Alors que la crise avait déjà amené six compagnies intérieures russes vers un projet de fusion pour passer l’orage, Rossyia, KavMinVody, Vladivostokavia, Orenburg, Saratov et Sakhalin Airlines vont finalement abandonner ce projet pour intégrer la plus grande compagnie de Russie, Aeroflot. Ainsi, celle que l’on appelait déjà Russian Airlines ou Rosavia ne devrait plus voir le jour. Au contraire, Moscou qui souhaite restructurer son marché intérieur choisi la consolidation plutôt que la mise en concurrence. Rosavia devait initialement venir concurrencer Aeroflot qui détient seulement 15% du marché domestique. Au lieu de ça, c’est un géant de l’aviation qui se crée à partir de la compagnie internationale.
Après des années d’hésitation, le premier ministre russe Vladimir Poutine valide le projet de privatisation de ces six compagnies régionales au bord de la faillite. Elles intégreront donc dans l’année à venir le groupe Aeroflot une fois qu’elles auront été privatisées. L’Etat russe joue ainsi la carte de la privatisation se donnant ainsi plus de moyens pour réaliser ses ambitions dans le domaine aéronautique et spatial. Il faut dire que les projets font légion en Russie alors que le pays souffre comme beaucoup de la crise mondiale. Au départ, Rosavia devait appartenir à Russian Technologies pour 51% du capital et la municipalité de Moscou pour le solde. Moscou se désengage ainsi de ses compagnies régionales tout en leur assurant un avenir serein au sein d’un géant qui détient potentiellement 30 à 35% du marché domestique russe.
En plus de la volonté de Moscou de rendre son marché plus compétitif et surtout plus cohérent, le congloméra Russian Technologies qui devait être au centre de cette fusion fait aussi face à des difficultés économiques. Notamment face à la perte de vitesse de son constructeur automobile AvtoVAZ plus connu en France sous le nom de Lada, le congloméra n’a plus les moyens de toutes ses ambitions.
Avec cette mise en commun d’actifs, Aeroflot va renforcer ses activités régionales comme internationales. On pense notamment à un accès privilégié au hub de Saint-Pétersbourg actuellement entre les mains de Rossyia. Ce renversement de situation annule donc le projet de création d’une deuxième compagnie nationale. Fondé en 1923 à l'époque de l'Union soviétique, le transporteur Aeroflot a depuis été semi-privatisé. Il fait face à des centaines de concurrents assurant des liaisons régionales sur le territoire le plus vaste du monde. Certaines de ces compagnies sont restées dans le giron de l'Etat tandis que d'autres ont été privatisées. Beaucoup ont été obligées de mettre la clef sous la porte en raison de la crise du transport aérien. Dans ce contexte hyper concurrentiel et de crise, la centralisation des efforts ne semble pas une idée absurde.
Du côté occidental la création de ce géant pourrait amener pas mal de commandes chez Airbus ou Boeing. Les deux constructeurs avaient déjà étaient sollicités à l’époque de la création de Rosavia pour une commande de 65 avions monocouloirs. A l’époque, celle qui devait être la deuxième compagnie du pays visait une flotte de 120 appareils pour 120 millions de passagers transportés par an d’ici 2017. Les Russes souhaitaient alors obtenir des informations concrètes de la part des deux grands constructeurs avant de solliciter leurs propres avionneurs.
Michael Colaone.