Aéroplans - L'Eurofighter TyphoonDe plus en plus étonnant pour une province qui coopère pourtant largement avec les autorités américaines. Si chacun sait que de bonnes relations avec Washington passent par l'achat de matériel militaire, les différents contrats raflés par les entreprises européennes ces derniers mois indiquent que l'Arabie Saoudite, comme beaucoup d'autres pays hier encore sous la domination des Etats-Unis, commencent à vouloir diversifier leurs sources d'approvisionnement. Une aubaine pour une Europe traditionnellement présente au Proche et Moyen Orient et qui peut aujourd'hui proposer un bon nombre d'articles à la vente.

Eurofighter, A330 MRTT ou autre système de protection de la défense aérienne, l'Arabie Saoudite commence de plus en plus à s'affranchir de son fournisseur habituel pour revenir vers les Européens. De plus, si ces commandes représentent des sommes d'argent très importantes, elles concernent aussi du matériel hautement stratégique.

 

Avec la commande de 72 exemplaires de l'appareil Eurofighter Typhoon, le royaume en est le plus gros client après les pays à l'origine du projet. Un nombre qui pourrait même augmenter puisque Riyad est rentré en juin dernier en discussion avec Londres en vue de l'achat éventuel d'avions supplémentaires. Si certains d'entre vous se demanderont surement pourquoi nous n'avons pas eu vent de négociations avec la France ou la Suède, il se pourrait que le choix tienne du politiquement correct.

Aéroplans - L'Airbus A330 MRTTEn choisissant un avion construit par plusieurs pays européens, Riyad ne met pas en concurrence une seule nation face aux Etats-Unis. En choisissant Londres comme interlocuteur direct, notamment pour l'achat de nouveaux appareils, les Saoudiens jouent peut-être la carte de l'allié fidèle. Ceci sans revenir sur DOVE et une série de vente d'armes entre le Royaume-Unis et l'Arabie Saoudite.

Ceci vient s'ajouter aux perpétuels remous du trublion A330 MRTT. Si l'on connait bien sa réputation aux Etats-Unis avec l'affaire des ravitailleurs pour l'USAF, en Arabie Saoudite l'Airbus a enregistré six commandes dont trois supplémentaires fin juillet 2009. Si la première livraison est prévue pour 2011, une nouvelle fois les Saoudiens ont choisi Airbus et non plus Boeing, et par exemple ses C-130, pour équiper son armée de l'air.

A tout ceci, il conviendra notamment d'ajouter les récents contrats signé par EADS et Thales et qui continuent de montrer le détachement des Saoudiens vis-à-vis des Etats-Unis. En effet, EADS a remporté tout début juillet un contrat de 2,5 milliards d'euros pour mettre en place le SBGDP (Saoudi Border Guard Development Program), soit l'installation de radars et de postes de commandements le long des 8 000 kilomètres de frontières du pays.

Cette barrière de défense électronique le long des frontières saoudiennes permet à EADS, via sa branche Défense et Sécurité, de renforcer sa position dans la région en fournissant un système critique à une puissance prédominante. Et voici le monopole anglo-saxon plutôt entamé alors que l'Américain Raytheon, pourtant dans la course, avait était écarté en 2000, soit neuf ans avant la signature du contrat. Le Britannique British Aerospace participait lui aussi à l'appel d'offres.

Aéroplans - Le célèbre F-15 de BoeingEnfin, depuis 2007 le spécialiste de l'électronique militaire Thales monte aussi en puissance dans cette partie du monde. Il a notamment été sélectionné par le ministère de la Défense d'Arabie Saoudite pour la fourniture d'un important système de protection électronique pour équiper les forces aériennes du pays. Le contrat de 125 millions d'euros a été baptisé Al Madhallah (le parapluie). C'est un système de protection de la défense aérienne qui se compose d'un centre de guerre électronique avec six hubs régionaux et de centres mobiles d'entraînement à la guerre électronique des personnes servant les batteries de missiles (Crotale, Shahine, Patriot ou Hawk). Une coopération durable pour l'entreprise déjà présente dans le pays puisqu'elle assure le support système et logistique complet pour ses radars Crotale et Shahine.

Dommage pour les Américains qui, en ces temps difficiles, auraient certainement voulu profiter du renouvellement de la flotte saoudienne comme de sa mise en service de nouveaux équipements de défense. Si les faits ne sont pas encore alarmants, d'autant plus que l'insécurité dans le Golfe est croissante, il semblerait tout de même que le pays ait à faire face à une perte d'influence dans la région.

Une partie du monde où les Américains sont plutôt critiqués, notamment pour leur engagement en Irak. Il faut dire néanmoins que l'administration Bush semblait avoir de bonnes relations avec la famille royale saoudienne. Après des années de bons et loyaux services en échange d'une protection militaire américaine, les Saoudiens envoient un signal que les Européens ont bien su comprendre.

Même s'il faut tempérer toutes ces annonces, ne serait-ce que par les pourparlers préliminaires engagés par Riyad avec Boeing en juin dernier pour la fourniture de nouveaux F-15.