Analyse – La nature a horreur du vide et la diplomatie tout comme les partenariats industriels répondent bien à cette affirmation. Au Venezuela, il aura suffit que les relations avec les Etats- Unis s'effacent pour que la Chine fasse une nouvelle entrée fracassante sur la scène sud-américaine. Alors que les Etats-Unis jouaient à domicile dans leur fameux pré carré d'Amérique du Sud, le Venezuela fit tout à coup sécession. Washington, pourtant proche de ce pays jusqu'à la fin des années 90, ne serait-ce que pour tenter de contrôler les exportations de stupéfiants, se voit ainsi mis sur la touche remplacés nos nouveaux amis venus d'Asie. Et une fois n'est pas coutûme, ce sont sur les énormes réserves pétrolières vénézuéliennes que lorgnent les deux grandes puissances.
En septembre 2008 les liens diplomatiques entre les Etats-Unis et le Venezuela sont rompus. Officiellement en cause, l'arrivée au pouvoir de George W. Bush, une tentative de coup d'état manquait en 2002, l'augmentation des prix du pétrole vénézuélien tout comme l'envie de nationalisation de l'industrie pétrolière de son président pour améliorer la situation sociale du pays. Un embargo est alors décrété par les Américains et plusieurs projets d'équipement tombent alors à l'eau. Ce fut le cas des EMB-314 Super Tucano en provenance du Brésil, des L159 ALCA fabriqués en République Tchèque ou encore des CASA C-295.
La force aérienne vénézuélienne est tout à fait caractéristique de cette "aide" américaine. Richement dotée depuis les années 80 d'une flotte de F-16A et B, la Fuerza Aérea Venezolana aligne aussi des C-130H Hercules, un ravitailleur en vol Boeing 707 ou encore deux Fairshild C-26A Metro III dédiés au renseignement électronique. Cependant, les tensions entre les deux pays vont avoir un impact négatif sur les livraisons de matériels américains. Le président Chavez déclare d'ailleurs depuis plusieurs mois se retrouver dans l'impossibilité d'obtenir des pièces de rechange en provenance des Etats-Unis pour ses appareils. L'ultime menace serait pour lui de transférer ces appareils en Chine ou en Russie de manière à obtenir des nouveaux appareils.
Le pays sort ainsi d'une période de forte dominance américaine et cherche un nouveau partenaire stratégique, qui pourrait se permettre à la fois de prendre la place de Washington mais aussi de traiter aux yeux de tous avec un pays de moins en moins aligné. La Chine est de ces pays qui tentent de gagner une véritable posture internationale, notamment grâce à son fameux dialogue sud-sud. Un plan qui, au Venezuela se heurte à une présence grandissante de la Russie.
Moscou se fait elle aussi forte de traiter avec des pays en plus ou moins bon terme avec la communauté internationale, et ce surtout si cela peut se faire au bénéfice d'une vieille rivalité héritée de la Guerre Froide. Un accord de coopération sera ainsi signé entre les deux nations en mai 2001. Plusieurs projets sont sur la table, dont la livraison d'hélicoptères Mi-17, Mi-35 et Mi-26. Mais la plus grande réussite russe à ce jour reste la livraison de 24 Sukhoi Su-30MK2V. Suite à ce succès, Caracas plancherait sur d'autres livraisons de matériels d'origine russe. On parle alors d'un escadron de Su-35 ainsi que d'appareils de transport, de ravitailleurs en vol, d'appareils d'entrainement, d'avions de mission ou encore de systèmes de défense anti-aérienne. De telles acquisitions donneraient par ailleurs au Venezuela un avantage régional important alors que la course aux armements monte en puissance sur le continent.
Enfin, côté chinois on a semble t'il choisi de favoriser une coopération accrue dans le domaine spatial. Evidement, le volet aéronautique n'est pas oublié comme le montre la vente cette année d'avions de transport Y-8F-200W ou encore celle de 18 appareils d'entrainement et d'appui au sol K-8. Le contrat des Y-8 est le plus gros contrat export pour cet avion développé par Avic sur la base de l'Antonov An-12. Ceci alors que la commande a été ramenée à huit appareils contre douze originellement attendus. Mais que cela ne tienne, les avions rejoindront un parc vieillissant de C-130 dont nous parlions plus avant. Concernant les appareils d'entrainement que Moscou souhaite vendre aux Vénézuéliens, Pékin va surement tenter elle aussi de placer ses produits. En juin de cette année la télévision d'état chinoise montrée les premières images d'un des chasseurs développés en interne, le JT-9. Un appareil qui, soit dit en passant, serait utilisé pour les futurs pilotes de l'aéronavale chinoise.
Nous sommes cependant fin 2008 quand les premiers grands progrès chinois au Venezuela prennent une tournure plus impressionnante. Le premier satellite vénézuélien fut alors mis en orbite depuis le pas de tir de Xichang. Dédié aux télécommunications, l'engin a pour but d'amener un système de communication moderne notamment aux populations les plus isolées du pays. D'une durée de vie affichée de quinze années, le satellite Simon Bolivar est le premier fruit d'un programme spatial que le président Chavez aura alors chiffré à 241 million de dollars sur cinq ans. Le nom donné au satellite provient du général victorieux du même nom qui emmena ses troupes vers l'indépendance face à l'Espagne. Ce nouveau satellite est semble t'il capable de couvrir les Caraïbes, l'Amérique centrale et certaines parties de l'Amérique du Sud.
Un autre projet est quant à lui attendu au lancement pour Octobre 2012. Evalué à 140 million de dollars, le satellite sera lui dédié à l'observation de la Terre. Aux dires des officiels, il sera capable d'observer le pays 24H/24 (sic) de manière à prévenir le mouvement de troupes ou encore de lutter contre les mines illégales. Des missions d'étude de l'environnement seraient aussi attendues.
Toujours est-il que la Chine est progressivement devenue le second partenaire économique du Venezuela. Le commerce en 2010 entre les deux pays s'est élevé à 10 milliards de dollars. Une augmentation de 900% par rapport aux 200 million de 1999. Une coopération que les officiels entendent diversifier notamment dans les secteurs de l'énergie et de l'agriculture. Des domaines clés pour Pékin puisque la même approche peut être observée principalement en Afrique ou dans d'autres pays d'Asie comme d'Amérique Latine.