Hier après-midi, à 17h30 (heure de Paris), le 1 707ème lanceur de classe Soyouz a mis en orbite six satellites de téléphonie Globalstar de nouvelle génération.
Le lancement était commandé par la société française Arianespace, qui commercialise le Soyouz depuis février 1999. D'ailleurs, à cette époque, le premier vol commercial de la mythique fusée russe emportait six Globalstar de la première constellation ! Une vingtaine de missions ont été réalisées depuis, la dernière remontant à avril 2008.
Globalstar : un client de lancement pour Soyouz en Guyane
L'objectif de cette mainmise d'Arianespace sur Soyouz était à l'origine de sécuriser la fusée russe afin d'éviter que des investisseurs américains (Boeing en particulier) ne mettent la main dessus en attendant qu'elle soit lancée depuis le Centre Spatial Guyanais.
Ainsi quand, en septembre 2007, Globalstar avait commandé jusqu'à huit lancements de Soyouz pour mettre en orbite sa constellation de deuxième génération, elle pensait qu'ils allaient être réalisés depuis la Guyane à partir de l'été 2009.
Mais tout ne s'est pas passé aussi bien qu'escompté. Tout d'abord, Globalstar a connu d'importants problèmes de financements, ce qui a fortement ralenti la construction des satellites. Comme c'est la branche française de Thales Alenia Space qui en était responsable, et comme les lancements avaient été confiés à Arianespace, Globalstar était parvenu en juillet 2009 à obtenir un prêt de la COFACE, le fameux organisme français qui aide au financement des projets faisant tourner l'industrie nationale.
Mais même avec tout ce retard, Globalstar arrive encore trop tôt ! La construction du pas de tir Soyouz en Guyane a en effet pris un retard phénoménal, et le premier vol n'est plus programmé avant 2011.
Et comme le client est roi, même s'il est Américain et financé par la France, Arianespace n'a pas d'autre choix que de lancer les satellites aussi vite qu'elle le peut. Et c'est ainsi que le lanceur Soyouz-2 a décollé hier des steppes du Kazakhstan plutôt que de l'Amazonie française...
Quatre autres vols sont prévus, en février, avril et juin 2011. A ce moment, le pas de tir guyanais devrait être opérationnel, mais il sera trop tard...
En décembre 2006, Thales Alenia Space, qui s'appelait encore Alcatel Alenia Space, avait remporté le gros lot. Globalstar lui avait en effet confié la réalisation des 48 satellites de sa constellation Globalstar 2.0, un contrat d'une valeur de 661M€ !
C'est dire si l'entreprise cannoise, en juillet 2009, a été soulagée d'apprendre que la COFACE accordait un prêt à son client. Elle avait mis en sommeil la construction des satellites, qu'elle a ainsi pu relancer.
Le grand succès remporté avec Globalstar a par ailleurs donné une grande confiance chez les investisseurs, ce qui a notamment permis à Thales de remporter un contrat encore plus mirobolant : celui de la construction des satellites du concurrent historique de Globalstar : Iridium !