Depuis quelques jours, la Toile bruit de la rumeur que le producteur de cinéma et de télévision (Les Experts Las Vegas / Miami / Manhattan) Jerry Bruckheimer et l’acteur Tom Cruise se seraient approchés pour évoquer la possibilité de donner une suite au fameux « Top Gun ».
Voilà une nouvelle qui, si elle réjouira tous les amateurs du genre, devrait ravir au premier chef Lockheed, le constructeur du F-22 Raptor et du F-35 Lightning II, tant il est vrai que depuis 1986, année de la sortie de « Top Gun » – autant une ode au Grumman F-14 Tomcat qu’à la United States Navy Fighter Weapons School, Hollywood n’a plus rien produit d’aussi efficace à la gloire des ailes ou de l’aéronavale américaines.
Certes, entre-temps, il y eut bien la mise en scène du General Dynamics F-16 Fighting Falcon avec la quadrilogie des « Iron Eagle » – « Aigle de fer » – en 1986, 1988, 1992 et 1995. Mais, ces quatre films font pâle figure en regard de « Top Gun » et les appareils utilisés étaient des F-16 loués à la force aérienne israélienne, l’US Air Force n’ayant pas voulu mettre les siens à la disposition de la réalisation. Et, franchement, l’histoire du jeune Doug mettant sur pied, avec l’aide de ses petits camarades et d’un vétéran de l’US Air Force, une opération secrète pour aller délivrer son papa, pilote américain abattu lors d’une mission au Moyen-Orient, se lançant seul à bord d’un F-16 D (biplace) à l’assaut d’une base aérienne défendue bec et ongles par des horribles méchants pour, au final, sortir vainqueur d’un combat tournoyant à un contre quatre, en se balançant Gimme some lovin de Steve Winwood & Spencer Davis dans les oreilles…
En l’occurrence, en cette période de restriction générale des budgets de défense, en conséquence de valse-hésitation autour de l’achat d’avions de combat de cinquième génération pour renouveler des flottes aériennes vieillissantes, la grosse machine hollywoodienne pourrait s’avérer un précieux allié du complexe militaro-industriel américain pour imposer sur grand écran l’image de la suprématie du F-35 et du F-22, ainsi de l’avion de combat de cinquième génération dans l’esprit du plus grand nombre ; qui plus est : avant que russes et chinois pointent le bout du nez sur ce marché et deviennent de sérieux concurrents.
Allez, ce serait bien le diable si Jerry Bruckheimer n’arrivait pas à trouver une idée de scénario pour sortir un nouvel opus du même tonneau que son « Top Gun » de 1986.
Il serait pour le moins étonnant que Lockheed, le Département de la Défense ou ses services de la communication voient d’un mauvais œil Pete « Maverick » Mitchell embarquer à bord d’un F-35 ou d’un F-22.
Vu son âge actuel, « Maverick » ne sera certainement plus lieutenant, mais devenu au minimum colonel au sein d’une United States Navy Fighter Weapons School accueillant aujourd’hui des femmes pilotes, toutes plus racées et douées les unes que les autres. Un de ces colonels aussi instinctif et non-conventionnel qu’expérimenté et loyal envers la bannière étoilée ; un personnage ayant appris de ses erreurs du passé, animé d’un sens du devoir et du sacrifice hors du commun et confronté pour l’occasion à une génération montante qui lui renvoie l’image de ce qu’il fut dans ses jeunes années. Le type de personnage que les réalisateurs américains savent si bien créer pour booster un film à la gloire des hommes et des femmes servant au sein des forces armées américaines.
A l’évidence, si ce « Top Gun 2 » venait à voir le jour, il ne s’agira probablement pas d’une introspection sur l’Afghanistan : Tom Cruise a déjà donné dans « Né un 4 juillet » d’Oliver Stone et ce ne serait ni très US Air Force, US Navy …ou sexy que cela ! Les forces américaines ne se s’étant pas encore retirées d’Afghanistan, Hollywood n’est certainement pas prête de sortir une superproduction autocritique sur le sujet.
Sans l’ombre d’un doute, le réalisateur trouvera bien au final une guerre ou une mission improbable à mener dans un endroit perdu quelque part au milieu de nulle part pour faire sortir victorieux le COL. Pete « Maverick » Mitchell d’un combat canon désespéré mené au milieu d’un essaim d’affreux méchants aux commandes d’appareils presque aussi évolués que les F-35 ou F-22 équipant son groupe aérien. Forcé, sinon il n’y aurait rien à voir et à faire voir.
Voilà pour le prévisible. Reste l’inconnue : quid de « Charlie » ? Quiconque a vu « Top Gun » n’a, certes, pas oublié Charlotte « Charlie » Blackwood, alias Kelly McGillis. La belle sera-t-elle de nouveau là pour brûler la pellicule et rappeler au toujours sexy « Maverick » que même au milieu de la fureur du combat, il faut savoir respecter les règles d’engagement …et celles de comportement face à la gent féminine ?
Cet article a été publié a été publié en collaboration avec François Monney pour Fragments Actuels.