Le marché chinois fait toujours rêver chez Airbus alors que le constructeur continue de prendre de modestes parts de marché. Un de ses clients, China Eastern Airlines a finalement confirmé l'achat de vingt A320 après avoir annulé ou reporté ses commandes pour 2009. Si Boeing n'a pas terminé de vendre des avions aux compagnies chinoises, Airbus continue le pari de produire directement ses avions sur le territoire de la République populaire de Chine tout en formant la main d'œuvre locale et en apportant des moyens de production. S'il faut évidement bien mettre en évidence les énormes possibilités commerciales à court terme, la Chine ne cache pas vouloir s'approprier ces savoirs.
Airbus l'a désormais annoncé, une deuxième usine de construction est désormais en cour de construction dans le nord-est de la Chine. Non content de produire des A320 dans son usine de Tianjin, l'avionneur européen veut désormais produire des composants composites pour ce même type d'appareil mais également pour le futur long courrier A350 XWB. Baptisée Harbin Hafei Airbus Composite Manufacturing Centre Company, la coentreprise détenue à 20% par Airbus vise à satisfaire aux accords passés avec le gouvernement chinois stipulant que 5% de la fabrication de l'A350 serait pris en charge par des industriels chinois. Si l'on ne parle plus d'une gamme d'avions sur le retour, les matériaux composites sont au centre de la réalisation des appareils du futur.
Nous vous parlions il y a quelques jours du démêlé qui a actuellement lieu entre Bombardier et Mitsubishi, le parallèle peut être fait entre ces deux situations. Petit rappel : pendant des années, le constructeur japonais a joué son rôle de sous-traitant pour Bombardier. Apprenant au fil du temps, le Japon a maintenant décidé de donner un coup de fouet à son industrie aéronautique en lançant la production du Mitsubishi Regional Jet.
Aujourd'hui, Bombardier n'a pas d'autres choix que d'écarter le Japonais de ses lignes de production et ce, notamment en reprenant en charge la fabrication de composants critiques. Si Airbus fait aujourd'hui le choix de confier à une industrie chinoise aux dents longues la fabrication de composants ainsi que l'assemblage de d'appareils en série, ne peut-on pas raisonnablement craindre pour l'avenir de la concurrence chinoise ?
L'ARJ-21 n'est pour le gouvernement chinois qu'une première avancée (si vite venue) vers une industrie aéronautique chinoise puissante et indépendante. On ne reviendra pas une nouvelle fois sur l'aventure fatale de McDonnell Douglas dans les années 90. Dans d'autres industries, les entreprises européennes se sont vues parfois remerciées du jour au lendemain pour constater que les Chinois n'avaient plus besoin d'eux pour faire la même chose. Comment Airbus garantit le succès sur le long terme de ces opérations ?
Le premier A320 assemblé à Tianjin a donc été remis à son client Dragon Aviation Leasing à la fin du mois de juin de cette année. Premier Airbus assemblé hors d'Europe il est présenté comme le symbole de la stratégie d'expansion de la firme dans les pays émergeants. Un appareil produit avec des coûts de production supérieurs à ceux produits en Chine à cause des frais de formation. Une stratégie que l'on a parfois du mal à comprendre car elle ne semble pas avoir de vision sur le long terme. Le PDG d'Airbus, Thomas Enders prononçait alors cette phrase : "Cela démontre la détermination profonde d'Airbus à construire un avenir solide à l'industrie chinoise de l'aviation." Mais pourquoi ?