Selon la presse suisse, le chef du Département fédéral de la Défense devrait finalement proposer l’achat d’une première tranche d’une douzaine d’avions de chasse au lieu des 22 envisagés initialement. Dans ce pays s’affrontent l’Eurofighter, le Gripen et bien sûr le Rafale. Depuis quelques mois, les manœuvres se multiplient et le chasseur d'EADS perd visiblement du terrain face aux deux autres avions.
En Suisse, nous nous acheminons de plus en plus vers un duel entre le Rafale de Dassault Aviation et le Gripen de Saab. Une sorte de revanche des années soixante pendant lesquels le Mirage III l’avait remporté face au J-35 Draken. Pour le moment, il est impossible de savoir quel sera le vainqueur alors que cette nouvelle manœuvre pourrait avantager le chasseur français.
Des achats par tranches réduites.
La nouvelle proposition faite par Ueli Maurer sera encore étudiée par le Conseil fédéral durant ce mois de juin avant d’être éventuellement approuvée lors de la rentrée parlementaire à l’automne. Elle propose un achat d’une première tranche de douze appareils qui serait suivie par deux à trois séries de 5 à 6 avions.
Cette première acquisition serait alors étalée au-delà de 2020, soit avant la mise au placard des F-18. C’est plus tôt que ce qui était prévu par l’appel d’offres initial, ce qui amènera une nouvelle question au niveau des avionneurs. Les lignes de production du Rafale tournent au ralenti puisque seuls les appareils pour l’armée de l’Air française ont été commandés. Chez Saab, c’est un peu le même topo alors que le chasseur voit son carnet de commandes se vider au fur et à mesure que les appareils sortent des lignes.
Ne plus remplacer les F/1-5 mais bel et bien les F/A-18 Hornet.
Dans le meilleur des cas, la Suisse souhaite remplacer sa flotte de Northrop F-5E/F Tiger II vieillissants en attendant de remplacer dans la foulée ses F/A-18C/D Hornet qui arriveront au terme de durée de vie en 2025. Un renouveau complet mais qui n’est pas du goût de tout le monde dans ce pays d’autant plus que la facture est élevée en ces temps de compression des budgets.
De plus, nous parlions récemment d’une éventuelle remise à niveau des compteurs, ce qui entrainerait une nouvelle procédure d’évaluation des avions. Dans ce projet de résolution de Ueli Maurer, une nouvelle évaluation serait à exclure. Du coup, les Américains toujours à l’affut, notamment avec le F-35, ne pourraient pas se joindre à la fête.
Quel bénéfice pour le Rafale ?
C’est cet achat par tranches qui pourrait finalement bénéficier au Rafale français. Un choix rapide, puisqu’il serait attendu avant la fin de l’année, avantagerait sérieusement un Rafale au standard F3+ dont le développement est déjà avancé face à un Gripen E/F dont beaucoup d’éléments sont encore en développement.
Le développement du standard F3+ est quasiment terminé chez Dassault, alors que l’arrivée d’un hypothétique standard F4 finirait d’argumenter en faveur du chasseur français. Question motorisation, on a aussi fait des progrès. Le premier vol de l'avion d'essais Rafale équipé d'un moteur M88-4E (ex « Pack CGP » du moteur M88-2) de Snecma (groupe Safran) s'est déroulé avec succès le 22 mars dernier à Istres. La campagne d'essais du M88-4E comporte 70 vols à effectuer en 2010, avec différentes configurations moteur.
Du côté suédois, le Gripen NG Demo continue ses démonstration mais avec un peu de retard. La semaine dernière, l'avion de démonstration Gripen NG a fait ses débuts internationaux en participant à la dernière phase des essais d'évaluation indiens pour l'offre MMRCA (avion de combat multi-rôle moyen). D’ici l’automne, toutes les garanties ne seront peut-être pas au rendez-vous pour répondre au cahier des charges helvétique. Dans tous les cas, nous le savons, le chasseur français ne doit pas démontrer sa supériorité technologique sur le chasseur suédois aussi bon soit-il.
C’est d’ailleurs pour cela que le Rafale a du mal à se vendre. Outre une supériorité technologique indéniable, il coûte toujours cher. Dassault s’est engagé à faire beaucoup d’efforts sur le dossier des compensations accordées à la Suisse. Appuyée par la ministre de l’Economie, Doris Leuthard, ce dossier pourrait rapporter près de 6Md CHF pour le Rafale contre 4,8Md CHF pour le Gripen. Pour cause, les industriels suisses participeront à la production des chasseurs mais seront aussi invités à participer à d’autres projets dans l’armement ou dans l’aviation civile.
Ces « offsets » directs et indirects représentent un gain pour les industriels locaux sachant que selon Armasuisse en charge du contrôle de ces dernières, 2Md CHF en compensations génèrent du travail pour 2 500 personnes durant de longues années. Elles seront donc déterminantes dans ce dossier sachant qu’elles seront bien supérieures à la facture qui devrait atteindre les 3Md CHF. Cependant, le pays se souvient d’une mauvaise évaluation faite lors de l’acquisition des F-18 américains ou même des Mirage III dans le passé. Inutile de rajouter alors, qu’il s’agit là d’un dossier sensible.
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