Aeroplans- European Defense AgencyEn ce matin du jeudi 24 juin, la défense européenne présentait deux visages différents à la presse. Le premier, placé sous l'aile américaine et visant à se protéger d'une éventuelle menace iranienne, le second, placé sous le signe de l'économie budgétaire.

L'Angleterre et la France réfléchissent en effet à conjuguer certains de leurs moyens afin d'éviter la rupture capacitaire en prenant en compte les restrictions budgétaires imposées à leurs ministères de la Défense.

La question de la nécessité du bouclier anti-missile américain est un sujet polémique que nous ne cherchons pas à trancher ici. Celle qui nous intéresse est la dépendance sécuritaire où son déploiement place l'Europe.

 

 

 

Le choix et la mise en œuvre d'un tel projet ne sont pas européens et risquent de mettre un frein nouveau au développement d'une défense européenne cohérente, dans la mesure où les Etats-Unis se chargeraient d'une bonne partie de sa gestion.

La plupart des pays de l'Est préfèrent déjà intégrer l'OTAN et acheter leurs matériels aux Etats-Unis (exemple des F-16 d'occasion à la Roumanie, qui n'aura finalement pas les moyens de se les offrir) pour s'attacher l'amitié et la protection américaine et garantir l'interopérabilité " otanienne ". Pour que la défense européenne gagne en cohérence, elle devrait peut-être se baser, modestement mais surement, sur une politique de préférence européenne pour la fourniture de matériel. Ce serait déjà une bonne base pour des projets de plus grande envergure politique et militaire.

Aeroplans - F-16

L'autre aspect abordé est celui d'un rapprochement franco-britannique en matière de défense. Les deux pays ont les plus grosses armées d'Europe et engagent des dépenses souvent similaires. L'Accord de Saint Malo, qui date de 1998, n'avait pas vraiment réussi à entériner des progrès significatifs de la PESD. Des soucis on ne peut plus pragmatiques - budgétaires - vont peut-être lui permettre de réfléchir à des projets communs dans les domaines des drones, des missiles ou des satellites. C'est un premier pas industriel et un vrai projet commun qui se passerait de discours pour arriver à des réalisations concrètes et des économies réelles. Car, si les idéaux ne peuvent conduire à regrouper une armée européenne, il reste possible d'envisager une coopération industrielle qui permette de mutualiser les fonds, connaissances technologiques et par là les besoins… Alors que la moyenne de croissance des budgets militaires est à 2 chiffres dans le monde (Chine, Inde, Russie, USA...) les pays européens individuellement maintiennent à peine leurs efforts.

Les projets envisagés sont loin des dépendances sécuritaires et technologiques proposées par les Etats-Unis. Si l'opportunité d'un BAM n'est pas le sujet de cet article, l'opportunité d'une défense européenne est plus que d'actualité dans la mesure où elle permettrait de préserver la supériorité technologique européenne, ses marchés et les emplois qu'elle génère dans un contexte où les trois sont menacés. Et pour ceux qui douteraient de l'utilité de la recherche et du développement dans le domaine militaire, voici une petite liste des applications civiles qui trouvent leur origine dans la recherche militaire : radar, réacteur d'avion, laser, circuits électroniques, théorie de l'information, ordinateurs, Internet...

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