On pourrait croire que l'on prend les mêmes et on recommence. Et pourtant, les plus optimistes des observateurs pro-Obama estiment que la nouvelle administration américaine sera plus à même de trancher justement dans l'affaire du renouvellement des avions ravitailleurs de l'Armée de l'Air des Etats-Unis, l'USAF.
Ce méga contrat s'il y en a, est disputé par les deux grands rivaux que sont Boeing et Airbus. Tous deux ont d'ailleurs tour à tour remporté le contrat, le premier le perdant en raison de pratiques frauduleuses, le second pour des raisons peut-être plus politiques. Reste que l'appel d'offres pourrait être relancé au milieu de cet été, peut-être encore à la fin de ce mois de juillet.
Lors d'une audition devant le Congrès, le secrétaire à la Défense Robert Gates a déclaré qu'il étudiait actuellement la structure du processus d'acquisition de ces futurs avions ravitailleurs. Si la décision lui revient, il reste tributaire de l'équipe en charge du dossier au Pentagone. Il a d'ailleurs laissé entendre que cette équipe serait prête à lancer cette nouvelle « Request For Proposal » d'ici la fin de l'été, peut-être en Juillet.
Rappelons tout de même que le dossier devait déjà être rouvert au printemps mais sans succès. A l'heure où les coupes budgétaires vont bon train au sein du Pentagone, rouvrir un dossier portant sur l'acquisition de 179 avions pour un montant de 35 milliards de dollars peut sembler difficile. Cependant, les besoins de l'USAF se font de plus en plus pressants et ses capacités opérationnelles pourraient en être gravement impactées.
Si certains observateurs estiment que la nouvelle administration Obama pourrait être plus coulante avec Airbus que l'a été l'administration Bush, ce n'est pas notre avis. En effet, dès son discours d'investiture, le Président des Etats-Unis a mis les choses au clair : il s'agira pour lui de redonner au monde l'image d'un pays fort, de servir les intérêts Américains coûte que coûte. Or dans cet état d'esprit, comment céder à la sympathie surtout quand on parle de rafler un méga contrat à une entreprise américaine réputée pour son fort lobbying à Washington, Boeing.
Ceci alors même que le constructeur européen devance nettement son homologue d'outre Atlantique en nombre de commandes. En effet, lors du salon du Bourget, Airbus totalisait 68 commandes nettes hors annulations contre seulement 1 pour Boeing. Ces annulations se portaient à 84 pour Boeing contre 22 seulement pour Airbus. Ceci alors même que la France vient d'officialiser la vente à l'Arabie Saoudite de trois nouveaux A330 MRTT. Ajoutez à cela les problèmes industriels liés notamment au Dreamliner et l'optimisme lié au président Obama risque d'en pâtir sérieusement.
A tout ceci, nous allons bientôt pouvoir ajouter les résultats d'une « enquête » menée depuis trois ans par l'OMC. En effet, l'Organisation Mondial du Commerce a été saisie par les Etats-Unis pour rendre compte des aides publiques accordées à Airbus par les pays européens. Selon les Américains, qui subventionnent également leur industrie aéronautique, ces aides porteraient atteinte à l'économie de marché. Egalement sous le coup d'une plainte européenne devant cette même OMC, Boeing souhaite en effet voir interdire le système des avances remboursables allouées à Airbus.
Si les résultats de cette enquête seront communiqués fin août, la procédure devrait s'étaler jusqu'en 2010 pour laisser le temps aux deux parties de présenter des contre-arguments. Si ce débat peut sembler assez comique, il pourrait néanmoins influencer la politique au bon comme au mauvais moment. Beaucoup pensent que les avances accordées (ou sur le point d'être accordées) pour le programme A350 se sont débloquées aussi vite grâce à cette épée de Damoclès qui flotte au dessus d'Airbus. D'un autre côté, cela pourrait aussi avoir une mauvaise influence en cas de condamnation pour ce qui est du contrat des ravitailleurs.