Tout comme ses homologues du monde entier, la compagnie japonaise All Nippon Airways adopte une stratégie plutôt prudente face à la crise. Les temps sont déjà difficiles et le patron de la compagnie Mineo Yamamoto se serait bien passé d'être dans le flou concernant la livraison de ses prochains appareils. Aujourd'hui, Boeing annonce que son client inaugural, ANA ne recevra pas ses premiers exemplaires du B787 Dreamliner avant 2010. Le programme phare de Boeing affiche aujourd'hui au moins 2 ans de retard sur son planning initial.
Ce qui a particulièrement agacé Mr Yamamoto, Boeing n'a pas prévenu la compagnie cliente avant le reste du monde. C'est vrai que particulièrement dans la mentalité japonaise, ce genre d'impaire n'est pas
un bon point. Dans l'absolu, c'est vrai que Boeing et Airbus sont plutôt au coude à coude question reports de livraisons mais tout est aussi dans la forme. Le challenge dans ce genre de cas reste quand même de bien gérer son retard au niveau de ses clients. De plus, la nouvelle peut inquiéter du côté de chez Boeing. La nature des retards entre Airbus et le constructeur américain est bien différente. Si Airbus reconnait des problèmes au niveau de l'industrialisation de son programme A380, le programme phare de Boeing lui connait des problèmes dans la conception même de l'appareil. Le délai d'un an non négociable pour les essais en vol n'est pas encore entamé. Deux problèmes bien différents donc qui pourraient éventuellement tourner à l'avantage d'Airbus alors même que la grève des mécaniciens chez Boeing prend fin mais à elle aussi générée des retards. Ceci sans parler des répercutions financières "estimées par certains analystes financiers à 10 millions de dollars par jour, entre les indemnisations versées aux compagnies, les appareils loués ou les Boeing 767 vendus avec une remise de 70% en attendant le 787 et les surcoûts du programme." (LeFigaro).
Mauvaise nouvelle donc pour Boeing. Dans un premier temps, ANA a annoncée vouloir réduire de 20% ses investissements. Les commandes en cours ou visées par l'avionneur américain pourraient en pâlir. On peut envisager des reports voir des annulations de commandes. Dans un second temps Airbus pourrait bien gagner des parts de marché au Japon. En effet, ce pays est un client traditionnel de Boeing (Proximitée avec les Etats-Unis oblige) et n'a jamais passé de commande de grande ampleur chez le constructeur européen. La rumeur n'est plus à confirmer, la première compagnie japonaise pourrait bien passer commande de 5 très gros porteurs A380. Une commande emblématique pour Airbus et Boeing.