C’est une véritable hystérie qui a saisie la presse et le gouvernement quand à l’annonce en 2008 venant des Emirats Arabes Unis de l’étude « sérieuse » du Rafale comme remplaçant des Mirage émiratis. S’il est de tradition qu’un accord politique précède un accord économique dans cette partie du monde, l’affaire n’est pas encore classée pour l'avion français. En effet, le contrat est énorme puisque ce sont les 63 Mirage 2000 de l’armée de l’air émiratie qui pourraient-être remplacés par l’avion multi-rôle de Dassault Aviation à partir de 2013. Après les 294 exemplaires commandés par les armées françaises, cette commande serait un véritable retournement de situation pour un avion qui a du mal à se vendre malgré son excellent niveau de performances.
Il faut dire que les efforts français pour conquérir le troisième acheteur d’armes des pays du Golfe (soit les premiers acheteurs d’armement du monde.) ont été nombreux et ce, depuis des années. En effet, la patiente construction de relations stratégiques entre la France et les Emirats a déjà débouchée sur la vente de Mirage évidement, mais aussi de plus de 400 chars Leclerc par exemple. La coopération militaire est exemplaire puisqu’au sein du "Haut comité mixte", les chefs d’état-major français et émirati travaillent ensemble depuis 1995. Les navires de la marine nationale française font une trentaine d'escales par an dans les Emirats. L'armée de l'air y organise deux fois par an un stage pour les pilotes de chasse français. Quant à l'armée de terre, elle effectue 25 exercices annuels avec des échanges d'unités et d'officiers. Mais surtout, les Emirats ont accordé en janvier à la France une base militaire "interarmées" (terre, air, mer) permanente, qui devrait compter de 400 à 500 militaires à compter de 2009. Un geste significatif dans les relations entre les deux pays.
Les excellents résultats du Rafale lors des grands exercices internationaux type Red Flag sont aussi de très bonnes références pour le chasseur français. Les armées présentent en Afghanistan ont également soulignées la bonne tenue du Rafale en situation de guerre ce qui est encore la meilleure façon de faire la promotion d’un avion de chasse.
"C’est une bonne nouvelle pour la France" déclara le président français Nicolas Sarkozy. Dassault Aviation espère enfin rentabiliser ses chaines de production. Les Emirats Arabes Unis tiennent à maintenir leur excellent niveau technologique militaire dans une région mouvementée et profite d’en avoir les moyens pour le faire. Certains se lâche en déclarant qu’enfin, après 23 ans nous allons vendre des Rafale (Claude Guéant). Hors pas d’illusions pas de déception. Espérons que les équipes en charge du dossier restent sur leurs gardes en surveillant la concurrence (parfois déloyale) et que nous ne recréerons pas un schéma type Maroc où là aussi, l’affaire semblait pliée.
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