Sous ce terme qui fait instinctivement penser à un jeu vidéo se cache deux types de compagnies. La première est effectivement une simulation de la vie d'une compagnie aérienne. La seconde est une compagnie qui affrète des vols sans avoir pour autant d'avions ou de lignes. Bienvenue dans le monde virtuel - mais pas tant que ça - de ces compagnies sans pilotes et sans avions.
Dans le premier cas, une compagnie aérienne virtuelle (VA de l'anglais Virtual Airline) est une compagnie qui va proposer à ses clients des vols opérés par d'autres compagnies possédant de véritables avions. Dans la plupart des cas, ce sont des communautés de voyageurs qui se regroupent pour essayer d'obtenir des avantages à voyager régulièrement dans une même zone géographique donnée. Le but étant au final d'obtenir des prix par billet plus intéressants que si l'on avait réservé directement auprès d'une compagnie régulière.
C'est le même principe que les tours operators qui arrivent de par leur poids dans la négociation à obtenir des billets moins chers auprès des compagnies aériennes. Un exemple de ce type de coopérative est Point Afrique qui regroupe des voyageurs d'Afrique de l'ouest et du nord. Notons tout de même que de telles compagnies ne peuvent exister en Europe puisque la loi oblige que pour être reconnue comme telle, une compagnie doit avoir en sa possession ou en location un appareil bien réel.
Dans le deuxième cas, une VA est une vraie entité virtuelle puisqu'elle simule la vie d'une compagnie aérienne, souvent via Microsoft Flight Simulator. Le but est alors de satisfaire une communauté de passionnés autour de simulations de vols. Les utilisateurs habituels de Flight Simulator sont aussi récompensés puisque ce sont des communautés entières de fondus qui se rassemblent et font vivre leur projet. Se prennent alors au jeu des pilotes, des contrôleurs aériens et des gens qui n'ont pas la chance de pouvoir voler.
La vie de ces compagnies peut alors devenir très réaliste puisque ces vols se font dans le respect des règles de l'aviation civile et les « rapports » permettent de suivre l'activité de la compagnie avec précision. Fans de simulateurs de vols, ces joueurs font vivre des entités parfois rattachées à de vraies compagnies. C'est le cas de BritAir et d'Air Transat tandis que d'autres continuent de vivre comme c'est le cas pour Air Lib.
Des compagnies pas si virtuelles que ça.
En effet, il arrive que les compagnies virtuelles rentrent en conflit avec les compagnies du monde réel. En 2003, la compagnie aérienne australienne Qantas est entrée en conflit avec une VA portant le même nom que sa filiale en cours de lancement Jetstar Airways.
Le géant australien lançant à coup de billets promotionnels sa nouvelle branche, il n'avait pas remarqué, ou pas voulu remarquer la VA du même nom. Cependant, c'est le site Internet de la VA qui fut trouvé par les clients de Qantas. Ceci générant une avalanche de demandes de réservations, de demandes d'emplois et autres démarchages, la VA décida de poursuivre Qantas en justice pour vol de son image de marque.
Si on ne connait pas les dessous de l'accord, Qantas n'eut pas à revoir son plan de développement concernant Jetstar puisque le site Internet et la compagnie (réelle) ont finalement volés. La morale de l'histoire reste que les VA peuvent réellement interférer avec les compagnies réelles. Pour éviter ce genre d'accrochages, les VA américaines ont parfois souhaité se démarquer des compagnies qu'elles simulent. A la création d'America West Virtual Airlines (AWVA), le souhait des administrateurs fut de se démarquer de la compagnie America.
Plus qu'un simple changement de nom, ils ont alors simulé la fusion entre cette compagnie et sa concurrente US Airways. Ceci vis-à-vis des synergies entre les deux flottes mais aussi pour rassembler une communauté plus grande d'utilisateurs. Fait amusant, un an après les deux compagnies fusionnaient elles-aussi sous l'égide de US Airways.
Si ces compagnies virtuelles sont surtout faites pour rassembler des communautés de passionnés, elles sont aussi une donnée à prendre en compte pour les compagnies réelles. Certaines comme United les reconnaissent et les entretiennent. D'autres comme Easy Jet refusent catégoriquement d'y être associé compte tenu du risque informationnel qui en découle.
Quoi de plus déplaisant en effet de voir sa VA faire faillite ou donner de mauvaises informations à des yeux non avertis dans le cas où le niveau d'exploitation des vols en VA seraient en chute libre alors que la vraie compagnie affiche des records ?