Arianespace vient de l'annoncer : c'est sur une Ariane 5 ECA que voleront les satellites de télécommunications russes Yamal-400 !
Yamal : des satellites au pays du gaz
Cette nouvelle est d'une importance capitale. Les satellites Yamal sont opérés par Gazprom Space Systems, filiale du géant gazier et unique concurrent de l'opérateur national russe.
Les deux premiers Yamal-100 ont été lancés en 1999, suivis par deux Yamal-200 en 2003. Deux autres satellites (Yamal-300) ont été annoncés il y a déjà plusieurs années, mais n'ont pas encore été mis en orbite.
Il y a très peu de temps, Gazprom a annoncé le développement d'une quatrième paire, évidemment baptisée Yamal-400.
Et Thales entre dans la partie
Les Russes, et c'est un paradoxe, ont bon savoir construire des satellites, ils sont très en retard dans le secteur de l'électronique de pointe, et s'ils veulent être performants dans le monde impitoyable des opérateurs télécoms, ils doivent faire appel aux compétences occidentales.
Au début des années 2000, c'est le groupe Français Alcatel Space qui a remporté le contrat pour la fabrication des charges utiles des Yamal. La plate-forme, quant à elle, était construite par la RKK Energuia, l'une des principales industries spatiales russes.
On le sait, Alcatel est par la suite devenu Thales Alenia Space. Au début de la semaine, le groupe a annoncé qu'il avait à nouveau été sélectionné pour les futurs Yamal-400. Mais cette fois-ci, pas uniquement pour les répéteurs : le groupe français développera les deux satellites de A à Z !
C'est une plate-forme Spacebus 4000 qui sera utilisée, bien plus performante que l'UKP d'Energuia qui équipait les précédents Yamal.
Le grand Chelem
Mais, malgré le succès de Thales, il semblait évident que les Yamal-400 seraient mis en orbite par des lanceurs nationaux Proton, comme ce fut le cas pour les autres séries. Il faut savoir que, sur plusieurs milliers de satellites russes, un seul n'a pas été lancé depuis la Mère Patrie ! C'était Bonum-1, en 1998, qui avait été confié à une Delta II de Boeing.
L'annonce surprise de la signature du contrat avec Arianespace est donc une grande nouvelle. Outre le fait qu'elle confirme l'attractivité du lanceur européen, elle montre que la Russie commence à s'ouvrir réellement et qu'elle joue le jeu de l'économie de marché.
C'est en revanche une bien mauvaise nouvelle pour Khrounitchev, le constructeur des Proton, qui voit s'envoler un contrat qui devait lui sembler naturellement acquis. Décidément, entre Soyouz et Yamal, les Guyanais risquent d'entendre de plus en plus parler russe autour d'eux !
A lire : dossier sur les satellites Yamal.