Pour supporter les ventes de Rafale à l’export, des mouvements de Mirage 2000 sont étudiés pour débloquer la situation dans au moins quatre des nations qui ont déjà affirmé leur préférence pour le chasseur Rafale de Dassault Aviation.
C’est le cas du Brésil dont l’annonce officielle pourrait avoir lieu d’ici mi-mars. Aux Emirats arabes unis, où le Rafale fait aussi office de favori, la vente des Mirage 2000 émiriens débloquerait une situation prometteuse pour les industriels français dans la région. Si l’on ajoute l’Inde, le Koweït et l’Irak, ces pays peuvent compter sur le « service après vente » français. Ceci d’autant plus que Paris rêve de troisième place sur le podium des grands exportateurs de matériel de défense mondiaux.
Emirats arabes unis : Se débarrasser des Mirage 2000-9 pour des Rafale.
Pour décrocher un beau contrat à l’export, le Rafale doit entre autre attendre que les 63 Mirage 2000-9 émiriens trouvent preneur(s) sur le marché. Les Emirats disposent de la version la plus avancée du Mirage 2000. Trente de ces appareils ont directement été livrés jusqu’en 2005 à ce standard et les trente-trois autres sont des modèles livrés en 1988 mis à niveau ultérieurement.
Après avoir été de fidèles clients de Dassault dans le dossier des Mirage, les Emiriens voudraient bien les écouler pour acquérir le même nombre de Rafale. Une nouvelle fois, ce serait un Rafale « de luxe » qui viendrait équiper l’armée de l’air des Emirats arabes unis. Au standard le plus récent (F3), les appareils seront vraisemblablement équipés du nouveau radar AESA et de moyens d’autoprotection renforcés, pour ne citer qu’eux.
Ainsi donc, des discussions pour revendre ces Mirage 2000-9 sont en cours depuis plusieurs années. Les industriels et la DGA sont fortement impliqués dans cette affaire, qui est potentiellement déterminante pour la vente de Rafale. Il fut alors question d’une reprise par l’armée de l’air française. Beaucoup plus polyvalents que nos Mirage 2000D, les Mirage 2000-9 auraient certainement été à l’aise, mais une telle incorporation n’est aujourd’hui plus une possibilité. Le Rafale prend le pas sur les Mirage 2000 dans l’armée de l’air française. A terme il sera le chasseur des armées de notre pays.
Puisque les Emirats arabes unis veulent se doter d’un chasseur des plus modernes ayant fait ses preuves notamment sur son terrain lors d’exercices internationaux, les Mirage doivent laisser place aux Rafale. Plusieurs débouchés se sont alors dégagés en fonction des appels d’offres en cours : Le Brésil, l’Irak ou l’Inde. Alors que Lockheed Martin présentait son F-16I en Inde, les Français n’ont pas souhaités engager des Mirage 2000 dans la bataille. Rappelons que c’est déjà cet appel d’offres qui avait eut raison de la production du chasseur français. Mais en dehors de ce pays, les Mirage 2000-9 émiriens pourraient, par exemple, voler au Brésil.
Brésil : Prendre les Mirage 2000-9 émiriens pour attendre le Rafale.
Nous le disions précédemment, depuis la visite du Ministre de la Défense brésilien Nelson Jobim à New York, la rumeur d’une annonce officielle engageant le Brésil pour le Rafale pourrait survenir d’ici la mi-mars. Si rien n’est sûr de ce côté-là, c’est aussi qu’un élément clé du dossier serait le délai de livraison. Entre pressions étrangères et internes, le gouvernement brésilien a pris une décision politique et stratégique pour son prochain avion de chasse. Le contrat de 6,2Md$ porte sur la production de 36 appareils.
Après avoir négocié le prix, qui semble aujourd’hui arrêté, et accepté un taux de transfert de technologie sur lequel nous avons déjà tergiversé, le Brésil semble maintenant pressé de moderniser sa flotte, et demande des solutions à Paris. L’une d’entre elle, serait de fournir tout ou partie des Mirage 2000-9 émiriens à la force aérienne brésilienne (FAB).
Cette offre parallèle aurait beaucoup d’avantages pour les Français comme pour les Brésiliens. D’une part, cela débloquerait la situation à Abu Dhabi dont nous parlions plus haut. D’autre part, le Brésil serait fourni en une force d’avions de chasse redoutables, le Mirage 2000-9. Une force de frappe non négligeable quand on regarde les flottes environnantes. Les militaires brésiliens pourraient alors se rallier à l’offre française. En fournissant des moyens opérationnels rapidement et surtout plus en adéquation avec le rapport technique de la FAB recommandant un avion plus économique, le Saab Gripen NG, les Français marqueraient à coup sûr de précieux points.
N’oublions pas que l’appel d’offres en cours n’est qu’une première tranche d’acquisitions pour le Brésil. Après ces 36 appareils, ce sont peut-être 120 avions qui pourraient être achetés par le pays. Quel serait alors le problème du côté français de couper en quelque sorte la poire en deux en acceptant de fournir à la fois des Mirage 2000-9 et des Rafale ? Rappelons aussi que le Brésil a été le septième client de Dassault pour le Mirage 2000. En 2005, le pays achetait douze Mirage 2000 RDI-S4 d'occasion à la France, pour une valeur de près de 60M€ (plus 20M€ pour des équipements supplémentaires). Avec la maintenance et l'armement, le montant total aurait pu dépasser 150M€.
Demain, nous continuerons notre voyage à destination de l’Irak, du Koweït et de l’Inde.
Michael Colaone.
Cet article a été inspiré par les réactions de nos lecteurs que je remercie au passage pour leur fidélité.