Aeroplans - Tuyeres RafaleC'est une affaire à rebondissements que la vente du Rafale à la Libye. Déjà en 2007 on croyait l'affaire dans le sac puisque l'Elysée ainsi que Dassault Aviation annoncés la vente de 14 avions pour l'armée de l'air libyenne. Une annonce très vite démentie par les parties en présence et depuis, les discutions continuent et la situation devient de plus en plus complexe. Achat en coopération avec les Emirats Arabes Unis eux-mêmes client individuels, reprise des Mirage F1, vente d'hélicoptères Tigre ou encore systèmes d'armes. Ce qui pourrait être un beau contrat pour l'industrie française devient un challenge de plus en plus difficile.


En 2007 donc, nous pensions après des mois de tractations que Dassault avait enfin réussi à vendre son Rafale à une puissance étrangère mais il n'en fut rien. La Libye avait en effet une vision plus globale en vue de renouveler les différents équipements français qui équipent son armée (avions, navires Corvette). Le régime de Mouammar Kadafi aurait bien voulu se doter de l'hélicoptère franco-allemand Tigre. Or, si la France a officiellement autorisé la vente d'armes à la Libye, il n'en est pas de même pour notre voisin germanique. La vente des Tigre fut donc compromise ce qui mettait donc un terme à un possible contrat Rafale/Tigre.

Aeroplans - Rafale
Cependant, si aujourd'hui l'affaire des Tigre est révolue, la question américaine déjà soulevée en 2007 pose toujours un léger problème. Même si les relations diplomatiques entre les Etats-Unis et la Libye se sont réchauffées depuis, Mouammar Kadafi n'est toujours pas perçu en odeur de sainteté à Washington. Or, il est à rappeler que certains composants électroniques du fleuron technologique français proviennent de l'industrie américaine. Or, en vertu des accords qui lient nos deux pays, les Etats-Unis seraient tout en fait en droit de s'opposer à cette vente. Washington pourrait tout à fait essayer de protéger sa technologie de pointe contre une nation considérée comme potentiellement menaçante.


Toujours est-il que la France et la Libye sont depuis le mois de juillet 2008 en négociations exclusives pour la vente de Rafale. Si la nouvelle fut tout à fait encourageante, cela ne veut pas non plus dire que Dassault a l'assurance de vendre ses 14 avions. Toujours échaudé par l'échec marocain du Rafale, Dassault adopte une attitude prudente face à cette nouvelle de « quasi-contrat ». On fait d‘ailleurs remarquer chez l'avionneur français que "l'affaire sera vraiment conclue quand le chèque libyen sera déposé sur notre compte". Cependant, la France pourra compter sur des victoires récentes puisque si tout débuta avec la levée de l'embargo en 2004 (2003 pour les Etats-Unis) ce fut pour un contrat de 100 millions d'euros portant sur la vente de missiles antichars Milan, de moyens de communications radio et la remise en état de vol de 12 Mirage F1.


Aeroplans - Carte MaghrebDifférentes menaces planent tout de même au dessus du chasseur français. Outre Washington dont nous parlions plus avant, la concurrence pourrait bien venir de la Russie et des voisins de la Libye. En effet, c'est une véritable course qui a lieu entre le Maroc, l'Algérie et la Libye. La grande question : qui sera la puissance dominante du Maghreb ? Evidement, la puissance de feu militaire est un élément majeur dans une telle compétition. Si le Maroc s'est doté de F-16 américains et ainsi, du soutient diplomatique des Etats-Unis, l'Algérie est plus problématique pour les libyens. Ce pays a en effet crée la surprise en passant commande à la Russie de plus de 60 avions pour un montant de 7,5 milliards de dollars. Au menu, 28 chasseurs Sukhoi-30 et 40 Mig-29. Une armada aérienne que ne peuvent aujourd'hui égaler les marocains ou les libyens. Un rapport de force qui pourra être renversé que difficilement puisque la Russie a affirmée vouloir faire de l'Algérie une de ses chasses gardées tout en lui consacrant à l'avenir 20% de ses exportations militaires soit environ 5 milliards de dollars. Cette situation pousse la Libye dans un double défi entre son désir de leadership sur le Maghreb et celui de rattraper son retard suite à l'embargo. Il n'est pas impossible que la Libye décide de se fournir chez les russes pour le plus gros de leur aviation de combat. Puis chez les français pour créer une sorte de force d'élite composée de Rafale.

Aeroplans - M. Sarkozy et KadhafiLa Libye fait quand même de la France un de ses partenaire économique préféré. Une chance pour l'hexagone puisque même si le pays souffre encore de l'embargo, il est pour l'heure son 76e client et le 45e fournisseur (d'hydrocarbures) de la France. Un maigre score qui pourrait s'améliorer puisque le pays affiche une croissance d'environ 8% par an. Il est également considéré comme le petit Koweït du Maghreb tant les découvertes d'hydrocarbures s'accumulent.

Le Salut, et c'est la piste la plus sérieuse à l'heure actuelle pourrait bien venir d'une commande groupée avec les Emirats Arabes Unis. Si nous parlions des difficultés liées au désir des Emirats de voir le Rafale embarquer une motorisation plus puissante, cette idée du fils du colonel Kadhafi, Saif El-Islam pourrait bien arranger tout le monde. Constatant que la Libye et les Emirats Arabes Unis avaient tous deux des vues sur le Rafale, l'idée lui est venue de réaliser une commande groupée de manière à obtenir un meilleur prix. Même si un tel contrat serait encore plus compliqué à mettre en œuvre qu'un contrat classique, il présente une nouvelle opportunité pour Dassault. Une commande telle qu'annoncée pourrait porter sur la vente d'une centaine d'appareils, 60 pour les Emirats et 40 pour les libyens. Un rêve pour l'industriel mais un rêve non sans soucis. En effet, Saif El-Islam a de moins en moins d'influence à Tripoli. De plus, Dassault devrait s'engager à garantir la revente des Mirage des deux pays ce qui ne semble pas plaire à l'avionneur. Autre éléments fâcheux pour un tel scénario, les deux pays voudraient économiser sur la formation des pilotes en les formant ensemble. Une idée des plus complexes puisque les deux nations ne choisiront certainement pas les mêmes systèmes d'armes. C'est pourquoi Paris continu d'entretenir des discutions séparées avec les deux pays.

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Aeroplans - Dessin Rafale Lybie