Quand on est une grande nation et que l'on souhaite se doter d'une aviation de combat performante, on a finalement que peu d'options. On peut soit se construire une industrie aéronautique propre avec toutes les difficultés que cela comporte. On peut racheter des appareils d'occasion à des puissances étrangères. Des appareils ayant déjà vécus et parfois en fin de parcours. Ou alors, pour les plus aisés on peut passer commande chez un des grands avionneurs. Seulement voila, il n'y a pas tant de choix que ça et le politique est souvent au cœur de la décision d'achat. Les grands pays leader qu'ils soient Européens ou Américains de par leur image et leurs choix politiques ouvrent eux-mêmes la place à des offres « alternatives ». Les Russes, les Suédois et bientôt les Chinois s'engouffrent aujourd'hui dans la brèche.
Nous avons déjà parlé sur Aeroplans des efforts faits par les Suédois ou par les Chinois pour se hisser au rang de grande puissance aéronautique mondiale. Aujourd'hui, c'est sur la Russie et son avionneur Sukhoi que nous allons braquer la lumière.
Nous partirons tout simplement des faits. Grand leader mondial, Lockheed Martin est depuis longtemps le grand favori des nations lorsqu'un achat se faire sentir. Supporté par son marché domestique, le constructeur américain a également bénéficié des efforts de la diplomatie des Etats-Unis pour vendre ses avions. Il en va de même pour Boeing mais compte tenu des choix politiques faits notamment par l'administration Bush, les pays étrangers cherchent d'autres alternatives à la suprématie américaine. Ces nations se sont alors tournées vers l'Europe. L'Eurofighter a de beaux jours devant lui mais l'appareil reste cher et ne bénéficie pas d'une volonté politique majeure si ce n'est l'image d'excellence de l'Europe technologique. Chengdu Aircraft, le chinois semble bien parti pour devenir le quatrième acteur de ce marché dans les années à venir même si, pour le moment il satisfera surtout le marché intérieur de la Chine, un marché énorme.
Et c'est ici que Sukhoi entend bien tirer sa carte du jeu. Puisque certaines nations souffrent des choix faits par les puissances américaines, européennes ou chinoises, les russes adoptent un principe de « business avant tout », sans forcément interférer avec la souveraineté nationale de son client. Alors que les Européens vont refuser de vendre des avions à des puissances ne respectant pas les droits de l'homme, là où les Etats-Unis refuseront de traiter avec des ennemis de leurs alliés, là où les Chinois n'auront aucun point d'appui, les Russes négocieront la vente de leurs Sukhoi. Et c'est ainsi que d'ici 2012, le constructeur russe pourrait bien s'attribuer 12%, ou plus du marché mondial des jets de combat.
Il est inutile de préciser que le constructeur russe est avidement soutenu par le Kremlin qui voit en ce succès de son industrie aéronautique un formidable vecteur de puissance. Le président Medvedev ne cache pas que la Russie a fait de l'industrie aéronautique et spatiale une priorité pour le développement du pays. De plus, des marchés sont biaisés par l'histoire de la Russie. En effet, les anciennes sphères d'influence de l'ex-Union Soviétique sont des marchés difficiles à obtenir pour les occidentaux même s'ils sont petits. L'influence russe par exemple en Inde où se jouera un des plus gros contrats à venir n'est pas à rappeler. Et bien-sûr, le Kremlin a bien compris que vendre des avions à des pays sortant notamment d'une période d'embargo sur les armes permet de nouer des alliances privilégiées.
Bientôt : D'autres articles sur le constructeur russe.