Aeroplans - Visite de Nicolas Sarkozy à Bagdad en 2009 avec M TalabaniSous le régime de Saddam Hussein, la France était le principal fournisseur des armées irakiennes en matière d’équipement militaire. Les relations entre Paris et Bagdad étaient alors au beau fixe. Une relation durement remise en cause par l’attaque du Koweït en 1990. Suivra ensuite un embargo sur les armes à destination de l’Irak mettant un terme aux échanges bilatéraux.

Les opérations militaires d’envergures menées ensuite par les Etats-Unis ont alors fait de Washington la puissance la plus logique et surtout la plus influente sur les officiels irakiens. Si les délégations étrangères et donc françaises sont tolérées à Bagdad, les présentations d’offres dans le secteur se font toujours sous le contrôle plus ou moins rapproché d’un militaire américain. Dur de faire jouer la concurrence dans pareil cas.

 

 

Aeroplans - MiG-21

Malgré ce contrôle intensif, les Irakiens chercheraient à ouvrir leurs voix d’approvisionnement en matériel de Défense. C’est alors vers l’Europe que leurs yeux se sont tournés. Si la Grande-Bretagne, l’Italie et la Pologne se sont déjà bien positionnées sur le marché, leur participation militaire à la campagne américaine doit avoir joué en leur faveur. Or, ce n’est évidement pas le cas de la France ou de l’ex-Yougoslavie, les deux anciens plus gros marchands d’armes dans le pays. Malgré les pressions américaines, l’Irak renoue actuellement des relations avec ses anciens alliés.

En conséquence, Paris et Belgrade se montrent ouvertes à la négociation, avec les délégations irakiennes qui font maintenant le déplacement.

Des MiG stockés en Serbie

Depuis qu’il est de nouveau de bon goût de traiter avec les Irakiens, ces derniers se sont mis en quête de rassembler leur matériel militaire disséminé aux quatre vents. Confiés à des puissances étrangères pour des raisons de maintenance ou simplement le temps pour ces dernières d’honorer leurs contrats, du matériel irakien est stocké notamment en Europe.

Ainsi, 19 chasseurs MiG-21 et MiG-23 partis en ex-Yougoslavie en 1989 n’ont jamais été restitués à l’armée de l’air irakienne. Or, depuis l’année dernière, des officiers irakiens négocient le retour de ces appareils dans leur pays. Evidement, les opérations de maintenance devront être effectuées par Belgrade, conformément au contrat signé en 1989.

Pour Belgrade, les affaires reprennent doucement en Irak. En 2008 déjà, le pays était l’un des premiers à négocier un contrat d’armement avec le nouveau régime. Des armes légères, des pièces détachées d’hélicoptères et des avions d’entraînement Utva-Lasta95 avaient été négociés pour un montant de 236M$. A noter également que le pays participe à la reconstruction de l’Irak, un marché particulièrement juteux.

Aeroplans - Eurocopter EC635Paris de nouveau dans le match

Comme nous le disions, la concurrence est rude pour équiper l'armée irakienne, qui va remplacer les troupes américaines dans la sécurisation du pays. Sans surprise, la coalition ayant renversé l’ancien régime cherche à rentabiliser sa présence. Ainsi, un intense lobbying est opéré sur les Irakiens pour décrocher aussi bien des contrats d’armement que de reconstruction. Mais ça y est, Bagdad se tourne de nouveau vers son ancien fournisseur, la France, dont le matériel équipait l'essentiel de l'armée irakienne sous Saddam Hussein.

Ainsi en mars dernier, un premier contrat portant sur la vente de 24 appareils de transport EC635 d'Eurocopter avait été signé pour un montant de 360M€. «L'armée de l'air irakienne est fortement intéressée dans l'ordre de priorité par six hélicoptères Panthers SAR, dix-huit Mirage F1 modernisés, quatorze hélicoptères légers Fennec, Aeroplans - Mirage F1et six petits avions Médévac» révèle aussi le Figaro. Ceci sans oublier l’armée de Terre qui se dit intéressée par des chars AMX 30 et AMX 6 T, des véhicules de l'avant blindé VAB et Sagaie E. Quinze patrouilleurs de type Ocea et deux navires de soutien seraient également sur les rangs mais subissent une contre-offre américaine d’envergure. La France serait ainsi en train de négocier avec les pays voisins (Arabie Saoudite en tête) pour céder à Bagdad du matériel d’occasion ouvrant ainsi potentiellement de nouveaux marchés « dans le neuf ».

Autant dire que la porte est grande ouverte à Paris. Dans son ambition de devenir de troisième exportateur d’armes au monde, l’Elysée et les entreprises nationales accueillent les délégations irakiennes avec soin. Avec l’annulation en décembre 2009 de 80% de la dette irakienne (4,8Md€), Paris met le pied à l’étrier. Il faudrait néanmoins continuer d’éviter une répétition du couac diplomatique de l’an dernier lors de la visite du Premier Ministre Nouri al-Maliki.

 

Une offensive politique et économique

En attendant on s’organise à Bagdad. Avec la nomination d’un Aeroplans - F-16attaché de Défense, les visites de François Fillon et Nicolas Sarkozy, la mise en place d’un diplomate français plus dynamique, la politique passe la vitesse supérieure. Côté hommes d’affaires, les visites se succèdent malgré l’insécurité qui règne dans le pays. La proximité relative des Emirats arabes unis, base des entrepreneurs français favorisent ces déplacements. Un centre d’affaires vient ainsi d’ouvrir ses portes dans une villa située dans le périmètre sécurisé de l’ambassade pour accueillir ces derniers dans des conditions de sécurité optimales. Puisque la France tente de se positionner sur les marchés irakiens, les autorités proposent un appui commercial et une veille stratégique aux PME françaises désireuses de faire affaires en Irak. Il va donc falloir que le privé travail avec entre autre les armées. Un exercice qui reste annecdotique en France alors que les Américains y sont eux beaucoup plus habitués.

C’est une belle initiative française que nous tentons de décrire. Les ambitions notamment de la chasse irakienne sont grandes. De manière à rendre ses pilotes opérationnels d’ici 2012, Bagdad à d’abord opté pour un escadron de F-16 ainsi que pour une douzaine de T-6A Texan. Raytheon a proposé la version AT-6B, qui permet aussi de mener des missions de lutte anti-insurrectionnelle et d’appui-feu en plus de la formation des pilotes. Cependant, l’armée de l’air locale veut se doter d’une centaine d’appareils d’ici 2020 et c’est une nouvelle fois la France qui se positionne.

Dans ce prochain article, vous découvrirez cette nouvelle percée du Mirage F1 en Irak.

Michael Colaone.