parfaitement le « retour géographique » désiré par l'agence ?
Examinons en effet les origines de nos nouveaux astronautes. On trouve tout d'abord un Allemand et un Français. C'est normal, ce sont les deux plus gros contributeurs de l'Agence. Il y a également, deux Italiens, ce qui est tout à fait compréhensible au vu de la forte participation italienne dans les vols habités.
A côté de cela, on trouve un représentant d'un petit pays - le Danemark - et un citoyen britannique, ce qui est logique étant donné que nos voisins d'outre-manche sont en pleine phase de rapprochement de l'ESA.
Il est totalement évident que ces raisons politiques sont à l'origine des résultats de la sélection. Comment aurait-il pu en être autrement ? Si les six meilleurs avaient été grecs, l'Europe se serait retrouvée avec un Corps d'astronautes composé exclusivement de Grecs ? On a quand même du mal à le croire.
Et est-ce souhaitable ? N'est-il pas normal que chaque pays soit représenté au prorata de sa participation au programme spatial ? Un vol habité dans l'Espace est porteur de beaucoup de symboles pour une nation et comporte une grande importance politique.
On ne saurait choisir « au hasard » la nationalité de celui qui part ! Les citoyens européens peuvent s'estimer heureux que des « critères politiques » aient été pris en considération. Le contraire aurait été un signe fort que leurs impôts et leur Histoire ne compte pas aux yeux de l'ESA.
D'autre part, comment définir le mot « meilleur » quand on parle d'un aussi grand nombre de candidats, et surtout quand on parle d'un métier aussi atypique et complexe ? Une certaine dose de subjectivité apparaît forcément au cours d'une sélection de cette ampleur.
Il est clair que les choix qui ont été faits sont les bons. Nos six nouveaux explorateurs semblent extrêmement qualifiés et talentueux, et on ne peut être qu'admiratif devant leur succès. Mais on peut également se demander pourquoi donc M. Dordain - lui-même ancien candidat astronaute - se donne-tant de mal pour cacher qu'il a su prendre les bonnes décisions...