Analyse - Surveiller ses frontières en permanence sans avoir de contraintes liées à la fatigue des pilotes ou à l’autonomie des machines n'est elle pas un rêve inaccessible ? La question mérite en tout cas d'être posée alors que les drones sont de plus en plus présents dans la vie des forces armées et, bientôt, peut-être aussi dans la vie de tout un chacun. Reste encore à financer de tels achats dans un contexte particulièrement difficile pour l'Union européenne, mais aussi à régler un problème de taille : la législation, qui régit le vol de ces machines sans pilote. Retour sur une opportunité grandissante de voir plus de drones en Europe même si ces derniers ne sont pas parfaits notamment en terme de prix ou encore d'autonomie vis-à-vis de la charge utile embarquée.
Chez FRONTEX, qui est sûrement l'organisme le plus influent et le plus expérimenté dans la surveillance aux frontières de l'Europe, on y croit et on conduit régulièrement des essais pour valider certaines technologies et en savoir plus sur les réelles capacités des drones. Plusieurs pays se prêtent d'ailleurs plus volontiers que d'autres à ces démarches avec notamment la Bulgarie, la Grèce ou l'Espagne. Il faut dire que, selon FRONTEX, la Grèce reste une des grandes portes ouvertes pour l'immigration illégale vers le reste de l'Europe. Si des solutions terrestres peuvent améliorer la situation, l'agence européenne pense que l'utilisation de drones serait d'une grande efficacité afin de notamment mieux coordonner les opérations au sol. Ces engins sans pilotes à bord seraient ainsi capables de mener des opérations de surveillances aussi bien au dessus des terres mais aussi des eaux.
Et pourquoi ne pas faire comme avant avec des appareils pilotés ? La belle époque d'appareils comme l'Atlantic 2 est-elle révolue? En réalité, et dans le meilleur des cas, FRONTEX se dit intéressé par les deux composantes. Alors qu'il se dit que son budget vient d'être approuvé, l'agence ne veut pas se fermer de portes et pour cause, au delà de sa réputation de contrôleur de l'immigration illégale en direction de l'Europe, FRONTEX est aussi responsable du sauvetage de 22 000 personnes l'année dernière.
Plusieurs types de drones sont concernés par ces travaux. Ceux de grandes tailles sont évidement à la fête puisqu'il s'agit parfois de couvrir de larges distances avec des charges utiles embarquées qui peuvent parfois peser lourd. Des entreprises étrangères comme IAI se sont déjà positionnées, tout comme Sagem qui aimerait sûrement trouver une issue heureuse au développement de son Patroller. Au delà de ces grands drones, Aerovironment ou encore Thales proposent des engins plus petits. Le Fulmar et le Puma font partis des drones présentés à FRONTEX.
L'exemple à suivre sera peut-être un pays comme l'Australie. Les autorités de ce pays sont ainsi à la recherche du mélange entre avions de mission pilotés et drones. Ils ont d'ailleurs des programmes parallèles qui visent à introduire des avions via Boeing mais aussi des drones parfois de très grande taille comme le Global Hawk. Compte tenu de la taille immense de ce pays, cela semble avoir du sens afin de créer une force de surveillance quasi permanente sur les mers avoisinantes.
L'intérêt de l'utilisation des drones dans la vie de tous les jours des peuples européens semble bel et bien avoir un sens du point de vue opérationnel. Reste encore à convaincre ceux qui décident de l'allocation des budgets. Mais il s'agit encore aussi de convaincre les peuples de l'utilité de la dépense. Pour beaucoup, le drone reste encore un outil d'intrusion dans leurs vies privées. Et pourtant, il permettrait dans ce cas de surveiller des frontières de l'Europe, de sauver des vies, de lutter contre la pollution liée notamment au trafic maritime, etc.
Cet article est écrit grâce au concours d’UVS International qui nous aura cordialement invités à participer à sa dernière grande conférence RPAS 2012 à Paris.