En Bref - Les Emirats arabes unis viennent d'émettre une demande d'information technique à destination des Etats-Unis. Concerné, le Boeing F/A-18E/F Super Hornet. Une surprise alors que le contrat émirien était au fil des mois annoncé comme de plus en plus en bonne voie pour la France et son Rafale. L'appel d'offres est évalué à 10Md$.
Une source révèle à Defense News, qui en fait sa une, que "les Emirats demandent aux Etats-Unis des informations concernant le F/A-18 dans des configurations mono et bi-places. Cela n'en est qu'au tout début, ce sont des contacts préliminaires. Les Emirats ouvrent leur porte aux Américains".
Les Emiriens auraient approché Boeing il y a un mois mais auraient été redirigés vers le gouvernement américain. Ce dernier devrait répondre dans le mois à cette demande d'information.
Les raisons de cette demande émirienne ne sont pas claires. Le journal met en avant des divergences technologiques, mais aussi politiques. En effet le F/A-18, même dans sa version la plus moderne, ne peut pas surpasser sur ce plan avec le chasseur français.
Dans tous les cas, ce désistement, qui pour l'instant n'en est pas un, serait problématique en France. Outre l'engagement politique important de l'Etat français, c'est toute une industrie qui espère un peu d'air frais. Dassault doit déjà supporter la perte de la campagne suisse dont le choix du remplaçant a été repoussé il y a peu à une date indéterminée. Outre Dassault, ses partenaires sur le Rafale doivent suivre l'affaire avec le plus grand intérêt. Nous pensons à Thales, dont l'AESA et le Spectra pourraient avoir posé problème, à Snecma qui pourrait peiner à satisfaire au désir émirien pour une poussée plus importante, ou encore à MBDA, qui rêve d'exporter son futur Meteor dans ce pays.
Après 23 ans d'efforts pour exporter le Rafale, c'est une nouvelle fois le prix de l'avion ainsi que la technologie offerte qui pourraient poser problème. Ces rumeurs qui circulent dans le Golfe sont toutefois étonnantes à la vue de la proposition faite au Brésil. Le taux de transfert de technologies avoisineraient alors les 100%.
Reste qui si la raison était une nouvelle fois que l'industrie française refuse, ou ne se donne pas les moyens d'offrir à son client l'appareil désiré, la situation serait plus grave. Hervé Morin annonçait que les développements demandés par les Emirats arabes unis se chiffrent à 2,6M€. Une partie de ces frais seraient à prendre en charge par la France. Or, on sait aussi que l'absence de contrat export pour le Rafale coûterait autour de 800M€ au budget de l'Etat.
Reste alors la piste de divergences politiques. La vente d'un avion de combat est avant tout un acte politique. Pour cela, l'Elysée aura fait un bel effort depuis quelques années ouvrant le dialogue avec plusieurs prospects. Les raisons d'une telle divergence ne sont ni connues, ni confirmées.
En tout état de cause, il se pourrait tout simplement que les Emirats soient en train de faire pression sur les prix de Dassault en faisant miroiter une offre américaine. Cette dernière hypothèse nous semble être la plus probable.