Analyse – Entre rapprochement entre deux puissances asiatiques et scandale d'espionnage industriel, le feuilleton du T50 en Indonésie aura pu déraper à plusieurs reprises. Et pourtant, le rapprochement entre la Corée du Sud et l'Indonésie n'en fini pas de porter ses fruits et pourrait amener à la première vente de son chasseur local, le T50 Golden Eagle.
Depuis des années, la Corée du Sud tente de faire fructifier un accord de coopération de défense entre Séoul et Jakarta. Si c'est deux pays sont historiquement proches des Etats-Unis, ils ont aussi démontré d'une certaine envie pour une indépendance stratégique accrue. Si l'Indonésie voit son budget de défense monter au fil des ans, la Corée du Sud est quant à elle déjà une puissance régionale importante. Depuis des années, elle tente de s'émanciper de l'influence américaine pour développer sa propre industrie aéronautique et de défense.
La sélection du Golden Eagle.
Le 12 avril, des officiels indonésiens ont ainsi déclaré que l'avion d'entrainement qu'ils privilégient est bien l'appareil sud-coréen, T50. A KAI, Korean Aerospace Industries, de confirmer dans la foulée que le ministre de la défense s'est bien dit en faveur de cet avion. Pour autant, rien n'est tout à fait jouer pour les Coréens puisque le prix reste notamment à négocier.
Si la vente se confirmait, cela serait une bonne nouvelle commerciale mais aussi une belle récompense pour le formidable effort que fourni l'industrie sud-coréenne pour se hisser au rang de fabricant mondial d'avion de chasse. Avec la France, la Russie, la Suède, la Grande Breatagne, la Chine et les Etats-Unis, la Corée du Sud deviendrait la septième puissance mondiale à exporter des appareils supersoniques. Ceci est d'autant plus intéressant que Kim Hong-Kyung, le président de KAI a aussi déclaré que cette victoire s'est faite au détriment d'offres russe, italienne et d'autres pays technologiquement avancés.
On ne peut alors s'empêcher de croire que la Chine a elle aussi fait une offre basée sur ses avions qui restent pour le moment à un stade de développement technologique mineur. Reste que l'Empire du Milieu avance vite et Séoul ne souhaite pas rentrer dans l'ombre sans combattre. La bataille commerciale devrait être palpitante dans cette région du monde mais aussi à l'échelle mondiale. ceci alors que l'Indonésie attire de plus en plus les acteurs mondiaux comme le montre l'exemple récement soulevé avec le Royaume Uni qui tenterait d'y vendre des Eurofighter.
Renforcer des liens entre industries montantes.
Nous le disions plus avant, le partenariat stratégique entre la Corée du Sud et l'Indonésie semble être une piste de dévelopement privilégiée pour les deux nations. Une success story intéressante alors que les Européens n'arrivent toujours pas à travailler ensemble sans que cela ne devienne un casse-tête. A ceci prêt que le National Intelligence Service (services secrets coréens) auraient été pris la main dans le sac en train de s'adonner à de l'espionnage industriel. Ceci remonte au 16 février et la visite d'une délégation commerciale indonésienne en Corée.
Si le T50 est produit grâce à la participation de l'industrie américaine et notamment Lockheed Martin, il n'en est pas moin estampillé made in Korea et ce à juste titre. Si ce contrat évalué à 400 million de dollars venait à être signé, les retombées locales permettraient de booster encore un peu plus les efforts sud-coréens.
Une initiative à saluer d'autant plus que le contexte régional et international est compliqué. C'est notamment la montée de nouveaux acteurs dont fait d'ailleurs partie KAI qui rend le marché très concurrentiel. Mais pour le moment, pas question de faire de l'export une grande priorité, c'est avant tout le développement de savoirs faires qui prime.
Reste que les Européens peuvent commencer à se poser des questions notamment face au Golden Eagle. Nous rappelerons à titre d'illustration l'appel d'offres en cours aux Emirats arabes unis pour le renouveau de la flotte locale d'entrainement. Si le M-346 de Finmeccanica faisait figure de grand favori voir même considéré comme vendu, l'affaire semble finalement plus compliquée que prévue notamment grâce à la montée en puissance des… Sud Coréens dans ce pays du Golfe. Voir le T50 voler la vedette à l'appareil européen n'est donc pas une veine idée surtout dans le cas d'un premier contrat export avec l'Indonésie.
La montée en puissance du Golden Eagle.
Pour satisfaire aux besoins locaux comme aux éventuelles solicitations de clients exports comme les Emirats arabes unis, le T50 va se voir doter de capacités accrues. Si pour le moment le chasseur d'entrainement peut être utilisé pour des missions d'attaques légères, l'armée de l'air sud-coréenne travaillerait sur une version plus lourde. C'est principalement au niveau de l'armement que l'appareil devrait gagner en capacité.
De telles évolutions est le gage d'une industrie dynamique. Si le partenariat avec l'Indonésie est une priorité actuelle, la Corée du Sud pense aussi à diversifier ses partenariats. Si la relation avec le Japon est historiquement concurrentielle et nous ne parlerons pas de la Chine ou de la Russie, la Turquie semble elle aussi discuter apprement avec la Corée. Le pays a notamment un fort intérêt alors qu'il développe lui-même son industrie aéronautique et de défense. Ne serait-ce qu'en terme d'avions civile, la Turquie aurait besoin de 480 nouveaux avions d'ici 2029 pour satisfaire ses besoins domestiques. Reste que le pays est ambitieux et une coopération avec la Corée du Sud pourrait patir du désir turc de maitriser le développement de ses avions. Nous abordions récement le sujet du KF-X.