Analyse - Alors que le PAK FA a réalisé son premier vol et porte tous les espoirs de l'industrie aéronautique russe, les Su-35 et MiG-35 sont finalement appelés à durer. Une perspective qui n'a rien d'alarmant, bien au contraire. Au lieu de baser toute son offre à moyen terme sur le futur chasseur de cinquième génération, Moscou positionne une future gamme complète d'avions.
Présentés comme des chasseurs au destin furtif, et conçus pour faire le lien avec la future star russe, le PAK FA, les évolutions du Su-27 et du MiG-29 en cours de développement sont appelées à durer. Ces deux appareils devraient finalement rester en production aux côtés du T-50. Un changement de cap motivé par un contexte économique morose, mais aussi par le glissement des programmes.
Une flotte mixte entre PAK FA et Su-35/MiG-35.
Le PAK FA, une formidable machine volante qui aura finalement cloué le bec à tous les détracteurs de Soukhoï en effectuant son premier vol cette année. Une alslure incisive et des performances qui, sur le papier, n'ont rien à envier à son futur grand rival, le F-22 Raptor américain. Et pourtant, la bête affiche d'ores et déjà un prix de 100M$ l'unité contre 40M$ pour un Su-35. Comparé au F-22, les voyants sont au vert, mais par rapport aux clients potentiels, ça coince. Moscou en premier lieu veut se doter d'au moins 250 de ces chasseurs de dernière génération. Pourtant, la situation économique de la Russie n'est pas idyllique et la facture risque d'être salée, d'autant plus que le pays souhaite dynamiser au maximum l'industrie aéroanutique et de défense dans son ensemble.
Pour continuer de moderniser sa flotte de combat le plus rapidement possible, Moscou pourrait satisfaire à ses énormes besoins par une flotte mixte ayant certe comme futur fer de lance le PAK FA, mais aussi de très bons ailiers avec des MiG-35 et Su-35. Deux programmes financés majoritairement par les industriels, contrairement au PAK FA largement subventionné par Moscou.
Le premier Su-35 a fait son vol inaugural le 19 février 2008, et le programme bénéficie d'un large soutien de la part du gouvernement, qui a d'ores et déjà passé commande pour 48 appareils à livrer entre 2012 et 2015. Ceci en attendant une éventuelle commande supplémentaire pour le même nombre d'appareils.
Un haut potentiel à l'export.
L'ambition de Soukhoï est double. l'avionneur veut bien-sûr maintenir son leadership en Russie, mais il veut aussi imposer son nouveau né à l'exportation. Un premier client pourrait être annoncé avant la fin de l'année. Déjà certains pensent à la Libye qui souhaiterait se doter de 12 à 15 de ces machines. Un contrat dont on ne sait pas s'il remettrait fondamentalement en cause la vente de Rafale dans ce pays avec lequel le GIE du même nom négocie pour un nombre de chasseurs équivalent. Outre la Libye, c'est l'Asie qui doit être en ligne de mire. A titre d'exemple, l'Indonésie entend actuellement acquérir 180 Soukhoï Su-27.
Du côté de chez MiG, on pâtit décidément de l'intérêt porté à Soukhoï. Favorisé depuis quelques années, la maison Soukhoï évince l'avionneur mythique du devant de la scène. Et pourtant, MiG pourrait revenir en force avec un chasseur révolutionnaire qui donnerait un vrai coup de fouet à l'aviation russe. En effet, la société développe un projet baptisé E-721. Un doux acronyme sans guère de sens comme on sait si bien les imaginer dans le monde de l'aviation. Et pourtant derrière lui se cache peut-être une révolution basée sur les traveaux réalisés dans les années 2000 à l'époque où MiG concourrait contre Soukhoï et son T-50. On n'en sait pas plus pour le moment mais, il pourrait faire de l'ombre à ses adversaires.
A plus court terme, MiG propose toujours son MiG-29. Sa version navalisée s'est imposée en Inde pour 16 exemplaires à livrer avant la fin de l'année. A partir de 2012, 29 nouveaux avions de ce type prendront eux-aussi le chemin de l'Inde, partenaire stratégique de Moscou. Coté russe justement, l'avionneur attend patiemment une commande de 24 MiG-29K pour une marine qui souhaite elle aussi se moderniser à grand pas. Ceci en attendant la production d'une quinzaine de MiG-29M/M2 pour la Syrie.
Mais quel avenir pour le MiG-35 ?
Après la commande de Su-35, on se demande si le MiG-35 a bien la place pour s'imposer lui-aussi sur la marché domestique. Une commande potentielle de 24 à 48 MiG-35S serait à l'étude pour les besoins des forces russes. Mais pour l'instant, rien de concret. On ne blâmera pas alors l'avionneur pour avoir peut-être les yeux braqués vers l'avant. Pourvu cependant qu'il nous offre tout comme Soukhoï cette année le plus grand événement aéronautique d'une année à venir.