Analyse – Comme nous le savons, le Royaume Uni s'est révélé comme l'un des piveaux les plus important quand il s'est agit de vendre l'Eurofighter Typhoon hors de l'Europe. En Arabie Saoudite, plus gros client à l'export, c'est BAE Systems qui fut déterminant dans l'obtention de ce contrat.
Aujourd'hui encore, il semblerait que les Britanniques tentent de vendre cet appareil dont ils sont en partis les concepteurs alors même que l'Indonésie ne leur a pas toujours portée chance.
Une volonté affichée de reprendre les affaires avec l'Indonésie.
Le Royaume uni a un lourd passif en Indonésie en matière d'exportation de matériel de défense. Si rien n'est joué pour l'Eurofighter, des avions d'entrainement et d'attaque légers Hawk sont en service dans ce pays. Si les discussion pour l'Eurofighter sont évidement couvertes par une chappe de plomb habituelle pour ce genre de contrat, on apprendra aussi que BAe aurait fait une offre parallèle dans ce pays pour la mise à niveau de la flotte existante de Hawk.
"Nous discuterons de cette possible vente (et donc la mise à niveau des Hawk) lors de notre prochain sommet prévu ce mois ci à Jakarta … j'espère vraiment que ça sera le cas car l'avion est sur leur agenda" a prévenu Gerald Howarth, ministre de la défense britannique.
24 exemplaires pourraient prendre l'air dans ce pays.
Au total, ce sont 24 exemplaires de l'avion qui pourraient être exportés. Une bonne nouvelle pour les industriels membres du projet tout comme pour les pays qui le soutienne. En effet, le Royaume Uni a tout à gagner en poussant un nouveau contrat export alors que ce dernier vient de réduire ses commandes d'Eurofigther notamment à cause de sa participation hasardeuse dans le programme JSF. L'avion, s'il ne fait pas l'unanimité en Europe aurait quant à lui un nouveau client exterieur à son palmarés.
Reste que l'Indonésie n'est pas aujourd'hui considéré comme un pays totalement capable d'honorer de tels engagements financiers. Au-delà de la vente sèche, des interrogations subsistent sur leur capacité à entretenir leur flotte.
Une flotte très hétérogène.
Concernant la flotte actuelle de l'armée de l'air indonésienne, le moins que l'on puisse dire est qu'elle est très variée et constituée de micro flottes. En effet, outre les Hawks britaniques cités précédemment, elle est équipée de A-4, F-5 et F-16 d'origine américaine, ainsi que de Su-27 SK et Su-30 MKK acheté à la Russie durant les années 2000.
Jakarata s'est également prononcé il y a quelques mois en faveur d'une participation au programme KF-X coréen qui prévoit de concevoir un chasseur aux capacités proches de celles du F-16 dans la suite du programme d'avion d'entraînement avancé T-50.
La question est donc de savoir si l'Indonésie est prête à acquérir un nouveau type d'avion, compliquant d'autant plus les opérations de maintenance de la flotte. Si le besoin d'avions de combat de quatrième génération ne fait pas de doute, du fait de l'acquisition de Su-30MKK par la Malaisie et de F-15SI par Singapour au cours de la dernière décennie, il serait plus probable que les Indonésiens choisissent de compléter leur flotte par des appareils déjà en dotation. Ainsi, il fut question d'acheter des F-16 block 50/52 à l'USAF. Il est également possible qu'une nouvelle commande de Su-30 soit à l'étude. Cependant, il serait étrange que BAe se soient lancé dans sur cette voie sans un signe d'intérêt donné par les dirigeant indonésiens. Cette diversité dans la flotte d'avions de combat peut aussi être interprêtée comme une volonté de diversifier ses sources d'approvisionnement afin de ne pas trop dépendre d'un pays en particulier. L'Indonésie garde très certainement en mémoire le blocus dont qu'elle a subi dans les années 1990 de la part des pays occidentaux suite aux divers conflits qui ont secoué la région.
Un chemin encore semé de nombreuses embuches.
Néanmoins la route est encore très longue pour l'Eurofighter en Indonésie. Cette vente qui pourrait atteindre les 5.8 milliards de dollars va assurément se heurter à une resistance publique et politique. En effet, bon nombre d'associations sont prêtes à décrier l'attitude de BAe Systems et du gouvernement britannique. Parmi elles, Amnesty International accuse depuis des années l'Indonésie de bafouer les droits de l'homme incluant des faits de violence policière et de non liberté de la presse.
En 1999, l'ancien gouvernement dominé par un autre parti politique, le Labour, avait lui banit les ventes de matériels de défense à ce pays. Alors qu'entre 1994 et 1999 l'Indonésie avait acquis la moitié de ses matériels à Londres, Tony Blair avait notamment suspendu la vente de chasseurs Hawk. Ceci alors que l'Indonésie avait été accusée d'avoir utilisé ces matériels au Timor, en Papouasie occidentale et en Aceh. Pour beaucoup d'analystes, cela représente une exposition trop importante pour BAe et le gouvernement britannique.
Cependant, les déclarations citées plus avant sont claires et le Royaume uni serait peut-être en train de passer outre les considérations des associations ou de certaines orientations politique. Bien malin est celui qui pourra prédir de la fin de cette discussion concernant à la fois la mise à niveau des Hawk et la vente de 24 Eurofighter.