Analyse – Le ministère canadien de la défense pense à développer ses propres capacités spatiales visant à mettre en œuvre des satellites de petites tailles. Un véhicule de lancement serait donc concerné par ces réflexions.
Plusieurs projets seraient sur les rails outre-Atlantique dont une étude de faisabilité concernant une fusée capable de placer en orbite des microsatellites, un projet clé aux dires du département de la recherche (DRDC). D'autres études se concentrent sur la possibilité de construire des micro et nano-satellites pour démontrer des capacités militaires du pays. Mais attention, nous n'en sommes qu'au stade du "concept, une phase d'analyse" précise Martin Champoux, porte-parole de l'agence. Ces études devraient être remises d'ici Mars 2012.
Pour le moment, le pays est totalement dépendant d'autres puissances spatiales pour mettre en orbite ses engins spatiaux. Traditionnellement, le Canada fait régulièrement appel aux Etats-Unis, à la Russie ou encore à l'Inde dont le lanceur PSLV se spécialise de plus en plus dans le lancement de microsatellites.
En ces temps difficiles pour l'Europe, cette annonce peut sembler étonnante. Et pourtant, le Canada résiste à cette crise mieux que nous grâce notamment à des ressources naturelles généreuses. Nous avons déjà vu le Canda rejoindre récemment le programme F-35 JSF qui est le programme le plus cher de l'histoire dans le domaine de l'aviation. Le développement d'un petit lanceur pour des besoins limités semble alors à la portée pour ce pays. Reste à convaincre et à rassembler les compétences techniques. Les Etats-Unis se porteront surement à l'aide de leur voisin.
Le segment des microsatellites est décidément en plein boom alors que les satellites conventionnels deviennent de plus en plus chers. Plus sophistiqués et de plus en plus gros, les prix s'envolent eux aussi. En Europe, on a développé Vega qui s'adresse à une gamme de satellites plus petits que ceux emportés par Ariane 5 ou Soyouz. Pourtant, les microsatellites ne sont pas concernés et doivent attendre des créneaux libres pour partir avec le lanceur européen. C'est aussi l'occasion de revenir sur le projet Aldebaran que nous affectionnons tout particulièrement. Une nouvelle fois, le lancement de microsatellites par un Rafale aurait peut-être intéressé le Canada. Nous rappellerons que le contrat signé avec Lockheed Martin s'élève à 710 millions de dollars et qu'Ottawa n'a même pas jugé bon de consulté la France avant de se décider.
En attendant, le microsatellite indigène Near Earth Orbit Surveillance Satellite (NEOSSat) est en route pour l'espace. Le projet est évalué à 10 millions de dollars canadiens lancement compris. Il devrait être lancé l'année prochaine pour effectuer sa mission de traçage d'objets en orbite. Un autre projet peut aussi être notifié, le M3Msat de 60 kilos (10 millions de dollars canadiens) qui vise à soutenir la communication des navires au large du Canada.
D'ici 2012 il faudra encore démontrer de l'utilité et de la faisabilité de microsatellites pour des applications militaires. Le développement d'un lanceur est toujours une aventure. Cependant, le Canada possède quelques atouts naturels puisque le pays est bien placé pour des lancements sur orbite polaires. De plus, les installations de Churchill, Manitoba qui sont prévues pour des lancements suborbitaux peuvent être facilement adaptées pour des lancements orbitaux.
Même si ce projet canadien vise avant tout à satisfaire des besoins nationaux limités, cela ferait toujours une solution de plus disponible sur le marché et qui ne peut que nous rappeler que malgré notre immobilisme européen, les autres pays croient en l'espace et se donnent les moyens de leurs ambitions. Pour appuyer ces propos, nous reviendrons rapidement sur la situation d'Israël. le pays vient d'officialiser des accords de coopération dans le secteur spatial avec la France, les Etats-Unis, le Canada et la Russie. Doté d'un budget de 80 millions de dollars par an sur les cinq années à venir, le programme israelien possède des bases très solides pour se lancer sur ce nouveau marché. Cet investissement devrait permettre d'atteindre rapidement l'objectif national des quatre pour cent du marché spatial mondial estimé à 250 milliards de dollars par an.