Mercredi 27 mai, le vaisseau spatial Soyouz TMA-15 a décollé du cosmodrome de Baïkonour au sommet d'un lanceur Soyouz-FG (les Russes ont cette mauvaise manie de donner le même nom à la fusée et à sa charge utile).
L'équipage est constitué du Russe Roman Romanenko, du Canadien Robert Thirsk et du Belge Frank de Winne. Ils vont s'ajouter aux trois cosmonautes déjà présents à bord de la Station Spatiale Internationale pour former le premier équipage à six !
L'équipage actuel étant composé de l'Américain Michael Barratt, du Russe Guennadi Padalka et du Japonais Koichi Wakata, les cinq partenaires du programme seront donc représentés simultanément, ce qui est une grande première.
Mais peut-être une dernière aussi. Une telle diversité de nationalités résulte principalement du hasard des affectations et des multiples aléas de calendrier que la station a connu. Il faut garder à l'esprit que le programme est principalement russo-américain, et que ce sont donc ces deux pays qui disposent de la majorité des places disponibles.
L'Europe participe à hauteur de 8%, et ses astronautes auront donc 8% du temps à bord, soit environ un vol par an. Cette fois, les hasards de la planification ont fait que l'Européen aura même l'opportunité de commander l'équipage pendant trois mois.
En tout cas, tous les pays participants peuvent se réjouir de passer enfin à un équipage à six, car c'est le format pour lequel la station a été pensée. Ce qui n'était qu'une phase de transition, avec des équipages à trois, a duré beaucoup plus de temps que prévu, notamment suite à la catastrophe de la navette Columbia, en février 2003.
Nous allons maintenant entrer dans une phase de réelle exploitation scientifique de la station. Enfin, tout du moins, nous allons essayer d'y rentrer.
Car va maintenant se poser le problèlme prépondérant de la logistique. Pour satisfaire les besoins des six cosmonautes, la Russie lancera jusqu'à cinq vaisseaux Progress par an, et jusqu'à l'année prochaine, les navettes américaines pourront apporter un complément de ravitaillement. De même les vaisseaux européens ATV et japonais HTV participeront à la desserte.
Mais quand les cargos auront été remplis de nourriture, d'eau, d'oxygène, de carburants et de pièces de rechange pour les opérations de maintenance, il restera bien peu de place pour le matériel scientifique.
A tel point que certain craignent que les astronautes se retrouvent là-haut avec rien d'autre à faire qu'admirer le paysage (ils ne s'en plaindront pas !).
Et il y aura aussi le problème du retour du matériel. Certaines expériences n'ont d'intérêt que si les résultats sont rapatriés au sol. Actuellement, la seule façon de la faire est la navette américaine (les Soyouz ne peuvent ramener que quelques kilos, à peine suffisant pour que les cosmonautes puissent ramener leur brosse à dents), qui quittera le servic opérationnel l'année prochaine.
Il y aura donc un grave problème logistique, que l'Europe aurait eu la possibilité de combler en développant une version « rapatriable » de l'ATV, mais elle a préféré y renoncer.
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