Ca y est c’est fait. En ce lundi 7 septembre la nouvelle de la vente des premiers Rafale à l’export est enfin tombée. Dassault Aviation rentre ainsi en négociation avec l’Etat brésilien pour la vente de 36 appareils, soit la première tranche d’un contrat prévu de 120 avions pour moderniser la flotte de l’armée de l’air locale. Ce contrat, qui est maintenant en très bonne voie puisque rien n’est encore joué, est estimé à 5 milliards d’euros hors armement par l’Elysée et permet enfin au Rafale de s’affirmer auprès d’une autre puissance que la France. Cependant, l’avancée du fleuron de l’aviation française soulève aujourd’hui quelques questions qui pourraient bien faire taches au milieu de l’enthousiasme général.
Les déclarations faites conjointement par les présidents français et brésiliens lors du déplacement de M. Nicolas Sarkozy au Brésil laissent les observateurs songeurs. Si la nouvelle ravie dans un premier temps tous les supporters de l’avion français, les risques et les efforts consentis par la France semblent à la fois disproportionnés et maladroits. Reste que la question est extrêmement complexe et nous efforcerons, au travers de plusieurs articles à suivre, de lever le voile sur les enjeux de la manœuvre actuellement en cours.
Si les transferts de technologie étaient et sont toujours la clé de voute pour l’obtention de ce contrat, l’Elysée est aujourd’hui fière d’annoncer que la France mettra 100% de sa technologie entre les mains des brésiliens. Une attitude que l’on peut jugée comme dangereuse pour l’avenir de la supériorité technologique française dans le monde de l’avionique militaire. Un risque que ne prennent pas souvent les compétiteurs et sur lequel nous reviendrons en premier. Ensuite, et ce fut une surprise, nous reviendrons sur ce projet d’acquisition d’une douzaine d’Embraer KC390 pour l’armée française. Si les officiels n’ont pas encore souhaités s’étendre sur cette nouvelle, elle a de quoi étonner surtout en ces temps de rationalisation des dépenses des armées. Pour finir, nous nous poserons la question de savoir quel avenir une telle manœuvre annonce pour la vente du Rafale dans d’autres pays. En offrant le Rafale et sa technologie au Brésil aujourd’hui, demain ce sont les Emirats, déjà favorisés, qui en voudront peut-être plus. Ceci sans parler de la Suisse, la Grèce, la Libye ou encore l’Inde où se jouent en ce moment des appels d’offres importants.
Entre incompréhension et compétition, les observateurs dans le flou.
Vous l’aurez compris, nous sommes un peu dans l’expectative quant aux annonces faites pour l’ouverture de ces négociations pour la vente du Rafale au Brésil. Ceci malgré que, si la vente était confirmée le 23 octobre prochain, date de la fin de la période d’évaluation de la FAB pour les trois concurrents, soulagera Dassault Aviation en ces temps difficiles pour l’avionneur. Le Français souhaite en effet voir les ventes de son appareil de combat augmenter alors que les ventes d’avions d’affaires à l’origine de 70% de son chiffre d’affaire ont été sévèrement impactées par la crise. Mais voila, l’affaire est encore loin d’être jouée. Comme on peut le lire dans la presse canadienne par exemple, les Brésiliens n’ont toujours exclus d’acheter (peut-être en complément) des Gripen et des F-18. Cette information a été confirmée le mercredi 9 septembre par le ministre de la défense brésilien, qui a précisé que les négociations se poursuivaient avec trois participants. C’est vrai que si tout le monde souhaite partager sa technologie comme les français, pourquoi s’en priver ? En tout cas, les déclarations faites en ce début de semaine ne font pas état d’une sélection unique du Rafale et on se demande alors pourquoi, tant d’efforts ont été faits du côté français.
MC.
Retrouvez aussi notre feuilleton complet consacré au Rafale.